Les autorités saoudiennes ont annoncé avoir déjoué un attentat d’envergure contre la Grande mosquée de La Mecque, qui aurait pu causer de nombreuses pertes humaines alors que des dizaines de milliers de fidèles étaient rassemblés sur le site du premier lieu saint de l’islam.
«Les forces de sécurité ont mis en échec vendredi matin une action terroriste imminente qui visait la sécurité de la Grande mosquée et les fidèles», a déclaré dans la nuit de vendredi à samedi le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le général Mansour al-Turki.
Onze personnes –six pèlerins et cinq policiers– ont été blessées dans l’effondrement partiel d’un bâtiment de trois étages, situé dans l’enceinte de la Grande mosquée, où se barricadait un kamikaze qui s’est fait exploser, a ajouté le porte-parole dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle SPA. L’attentat a été déjoué au moment où les fidèles étaient massivement rassemblés à la Grande mosquée pour le dernier vendredi du ramadan, le mois de jeûne musulman.
Le projet d’attentat a été vivement condamné par plusieurs pays, dont le Qatar et l’Iran, bêtes noires de l’Arabie saoudite. Dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères, le Qatar s’est dit «solidaire avec le royaume saoudien frère» alors qu’une profonde crise oppose les deux pays, Ryad accusant Doha de «soutenir le terrorisme».
Pour sa part, l’Iran a condamné l’attentat déjoué et s’est déclaré prêt à «coopérer» dans la lutte contre «les dealers de mort», malgré ses relations très tendues avec son rival régional saoudien. Al-Azhar, la prestigieuse institution de l’islam sunnite basée en Egypte, s’est élevé contre l’attentat et a affirmé soutenir Ryad «dans la lutte contre le terrorisme jusqu’à son éradication».
Détaillant les circonstances de l’attentat déjoué, le porte-parole saoudien a expliqué que le kamikaze faisait partie d’un groupe «terroriste» basé dans deux quartiers de La Mecque et à Jeddah, la capitale économique du royaume, sur la mer Rouge, et dont cinq membres, y compris une femme, ont été arrêtés.
Les policiers ont assiégé l’endroit où se trouvait le kamikaze, un bâtiment de trois étages situé dans l’enceinte de la Grande mosquée et où il s’était barricadé.
« Dirigés depuis l’étranger »
«Malheureusement, il a commencé à tirer sur les forces de sécurité une fois qu’il a remarqué leur présence, ce qui a entraîné un échange de coups de feu, avant qu’il ne se fasse exploser», a déclaré le porte-parole à la télévision. Six résidents étrangers qui effectuaient la Omra, ou petit pèlerinage de La Mecque, et cinq policiers ont été blessés, a précisé le porte-parole.
Deux des fidèles blessés étaient toujours hospitalisés alors que les quatre autres avaient pu quitter l’hôpital après avoir reçu les soins nécessaires, a précisé le porte-parole sur la télévision d’État. Il a expliqué que le groupe «terroriste» avait visé «le lieu le plus sacré» des musulmans et exécutait «des plans dirigés depuis l’étranger dans le but de nuire à la sécurité et à la stabilité» du royaume saoudien.
Il n’a pas cité nommément les commanditaires de l’attentat déjoué ou les pays qui l’auraient inspiré. Le porte-parole a rappelé que «plusieurs cellules terroristes avaient été démantelées ces deux dernières années à La Mecque et dans sa banlieue», ajoutant que leur objectif était «de remettre en cause la capacité (des autorités) du royaume à assurer la sécurité des fidèles».
C’est la deuxième fois en moins d’un an que les lieux les plus sacrés de l’islam sont visés en Arabie saoudite. En juillet 2016, un attentat perpétré à Médine, deuxième lieu saint de l’islam, avait fait quatre morts parmi les gardiens de sécurité, près de la Mosquée du prophète Mahomet.
En 1979, La Mecque avait été le théâtre d’une attaque armée spectaculaire: Le 20 novembre de cette année, l’occupation par des intégristes musulmans sunnites de la Grande mosquée, où priaient des milliers de fidèles, avait entraîné quatorze jours plus tard un assaut des forces saoudiennes dont le bilan officiel s’était élevé à 333 morts.
Le Quotidien/AFP