CHAMPIONNATS DU MONDE INDOOR À GLASGOW (1-3 MARS) – Ils sont quatre Luxembourgeois à avoir décroché leur billet pour l’Écosse. Et ça commence aujourd’hui !
La saison indoor s’achève ce week-end avec le plus grand événement de l’année : les championnats du monde. C’est à Glasgow qu’on retrouvera donc pas moins de quatre athlètes luxembourgeois.
Il auraient même pu être cinq si Charel Grethen n’avait pas décidé très tôt de ne pas se rendre en Écosse. Cinq aux Europe à Istanbul l’an passé, quatre aux Monde, l’athlétisme luxembourgeois se porte bien. Merci pour lui.
Sur les deux jours – voire trois si tout se passe bien – de compétition, on verra successivement à l’œuvre Vera Hoffmann, Bob Bertemes, Patrizia Van der Weken et François Grailet. Deux se sont qualifiés en réalisant la norme, Patrizia van der Weken sur 60 m et Bob Bertemes au poids.
Respectivement huitième et sixième meilleurs performeurs mondiaux de la saison (7“09 et 21,71 m), les deux peuvent viser une finale. Pour la sprinteuse, en lice demain, il faudra franchir les séries, ce qui devrait être une formalité, et ensuite prendre l’une des deux premières places ou faire l’un des deux meilleurs chronos en demi-finale.
Le colosse de Mannheim aura, lui, trois essais pour faire partie des huit finalistes qui auront le droit à trois nouvelles tentatives. Tout se déroule ce soir.
Avant lui, on aura vu à l’œuvre Vera Hoffmann. Même si elle n’était que 33e, elle a finalement été repêchée pour faire partie des 30 participantes au 1 500 m. Auteur d’une saison en deçà de ses capacités, elle a bien l’intention de montrer sa vraie valeur.
D’ailleurs, son sublime 800 m aux championnats nationaux lui a redonné du baume au cœur. La finale, qui se déroule dimanche soir à 22 h 45, sera toutefois très compliquée à aller chercher. Seules les trois premières des quatre séries décrocheront leur billet.
Samedi, on verra également en action François Grailet. Le hurdleur, qui n’a pas vécu le meilleur hiver, a été repêché à la surprise générale et vivra ses tout premiers grands championnats individuels. Une belle récompense pour celui qui avait raté la qualif pour Belgrade, il y a deux ans, pour… un centième.
Une dernière sortie à soigner pour Bob Bertemes
À 30 ans, le garçon n’est plus un perdreau de l’année. Et pourtant, il ne s’agira «que» de ses troisième mondiaux en salle.
Déjà qualifié avant l’ouverture de la saison grâce à ses 21,93 m des championnats indoor 2023, Bob Bertemes, qui remisera son poids au placard à l’issue des JO, a tout de suite mis les points sur les i en remportant le CMCM avec un fantastique 21,71 m, à l’époque meilleure performance de la saison (6e aujourd’hui), synonyme de qualif pour Paris.
En Écosse, le colosse de Mannheim ne devrait pas avoir de mal à faire mieux que lors de ses deux premières apparitions sur cette compétition (13e à Belgrade-2022 avec 20,10 m et 15e à Portland-2016 avec 19,48 m).
On peut donc être raisonnablement optimiste sachant que, cette saison, sa moins bonne performance est de 20,62 m. La dernière fois qu’il était allé à Glasgow, il avait pris la cinquième place des championnats d’Europe 2019 (20,70 m). Soit le même rang que l’an passé, à Istanbul (21,00 m).
Fidèle à son habitude, il aborde ce rendez-vous très détaché. Et sa perf du CMCM n’est pas du genre à lui mettre la pression. Au contraire : «J’ai fait une belle saison en salle, hormis une compétition, mais on a réussi à rectifier le tir par après. Ça me donne de la confiance. Si je lance d’une manière plus ou moins correcte, il y a moyen de faire quelque chose de pas mal.»
Même si Glasgow n’est clairement pas le but de l’année : «Le grand objectif, c’est Paris. Lancer bien ou pas bien en hiver, finalement, ce n’est pas vraiment le plus important.»
Pour Bob Bertemes, tout va aller très vite. En effet, contrairement à la plupart des grands championnats, tout se joue sur une seule journée. Un seul concours. Tout le monde a trois essais pour faire partie des huit finalistes. Rendez-vous ce vendredi!
Poids (vendredi) : 21 h 20
La finale dans le viseur pour Patrizia Van Der Weken
Elle sera forcément la Luxembourgeoise la plus attendue. Et pour cause, après une année 2023 exceptionnelle, Patrizia Van der Weken est repartie sur des bases aussi élevées en 2024. Dès sa rentrée, au Regio Meeting 3, elle avait battu son record national (7“21), sur lequel elle avait buté l’an passé avec 7“17.
Avant d’exploser le chrono en finale du CMCM avec un superbe 7“09, alors meilleure performance mondiale de la saison (8e actuellement) : «L’an dernier, j’avais été régulière, mais il me manquait une performance de pointe. Cette fois, je l’ai», sourit-elle.
Même si elle n’est plus allée aussi vite par la suite, elle a été régulière sous les 7“20 : «Pratiquement toutes mes courses étaient inférieures à mon ancien record.» Avec, entre autres, une victoire à Paris et une deuxième place à Torun, derrière l’intouchable Polonaise Ewa Swoboda, deuxième meilleure performeuse mondiale de la saison (7“01).
