Face au béton, matière quasiment incontournable dans le secteur de la construction, ArcelorMittal milite pour mettre l’acier au cœur des constructions de demain.
Mardi soir, à la Chambre de commerce, ArcelorMittal a présenté son concept «Steligence», un nouvelle approche dans le secteur de la construction permettant à l’acier d’être plus d’attrayant qu’auparavant, devant un parterre d’architectes et d’ingénieurs exerçant au Luxembourg.
Mais avant de parler de «Steligence», il faut s’arrêter sur un paradoxe luxembourgeois. Celui d’être un pays sidérurgique et d’avoir la grande majorité de ses constructions en béton. «Il y a bien quelques exemples de bâtiments en acier comme la Chambre de commerce, le cœur de la Cour de justice de l’Union européenne ou encore le grand bâtiment rouge à Belval qui abrite aujourd’hui la banque RBC», explique Michel Wurth, le président de la Chambre de commerce et président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg. Mais finalement, on a peu construit en acier au Luxembourg. Même l’ancien siège de l’ARBED n’est pas en acier, malgré la volonté de la direction de l’époque, qui a dû se plier à une décision des politiques de l’époque.»
Des skylines luxembourgeoises
Une situation encore plus étrange quand on sait que l’usine ArcelorMittal de Differdange est le site qui produit la plus large palette de poutrelles du monde, ce qui en fait une référence internationale pour ses produits en acier. Idem pour l’usine de Belval et sa production de palplanches. «Si vous regardez la skyline de New York, la très grande majorité des bâtiments, sauf la Trump Tower, ont été construits avec des poutrelles de Differdange. Le même constat peut être fait à San Francisco et à Shanghai», rappelle Michel Wurth pour illustrer l’importance des usines luxembourgeoises dans le monde de la construction.
Alors comment expliquer ce manque d’engouement pour l’acier dans le secteur de la construction? Michel Wurth tente d’y répondre avec un certain pragmatisme : «Il faut dire qu’historiquement au Luxembourg nous n’avons jamais construit en hauteur et les constructions au Grand-Duché se sont très souvent faites sur une base traditionnelle.»
Pour autant, ArcelorMittal ne veut pas se limiter au traditionnel et au pragmatisme. Le géant de l’acier a donc réfléchi sur la manière de mettre l’acier au cœur de la construction ici en Europe où les bâtiments ne sont pas systématiquement des gratte-ciels comme à New York ou Shanghai.
Optimiser la construction
Ainsi est né le concept «Steligence», où ArcelorMittal a fait comme pour l’automobile, en s’adaptant aux besoins du secteur afin de proposer des aciers et des matériaux innovants.
Aujourd’hui, le géant de la sidérurgie se voit d’ailleurs davantage comme une entreprise de recherche que comme un simple fabricant d’acier. «Avec beaucoup de recherche, nous avons fait des aciers de plus en plus innovants, réduisant le poids de la carrosserie d’une voiture de plus de 40 % au fil des années, ou encore des innovations au niveau des revêtements.», explique Michel Wurth. Ces avancées ont permis à l’acier d’ArcelorMittal de rester une matière incontournable dans le secteur automobile malgré l’arrivé du plastique et de l’aluminium, des matériaux qui devaient pourtant enterrer à tout jamais l’acier.
C’est un peu le même combat que mène le sidérurgiste, mais cette fois dans le secteur de la construction où le béton est roi. «Nous avons discuté avec les différents acteurs de la construction afin d’analyser la chaîne de construction : conception, design, fabrication et utilisation du bâtiment. Tout le monde nous a parlé d’optimisation du bâtiment», souligne Olivier Vassart, le responsable recherche et développement produits longs de structure d’ArcelorMittal.
Mais dans la construction, le terme optimisation ne veut pas dire la même chose selon que l’on est l’investisseur, l’architecte, l’ingénieur, la personnalité politique ou encore le chef de chantier. «L’un parle d’optimiser le prix, l’autre le poids, puis l’efficacité, l’environnement, etc. C’est pour cela que nous avons mis au point « Steligence », c’est-à-dire adopter une nouvelle approche de l’acier dans la construction, qui finalement peut s’avérer bien plus efficace et optimale s’il est considéré dans l’ensemble du projet», tente d’expliquer Olivier Vassart.
Les avantages de l’acier sur le béton
Concrètement, ArcelorMittal a repensé la façon de construire afin d’adhérer aux nouvelles tendances comme l’économie circulaire, l’environnement et l’efficacité à tous les niveaux, tout en mettant l’acier au cœur de la construction. Ainsi, le sidérurgiste démontre qu’utiliser de l’acier permet de réduire le temps de construction par rapport au béton et d’améliorer la portance, ce qui laisse plus de flexibilité sur les étages, car il y a moins de poteaux avec de l’acier qu’avec du béton. L’acier permet également, toujours selon ArcelorMittal, de réduire le nombre de camions sur le chantier et donc de réduire son impact sociétal direct. Autre avantage, celui du recyclage. On parle de plus en plus d’économie circulaire dans la construction, de bâtiments pouvant être démolis et en grande partie recyclés. Chose possible avec l’acier, contrairement au béton, voire même au bois.
Si pendant cette soirée l’acier, et plus spécifiquement celui d’ArcelorMittal, a reçu une montagne d’éloges, Olivier Vassart reste réaliste et n’ambitionne pas de voir demain toutes les constructions du pays utiliser exclusivement de l’acier. «Il faut respecter le sens des matériaux lorsque l’on conçoit un bâtiment ou une structure. Je pense que si les acteurs de la construction respectent le sens des matériaux, alors ils arriveront à des structures qui ont du sens», a conclu Olivier Vassart.
À voir maintenant si les professionnels du secteur, les architectes et les ingénieurs mais également les investisseurs, verront également l’acier comme un matériau qui a du sens dans les prochains projets de construction.
Jeremy Zabatta