Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Charline Mathias a réussi une nouvelle performance de très haut niveau en remportant le championnat national du 800 m en 2’00″68, son deuxième meilleur temps en carrière, samedi à l’INS. Elle doit désormais patienter pour savoir si ça suffit pour aller à Paris.
Au lendemain de la performance magistrale de Ruben Querinjean, qui a pulvérisé le record national du 3 000 m steeple pour le porter à 8’18″82 et avoir un réel espoir que ça passe pour la qualification olympique, c’était, samedi, au tour de Charline Mathias de tenter son va-tout, sur 800 m. La spécialiste du 800 m est dans la meilleure forme de sa vie, alors qu’elle vient de fêter ses 32 ans. Et avant ces championnats, elle pointe au 47e rang sur les 48 qualifiées pour les JO… tout en sachant que normalement, les trois dernières places sont réservées pour des places d’universalité, à savoir pour des athlètes d’un tout autre niveau. En clair, pour être assurée d’aller à Paris, elle avait besoin de remonter jusqu’au moins au 45e rang.
Pour mettre un maximum de chances de son côté, elle devait non seulement gagner, ce qui assure automatiquement 100 pts, soit autant que pour une victoire en meeting silver mais également réaliser un énorme chrono, histoire d’avoir des points en bonus. Et pour réaliser une grosse perf, il vaut mieux faire appel à un lièvre. Une opération très compliquée puisque celle qui l’avait mise sur les bons rails aux championnats indoor participe aux championnats de Pologne, une Suédoise qui avait été approchée s’est finalement désistée à la demande de son coach suisse, car Charline Mathias est une rivale d’une Suissesse. Bref, ce fut très compliqué. Finalement, elle a trouvé une solution avec une Sudafricaine inexpérimentée, qui avait fait le lièvre seulement une fois.
Et malheureusement, on ne peut pas dire que l’apport de Lente Uys lui aura été profitable. En effet, elle n’a franchi la ligne d’arrivée au premier tour qu’après plus d’1’00 » d’effort et elle a carrément retardé Charline Mathias en ne s’écartant pas suffisamment vite à l’entame du dernier tour. Résultat, la Luxembourgeoise a dû sortir un énorme dernier tour. Encouragée à tout rompre par une foule très nombreuse, elle donne tout ce qu’elle a et franchit la ligne en 2’00″68. Un super chrono. Tout simplement son deuxième meilleur en carrière, derrière son record national (2’00″35), qui date de 2018 : «À chaque fois, il me manque un petit quelque chose pour battre ce record. Je fais quand même mon deuxième meilleur chrono en courant pratiquement toute seule. La lièvre n’était pas assez rapide. J’ai dû accélérer dans le deuxième. Mais je n’ai pas abandonné. Je me suis arrachée sur le deuxième tour. J’ai encore montré que j’étais en bonne forme.»
Désormais, elle n’a pas d’autre choix que d’attendre : «J’ai fait tout ce que je pouvais faire. Maintenant, je ne peux plus rien influencer. Je vais attendre le 2 pour savoir si ça passe. Mais je tiens à dire que c’est un système qui est très stressant. Tous les athlètes avec qui j’en parle sont d’accord. Le sport de haut niveau est quelque chose de mentalement très prenant. Et là, on rajoute volontaire une couche supplémentaire qui n’est pas forcément nécessaire. Il faut faire avec.» Elle va désormais s’accorder deux ou trois jours de break pour souffler, surtout mentalement. Avant de savoir si sa performance, son troisième chrono de la saison sous les 2’01 » tout de même, suffira pour retrouver les JO, huit ans après Rio. La fin de l’attente est pour bientôt.
Van der Weken déroule
Outre Charline Mathias, d’autres ténors de l’athlé luxembourgeois étaient en lice à l’occasion de cette deuxième journée. Et notamment les deux seuls qui ont déjà leur billet pour Paris. Ainsi, au poids, Bob Bertemes s’impose avec un meilleur jet mesuré à 20,66 m alors qu’un autre essai, bien plus loin a été jugé mordu alors que ce n’était pas vraiment évident.
Quant à Patrizia van der Weken, alors que son coach Arnaud Starck lui avait demandé d’y aller tranquillement en série, même en ralentissant un peu sur la fin, elle a claqué un énorme 11″09. En finale, avec cette fois la concurrence de la Néo-zélandaise Zoe Hobbs, elle aussi qualifiée pour Paris après avoir couru 10″96 l’an passé à La Chaux-de-Fonds, elle parvient à l’emporter en 11″08, malgré un départ qu’elle a elle même jugé «moyen.»
Son interminable journée n’était pas tout à fait terminée. En effet, après avoir un temps hésité, elle a choisi de s’aligner au départ du 200 m. Elle l’emporte, sans forcer en 23″23, tout près de son record national (23″19). Du travail bien fait.
Ce dimanche, ce sera au tour de Vera Hoffmann et Charel Grethen de faire leur apparition sur la piste bleue de l’INS pour, eux aussi, tenter d’aller chercher leur billet pour Paris, sur 1 500 m.
Romain Haas