Bien qu’elle ne se considère pas comme une pure spécialiste du 60 m, Patrizia Van der Weken, demi-finaliste à Belgrade il y a deux ans et à Istanbul l’an passé, affiche clairement ses ambitions : elle vient à Glasgow pour aller chercher une finale.
Pour y parvenir, il lui faudra enchaîner trois courses en une journée : «Ça m’arrange. Généralement je cours bien le matin. Je préfère enchaîner tout le même jour. Il faudra bien tout planifier.» Et d’ajouter : «Il va falloir courir vite dès les séries, histoire d’avoir un bon couloir pour ma demie. Et après, on verra comment ça se joue.»
Elle débarque en Écosse relativement fraîche : «Je n’ai pas accumulé trop de fatigue. On n’a pas fait de déplacement avec du jetlag.» Et quand on lui demande si elle devait choisir entre la finale ou un record, la réponse fuse : «La finale. Un chrono, je pourrai toujours le faire plus tard. Une place en finale, ça reste pour toujours. Et puis, j’ai déjà fait un bon chrono!»
60 m (samedi) : série à 12 h 20, demi-finale à 20 h 45, finale à 22 h 45
L’heure de la revanche pour François Grailet
Il ne s’attendait vraiment pas à être là. Il faut dire qu’après une saison en salle décevante, le hurdleur François Grailet était, sur le papier en tout cas, très loin des 48 qualifiés pour cet événement.
Mais au fil des désistements, il a obtenu son billet : «C’est vrai que j’étais très loin. Mais une fois qu’on ne prend que trois athlètes par pays, je devais me retrouver aux alentours de la 80e place. Beaucoup de pays n’envoient pas leurs athlètes, certains ne font pas de saison en salle pour privilégier les JO. Tout cela fait que les organisateurs ont dû repêcher plus loin. Comme des gars dans les 80.» Et c’est sans complexe qu’il va se présenter dans les starts, demain.
Pour ce qui sera un peu une revanche sur le sort. En effet, il y a deux ans, il avait raté la qualif pour les Mondiaux de Belgrade pour… un centième : «J’avais fait des pelletées de courses sous les 7« 80, il fallait faire 7« 72 (NDLR : toujours le record national) et j’avais fait 7″73. Ça m’était resté en travers de la gorge», se remémore-t-il.
Et d’ajouter : «Il y avait eu aussi une autre déception avec les championnats d’Europe. Avant, leurs minima étaient toujours aux alentours de 13″90. Et pile l’année où je cours 13″88, ils les font passer à 13″55. J’avais un peu la désagréable sensation que je courais après un truc plus rapide que moi.»
Pour sa grande première dans un championnat du monde, le médecin, en quatrième année d’internat, sera très motivé. Mais réaliste quant à ce qu’il peut faire : «Ce sont mes premiers grands championnats. On verra comment je gère l’expérience. Je vais y aller tout à fait décomplexé. Profiter à fond du truc. C’est la meilleure approche. Après, je sais que je ne suis pas dans une grande forme. Je vais essayer de terminer le moins loin possible des derniers. Si je peux aller chercher un season best (NDLR : 7″94) et idéalement courir sous les 7″90, ce serait sympa.»
En revanche, une demi-finale paraît hors de portée : «Il faudra sûrement faire 7« 70…»
60 m haies (samedi) : 11 h 10 série, 20 h 10 demi-finale, 22 h 30 finale
Une première très attendue pour Vera Hoffmann
Les hivers se suivent et ne se ressemblent pas pour Vera Hoffmann. Éblouissante l’an passé, la mileuse luxembourgeoise était plus à la peine lors de cette saison indoor. Après un stage en Afrique du Sud, elle avait effectué sa rentrée improvisée à la dernière minute dans un meeting Gold à Astana, où elle n’a pas vraiment pu s’exprimer.
Par la suite, elle est tombée malade, ce qui l’a empêchée de performer dans les deux meetings suivants, à Miramas comme à Lyon.
Mais elle a repris un peu de confiance lors des championnats nationaux, où elle a réussi à suivre presque jusqu’au bout Charline Mathias lors de sa course record sur 800 m avec un superbe 2’03″04, nouveau record personnel : «J’étais très contente de cette course. Je n’aurais jamais pensé pouvoir réaliser un tel chrono. Ça donne confiance.»
Sur liste d’attente avec le 33e rang pour 30 qualifiées, Vera Hoffmann a su, dès le mercredi suivant les championnats nationaux, qu’elle était bien retenue pour Glasgow : «Ce sont mes tout premiers championnats du monde indoor. Je suis très contente d’avoir la chance d’y participer.»
Consciente que la tâche sera compliquée, elle ne s’interdit rien : «Ce sera très très dur d’avancer en finale. Mais mon 800 m a montré que je vaux largement mieux que 4’15« (NDLR : son meilleur temps de la saison). Ce serait très important d’aller en finale et de faire un bon chrono.»
Ce serait le package idéal pour lui permettre d’être invitée dans les plus grandes courses en plein air. Celles où il y a le plus de points à prendre pour grimper au ranking. Plus l’épreuve est prestigieuse et plus il y a de points à la clef.
Dans ces Mondiaux, outre les chronos, les 12 premières bénéficieront de points bonus. Être dans les 12, ça veut dire finale. Donc, terminer dans les trois premières de sa série. Vous avez dit gros défi? Ça tombe bien, Vera Hoffmann adore les relever!
1 500 m : ce soir 20 h 05 (séries), dimanche 22 h 45 (finale)