Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Julie souffrait de dépression, Patrick et Claude avaient besoin de décompresser. Tous ont pris la décision de prendre le volant alors qu’ils n’auraient pas dû pour des raisons différentes.
Cela a été une grosse leçon de vie», a constaté Julie, 42 ans. Le 14 novembre dernier, elle a été arrêtée par la police à Bertrange et n’a pas pu présenter de permis de conduire aux agents. En effet, elle se trouvait sous le coup d’une interdiction de conduire administrative valable jusqu’au 2 août 2024 et n’aurait donc pas dû se retrouver au volant de sa voiture.
À la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi, elle explique que «c’était une mauvaise décision de ma part. Je ne pourrais vous donner d’excuse légitime». Julie, qui reconnaît avoir souffert de dépression pendant plusieurs années, se rendait en urgence chez son médecin avant un rendez-vous professionnel. «Il fallait prendre un taxi ou contacter le 112», rétorque le juge. «J’ai pris une mauvaise décision», a répondu la jeune femme.
En février 2023, elle avait perdu les six derniers points de son permis de conduite et avait été condamnée pour conduite en état d’ivresse. Cette fois, la représentante du parquet a requis une amende appropriée et une interdiction de conduite de 18 mois à l’encontre de cette maman divorcée de quatre enfants. Son avocat a décrit son quotidien difficile pour justifier son besoin de récupérer son permis de conduire à des fins professionnelles et familiales. Il a demandé au tribunal de renoncer à une peine de prison et de lui octroyer un sursis intégral sur son interdiction de conduire.
«J’ai sous-estimé mon état»
Patrick, 52 ans, a un peu trop lâché prise. Peu avant 1 h, dans la nuit du 16 novembre 2023, il a perdu la maîtrise de sa voiture entre Hasselt et Alzingen. Le véhicule a dérapé sur la chaussée mouillée avant de renverser deux panneaux de signalisation et de s’échouer dans le paysage. Ivre, il n’est pas parvenu à éviter l’accident.
Les policiers, arrivés sur les lieux pour le secourir, ont constaté son état d’ivresse. «J’ai sous-estimé mon état. J’étais fatigué et je n’avais pas mangé», note ce gérant d’entreprises qui revenait d’une soirée un peu trop arrosée. «Je n’ai jamais perdu un point», se justifie-t-il. «J’ai déjà payé pour les dégâts.»
La représentante du ministère public a requis une amende appropriée à son encontre ainsi qu’une interdiction de conduire de 18 mois. L’avocat du prévenu a demandé au tribunal de ne pas prononcer d’interdiction de conduire intégrale et de lui donner droit à un sursis intégral ou sur les trajets professionnels.
«Ni un Fangio ni un alcoolique»
«Je ne suis ni un Fangio ni un alcoolique», a, quant à lui, tenu à préciser Claude, 44 ans. «Je suis content qu’il ne soit rien arrivé au conducteur de la voiture que j’ai percutée.» L’accident a lieu le 18 novembre 2023 au soir à Hesperange. Ce père de trois enfants est allé boire un verre pour se changer les idées. Il vient alors de se faire larguer par sa copine et se noie dans le travail.
«Ce n’est pas parce que vous êtes dans une mauvaise passe de votre vie que vous devez vous mettre en danger et mettre d’autres personnes en danger par la même occasion», lui indique le président. Le chef d’entreprise est contrit. La procureure a relevé la vitesse trop importante à laquelle il circulait le soir des faits et le taux d’alcoolémie de 1,15 mg d’alcool par litre d’air expiré qu’il présentait. «Au vu des photographies au dossier, vous avez eu de la chance que l’issue de l’accident n’ait pas été plus grave», a noté la parquetière avant de requérir une amende appropriée et une interdiction de conduite de 26 mois à son encontre.
L’avocat de Claude a demandé au tribunal de faire preuve de clémence à l’égard de son client. Il a rappelé que son casier judiciaire était néant et que depuis décembre 2023, date à laquelle il a récupéré provisoirement son permis de conduire, Claude s’est tenu à carreaux. Il a donc prié le juge de lui octroyer un sursis intégral sur son interdiction de conduire.
Les prononcés sont fixés au 15 juillet.
