DIAMOND LEAGUE, CE SOIR À BRUXELLES Patrizia Van der Weken est en mission, ce soir au Van Damme. Son bu t? se qualifier, comme l’an passé, pour la finale de la Diamond League. Tout sauf simple.
Record national (11“00), quatrième aux Europe, demi-finaliste olympique, finaliste de la Diamond League dont elle a remporté une étape l’an passé, Patrizia Van der Weken a vécu une saison tout simplement incroyable. Laquelle succédait à une autre où elle avait déjà brillé de mille feux, décrochant notamment son billet pour les JO dès l’ouverture de la période de qualification. Et que dire de cet hiver? Une saison en salle quasi parfaite auréolée des deux premières médailles mondiale et européenne pour l’athlétisme luxembourgeois féminin!
Seulement depuis, c’est malheureusement un peu plus compliqué pour la sprinteuse ettelbruckoise. Qui a d’abord dû récupérer non seulement physiquement, mais bien sûr également mentalement : «La saison en salle était longue. Compliquée. Beaucoup d’émotions. De fatigue. Après je suis tombée malade, ça n’aide pas», résume la principale intéressée.
Effectivement. Certes, il y a eu cette première étape de la Diamond League à Doha, où elle prend une belle cinquième place en 11“05, un très bon chrono. Mais la suite sera moins enthousiasmante avec des chronos plus en retrait. Bien sûr, les conditions météo n’ont pas souvent été au rendez-vous et même quand elle est partie en altitude à Sestrières, le vent s’en est mêlé.
Une compétitrice redoutable
Mais ce n’est pas la seule raison, comme le reconnaît son entraîneur : «Depuis quatre mois, Patrizia connaît quelques difficultés physiques qui ne s’améliorent pas vraiment. Nous avons beaucoup adapté, le médical suit également, mais les dernières saisons ont été très chargées. Il vaut mieux continuer à ajuster jusqu’à Tokyo et réagir en fonction du feedback du corps», confie le technicien, évoquant des problèmes de périostite en mai/juin et de multiples tendinopathies.
Au moment des championnats nationaux à l’INS, eux-mêmes disputés dans des conditions météo dantesques avec presque une tempête une demi-heure avant l’entrée en lice des athlètes, la meilleure sprinteuse luxembourgeoise de l’histoire évoquait notamment ses problèmes de tendon d’Achille : «Ça m’embête un peu. Si je gère la douleur, ça va. Mais c’est vrai que mon corps n’est pas toujours coopératif cette année.»
La jeune femme n’en reste pas moins une compétitrice redoutable. Elle sait serrer les dents et aller au-delà de la douleur. Si bien qu’elle a réussi à plutôt bien tirer son épingle du jeu à chacune de ses sorties en Diamond League. Elle a pris la 4e place à Oslo et la 6e à Stockholm. Au point que, avant l’ultime manche avant les finales, la Luxembourgeoise pointe au 9e rang… sachant qu’elles seront huit à avoir le droit de s’affronter jeudi prochain à la grande finale, qui se déroule cette année à Zurich. Le premier gros objectif de cette fin de saison avec, bien sûr, en point d’orgue, les Mondiaux de Tokyo qui se rapprochent à grande vitesse.
Un top 5 pour être sûre d’aller en finale
Dès les championnats, l’athlète et son entraîneur avaient affiché la couleur : «À Bruxelles, ce n’est pas le temps qui compte. Mais la place.» En effet, seule la position dans la course est prise en compte pour attribuer des points. Bien sûr, pour prendre une bonne place, il faudra aller vite. Très vite. Surtout quand on voit la liste des participantes.
On y retrouvera ainsi la légende jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce, la fusée américaine Melissa Jefferson-Wooden, incontestable leader de la discipline cette saison avec un époustouflant 10“65, sa compatriote Maia McCoy, qui a abaissé sa marque à 10“96 cette saison, sans oublier la troisième de la bande US, une certaine Sha’Carri Richardson qui, même si elle traverse une période personnelle un peu compliquée et n’est pas allée plus vite que 11“05 cette saison, a néanmoins un record personnel de 10“65. On y ajoute une Nigériane inconnue qui a sorti de son chapeau un hallucinant 10“87, la Britannique Daryll Neita qui a couru en 11“00 cette saison et les deux Belges Delphine Nkansa et Rani Rosius et on obtient une sacrée brochette.
Pour être sûre d’aller à Zurich, Patrizia Van der Weken doit donc prendre des points. Quand on regarde le classement, la huitième, la Jamaïcaine Tia Clayton, absente à Bruxelles, est à trois points devant. Mais comme cette dernière est allée beaucoup plus vite que la Luxembourgeoise (elle a remporté le meeting de Chorzow en 10“82) et que c’est ce qui compte en cas d’égalité, l’athlète grand-ducale devra au moins prendre quatre points. Ce qui correspond à une cinquième place.
«On ne va pas là-bas pour participer»
Ce soir, 20 h 45, Patrizia Van der Weken n’aura qu’une obsession : réaliser un top 5. Même si ça paraît compliqué sur le papier, c’est loin d’être impossible, comme le rappelle Arnaud Starck : «Faire un top 5, c’est très chaud. On sait que Jefferson-Wooden sera devant. Mais Patrizia a battu Neita en début d’année, elle était dans le même centième que Shelly-Ann à Doha, elle a battu McCoy cette année et elle était devant Richardson l’an dernier à Bruxelles (NDLR : lors de la finale de la Diamond League). C’est très fort. Mais ce n’est pas insurmontable!»
On peut s’attendre à voir la Luxembourgeoise donner tout ce qu’elle a pour s’offrir une belle sortie face à certaines des toutes meilleures au monde. Alors que son corps semble la laisser enfin un peu tranquille, les entraînements sont plutôt prometteurs : «Elle a de beaux indices de performance et des signes positifs pour la suite», analyse encore Arnaud Starck. Qui conclut : «On ne va pas là-bas pour participer ou faire les touristes.» On l’aura compris.