Bob Bertemes a participé à une petite compétition samedi. L’occasion pour le colosse de Belvaux de mettre en pratique ce qu’il a travaillé ces derniers mois… où il pouvait.
C’est dans le cadre un peu champêtre de Hassloch, à une trentaine de kilomètres de Mannheim, que Bob Bertemes a regoûté, samedi dernier, à un semblant de compétition. Il a en effet participé à un petit concours organisé spécialement pour lui et quelques lanceurs du centre d’entraînement de Mannheim, l’occasion de retrouver quelques sensations.
Au-delà de sa victoire avec un jet à 21,21 m, le sportif d’élite de l’armée voit surtout le bout du tunnel. Et une forme de retour progressif à la normale.
En effet, depuis le début de la pandémie, le lanceur de poids a dû multiplier les ingéniosités pour continuer à s’entraîner comme il le pouvait : «Avec mon entraîneur, on s’est réunis et il m’a dit que l’objectif c’était de perdre le moins possible. On ne pouvait rien gagner, mais au moins essayer de ne pas trop perdre. Et de ne pas se blesser.»
Comme son centre d’entraînement de Mannheim a rapidement fermé ses portes, il a donc fait avec les moyens du bord. Notamment en se rendant dans le… garage de son coach, Khalid Alqawati, pour bosser en musculation.
Mais s’il a pu soulever de la fonte, et même prendre un peu de muscle, ça ne remplace pas le travail dans un stade, sur un vrai cercle. Avec un poids.
Un garage, un champ, avant un stade
Alors, il a trouvé une autre solution provisoire : «Le père de ma copine a un champ qui lui appartient. On pouvait s’y rendre et lancer un peu. À l’époque, personne n’avait le droit d’aller dehors, on ne croisait donc pas grand monde. Mais quand ça arrivait, qu’on voyait un vélo ou une voiture, on se dépêchait de tout cacher pour ne pas avoir d’ennuis.»
En plus des séances dans le garage, il a donc pu s’oxygéner en pleine nature. Il en a même profité pour rapporter un medecine ball, inutilisable dans le garage : «Il n’y a pas assez de place !».
Et en plus de faire du lancer de poids et de travailler avec ce ballon un peu spécial, il a également profité de ce terrain inespéré pour travailler sa vitesse : «J’ai fait quelques sprints. Mais ce n’est pas une vraie piste, c’est du macadam sur lequel passent habituellement des tracteurs, alors il faut faire attention et ne pas en abuser.»
«Même si on ne bouge que deux fois par semaine, c’est toujours mieux que rien, c’est ce qu’explique Khalid», précise encore le lanceur de Belvaux.
Cette situation a duré plusieurs semaines. Avant qu’une autre solution ne soit trouvée. En effet, le champ ça peut suffire pour lancer le poids. En revanche, ça n’est pas suffisant pour les spécialistes du marteau, qui font partie du même centre d’entraînement que Bob Bertemes.
C’est alors que l’entraîneur du colosse grand-ducal a écrit à un collègue de Hassloch, à une trentaine de kilomètres de là pour lui demander l’autorisation d’utiliser ses installations à raison de deux fois par semaine : «Il a répondu qu’il n’y avait pas de problème et qu’il pouvait même venir avec moi», explique-t-il. C’est ainsi que pendant trois semaines, jusqu’à début juin et la réouverture du centre d’entraînement, Bob Bertemes, son coach et ses collègues du marteau ont pu s’entraîner dans de bonnes conditions et dans un vrai stade.
Pas facile de bouger 130 kg
C’est tout naturellement qu’ils ont alors proposé à l’entraîneur qui leur a ouvert les portes d’organiser une petite compétition : «On voulait le remercier de sa gentillesse et signer un nouveau record du stade», sourit-il. D’où le concours de samedi. Avec un résultat satisfaisant, acquis au sixième et dernier essai : «J’ai commencé par 20,70 m, puis 20,24 m, ensuite 21,03 m, ensuite mordu, encore 20,70 m puis 21,21 m.» Et d’ajouter : «Le côté positif, c’est que je suis constant à 20,70 m. Mais 21 m, c’est obligatoire si tu veux pouvoir être compétitif dans cette discipline. Si je n’atteins pas 21 m, ce n’est pas normal», précise celui qui a porté son record national à… 22,22 m l’an passé.
En résumé, il s’agit d’un bon début. Même si tout est encore loin d’être parfait : «J’ai fait un peu trop de muscu. Je suis plus lourd qu’avant. Je fais 130 kg et la prochaine étape, c’est d’arriver à bouger ce poids et d’être explosif !» Avant de savoir quand il pourra retrouver les meilleurs mondiaux pour les affronter, Bob Bertemes va continuer de faire des compétitions de moindre envergure. La prochaine sera du côté de Hessen, samedi.
Romain Haas