CHAMPIONNATS DU MONDE À TOKYO Ruben Querinjean s’est classé 10e de sa toute première finale mondiale, lundi, sur le 3 000 m steeple. À n’en pas douter, une expérience précieuse pour la suite !
Pour Ruben Querinjean, les championnats du monde étaient d’ores et déjà réussis. En effet, le Luxembourgeois avait accompli sa mission et atteint l’objectif qu’il s’était fixé en début de saison : se qualifier pour la finale mondiale du 3 000 m steeple. Avec cette brillante qualif en poche, dès samedi, à l’occasion des séries, à l’issue d’une course où il a fait preuve d’une grande maîtrise, l’athlète grand-ducal n’avait rien à perdre pour la finale, hier : «Je vais tout donner. C’est all out!», confiait-il en évoquant cette échéance.
Hier, sur le coup de 21 h 55, heure nippone et 14 h 55 au Luxembourg, Ruben Querinjean s’est donc élancé pour la plus prestigieuse course de son encore toute jeune carrière. Alors que le patron de la discipline, le Marocain Soufiane el-Bakkali, double champion olympique et double champion du monde, faisait une course d’attente, positionné en dernière position dans une course partie très lentement, le steepleur luxembourgeois était lui dans le paquet, aux alentours de la dixième position.
La situation n’évoluera pas pendant de nombreux tours et il faudra attendre les trois derniers tours pour que la course se décante un peu sous l’impulsion de l’Américain Daniel Michalski, qui tente un coup de poker en plaçant une très grosse accélération. Le peloton s’étire et le rythme augmente considérablement. Toujours autour de la dixième place, Ruben Querinjean produit ensuite son effort à la cloche indiquant le dernier tour. Mais alors qu’il semblait remonter quelques places, il rétrograde ensuite, en raison, visiblement, de quelques difficultés au moment du franchissement des haies : «Je n’avais plus assez de forces dans les jambes», comme il l’explique (voir ci-contre).
«Quand tu te retrouves en finale, tu te mets à rêver»
La course est remportée par le surprenant Néo-Zélandais Georgie Beamish (8’33″88), qui est venu souffler la victoire à un Soufiane el-Bakkali (8’33« 95) qui est resté de longues minutes à terre. Prostré. Incrédule d’avoir échoué. Le podium est complété par le Kényan Edmund Serem (8’34« 56).
De son côté, pour sa toute première finale mondiale, Ruben Querinjean se classe à une très prometteuse dixième place (8’37« 49).
Son entraîneur, Thomas Vandormael avoue qu’il s’était pris à rêver : «Pour tout dire, quand on s’est levés ce matin, on a un peu cru à la médaille. Quand tu te retrouves en finale, tu te mets à rêver un peu. C’était un peu trop fort devant. Mais il s’est mis en position d’aller chercher une médaille dans le dernier tour. Ce n’est pas passé, cet effort lui coûte peut-être deux ou trois places. Mais au moins il a tenté, ce qui n’est pas le cas de la plupart des autres Européens. Et ça lui a donné un max d’expérience pour le futur. Il a senti ce que c’était une finale mondiale. Et lui et moi, ça nous permet de voir ce qu’il manque encore. C’était une expérience géniale, l’ambiance dans le stade était hallucinante. Je n’ai jamais entendu cela. J’avais dit à Ruben, tu termines 16e c’est comme cela, 14e, c’est déjà chouette. Et 10e, on commence à faire la fête.»
Et de conclure : «On voyait les Mondiaux comme une belle expérience avec l’idée de passer en finale. Maintenant, on voit les choses différemment. Il y a clairement eu un avant et un après Diamond League. Il termine 10e, ça laisse un peu d’espace. On voit qu’il y a des petites choses à améliorer. On sait qu’on doit bosser là-dessus.»
Petite anecdote, Ruben Querinjean, qui s’est beaucoup entraîné à Font-Romeu avec Jimmy Gressier, nouveau champion du monde du 10 000 m, a reçu les encouragements de ce dernier : «Si moi je l’ai fait, tu peux le faire. Souviens-toi de cette séance là où je n’ai pas pu te rattraper à la fin…» Ça n’est pas passé cette fois. Mais quelque chose nous dit qu’on va vite revoir Ruben Querinjean sur les plus grands rendez-vous internationaux!
Le classement
1. Geordie Beamish (NZL) 8’33″88; 2. Soufiane El Bakkali (MAR) 8’33″95; 3. Edmund Serem (KEN) 8’34″56; 4. Samuel Firewu (ETH) 8’34″68; 5. Salaheddine Ben Yazide (MAR) 8’35″16; 6. Lamecha Girma (ETH) 8’35″60; 7. Nicolas-Marie Daru (FRA) 8’35″77; 8. Ryuji Miura (JAP) 8’35″90; 9. Daniel Michalski (USA) 8’37″12; 10. Ruben Querinjean (LUX) 8’37″49; 11. Ahmed Jaziri (TUN) 8’38″30; 12. Frederic Ruppert (ALL) 8’39″83; 13. Jean-Simon Desgagnés (CAN) 8’39″96; 14. Getnet Wale (ETH) 8’41″23; 15. Niklas Buchholz (ALL) 8’42″81.