La fréquentation estivale confirme la popularité du musée national d’Histoire naturelle qui cherche encore à se réinventer avec sa prochaine exposition «animalECH», actuellement en préparation.
À l’aube de la rentrée culturelle en septembre, le directeur du musée national d’Histoire naturelle Patrick Michaely nous fait le point sur l’été écoulé et la préparation de la prochaine exposition temporaire «animalECH» qui prendra place de décembre prochain à août 2026.
Quel bilan faites-vous de votre saison estivale ?
Patrick Michaely : Depuis le mois de mai jusqu’à ce jour, on compte environ 20 000 visiteurs, ce qui est à peine une centaine de moins qu’en 2024 et une centaine de plus qu’en 2023. En bref, la fréquentation est restée constante. On peut donc considérer 2025 comme une bonne année, surtout si on la compare avec les années précédentes et sachant que ce chiffre n’inclut pas encore les nombreux scolaires et les participants à nos activités de loisir périscolaires.
Par rapport à 2022, en sortie de covid, on compte en effet un tiers de visiteurs en plus. Et même avant covid, nous n’avons jamais eu de chiffres pareils. Nous sommes actuellement autour des 42 000 entrées payantes depuis janvier mais en ajoutant les scolaires, on peut monter jusqu’à 55 000. Ce qui devrait nous permettre d’atteindre de nouveau près de 100 000 visiteurs en fin d’année.

Malgré ces bons chiffres, est-ce plus facile d’attirer des gens en hiver qu’en été ?
On constate que depuis début mai, le quartier est plein de vie, ce qui est sans doute un effet de l’exposition de la LUGA. Nous sommes au cœur du parcours, qui passe le long du musée et je trouve que la LUGA marche très bien. On ne fait pas de statistiques sur les passants, mais on observe qu’ils sont nombreux. En revanche, ils n’entrent pas nécessairement dans le musée.

De notre côté, nous avons également fait rénover et ouvrir un jardin fleuri à côté du musée, à l’accès gratuit qui est toujours très bien visité. C’est sûr que les passants y entrent plus facilement que dans le musée. Lorsqu’il fait beau, on comprend que l’on n’a pas forcément envie d’entrer dans le musée, même si notre actuelle exposition temporaire colle parfaitement bien à la thématique de la LUGA.
Néanmoins, s’il y a autant des gens dans les rues, il doit y avoir des réflexions de notre part pour trouver des moyens pour les animer davantage à entrer dans le musée. Mais dans l’absolu, les chiffres sont bons, nous sommes contents du bilan donc on ne va pas se plaindre.
Avant covid, nous n’avons jamais eu de chiffres pareils
Comment faire encore mieux selon vous ?
Cela dépend franchement des programmes et de la façon à laquelle on s’adapte aux différents publics. Dans notre jardin cet été, il y a eu des ateliers de danse, de lecture, de yoga, des concerts et d’autres ateliers autour la biodiversité qui permettent d’attirer un public qui ne pense pas spécialement à venir dans un musée d’histoire naturelle. Et cela fonctionne parce que nos activités affichent très souvent complet.
Il y a encore une quinzaine voire une dizaine d’années, l’été était une période pas très bien visitée. En tant que musée d’histoire naturelle, nous n’étions pas nécessairement considérés comme un musée touristique à l’instar des musées d’arts ou d’histoire de la Ville. Les familles ont, elles, toujours été là puisque nous sommes l’un des seuls lieux en ville où l’on peut aller avec les enfants. C’est ce que les agents des accueils touristiques nous ont toujours affirmé en tout cas. Désormais, il y a également des touristes qui semblent affluer également plus naturellement.
La prochaine exposition « animalECH« , qui s’ouvre en décembre, traite de la relation entre l’homme et l’animal. Pourquoi ce choix ?
Parce que c’est un sujet qui gagne en importance dans notre société. La façon dont l’homme gère cette relation avec les animaux est compliquée et encore, compliqué c’est euphémique. La question, c’est : quels sont les différents types de relation? À quoi pense-t-on lorsque l’on voit un lapin? Est-ce que je le vois comme quelque chose de mignon, comme une peluche ou est-ce que je le vois comme quelque chose à mettre dans la poêle ou que j’élève pour sa fourrure?
Réfléchir sur sa propre relation avec les animaux,
Il y a en effet beaucoup de problèmes. Il y a une espèce qui domine les autres, que l’on met toutes dans une seule case « animal« alors que le règne animal, ce sont des millions d’espèces différentes. Il y en a que l’on chérit, comme les chats et chiens, tandis que certains sont vilipendés comme les serpents, les chauves-souris ou encore les araignées. Il y a une subdivision qui est faite entre les animaux nuisibles.
Il y a une subdivision entre les animaux nuisibles, utiles, de travail, de loisir, de compagnie, de sport et c’est là-dessus que l’on souhaite interroger. L’exposition va mener le visiteur à réfléchir sur sa propre relation avec les animaux, sans qu’il n’y ait pas de but activiste ou militant derrière l’exposition.
Pour nous, au musée, c’est aussi c’est l’occasion de parler de notre propre relation. L’une de nos questions les plus posées par nos visiteurs est : « D’où viennent vos animaux naturalisés?« . Les gens demandent si on les a tués que pour les exposer. Si c’était souvent le cas pour ceux qui datent de la première moitié du XXe siècle et avant, ce n’est évidemment plus le cas aujourd’hui.
À une certaine époque, les musées des grands pays représentaient l’homme comme le maître du monde. Aujourd’hui, cela a changé et nos collections servent clairement à un objectif de sensibilisation à une biodiversité menacée par les activités humaines.
Vous avez d’ailleurs lancé un appel au public afin de participer à l’exposition.
Oui, nous appelons les gens à nous prêter toutes sortes d’objets qui les lient à des animaux. Bien qu’il y en ait quelques-uns qui nous ont répondu, on manque encore de retours. On a reçu évidemment beaucoup de peluches mais ce n’est pas nécessairement ce que l’on cherche, sauf s’il y a une belle histoire derrière. Il y a d’autres objets qui nous ont été proposés comme des cravates avec des motifs d’animaux ou de l’ancien matériel de dissection, utilisé pendant des travaux pratiques en biologie. Avis aux amateurs donc, car il s’agit d’une véritable exposition participative.
Information : afin de répondre à la recherche d’objets pour l’exposition «animalECH», veuillez adresser un message accompagné d’une photo de l’objet par courriel à direction@mnhn.lu.