À l’approche des fêtes, l’asile pour animaux de Gasperich est assailli de demandes pour des chatons ou des chiots à glisser dans la hotte du père Noël. Une mauvaise idée.
Adopter et s’occuper d’un animal de compagnie représente une grande responsabilité et demande une disponibilité quotidienne : chiens et chats n’ont donc rien à faire emballés dans un paquet-cadeau. Or, chaque année, au moment des fêtes, c’est la même histoire. «On reçoit tous les jours des appels de parents ou grands-parents qui souhaitent offrir un chaton ou un chiot aux enfants pour Noël», se désole Liliane Ferron, vice-présidente de la Déiereschutzliga, la ligue pour la protection des animaux. «Mais leur place n’est pas sous le sapin», rappelle-t-elle, pointant de réelles contraintes qui, souvent sous-estimées, multiplient les risques d’abandon par la suite.
Ce que veut à tout prix éviter l’asile pour animaux de Luxembourg-Gasperich dont les box ne désemplissent pas, au contraire. En ce moment, le chenil fonctionne à la limite de ses capacités avec 86 chiens à sa charge – pour 76 places en théorie – auxquels s’ajoute une trentaine de chats. «Le principal danger de ces cadeaux est que l’animal ne soit pas le bienvenu», prévient Pascale Sax, la responsable des lieux. «Les gens nous contactent ensuite en disant qu’ils ne peuvent pas le garder.»
Les adoptions sur un coup de tête sont donc à proscrire, la décision de prendre soin d’un animal devant être mûrement réfléchie. «Les deux critères indispensables pour une adoption réussie sont le temps et la place disponibles», explique cette professionnelle.
Et pour mettre toutes les chances du bon côté, l’asile pratique une approche innovante : les futurs maîtres sont accompagnés par l’équipe dans leur recherche, afin de trouver le chien qui les comblera et qui pourra aussi s’épanouir dans leur environnement. Ils viennent d’abord le promener pour voir si une certaine connexion se crée. Puis, ils peuvent bénéficier d’un essai avec l’animal à domicile pour une quinzaine de jours, encadrés par des entraîneurs si besoin, pour tester si chacun se sent bien dans cette nouvelle vie.
Des abandons sur liste d’attente
Et ces derniers mois, au-delà des abandons «classiques» à la suite d’un décès, un divorce, un déménagement ou une adoption sur un coup de tête, un nouveau phénomène est apparu : une vague d’abandons «économiques» directement liés à l’inflation. Des maîtres contraints de se séparer de leur animal faute de moyens financiers pour les nourrir ou les soigner.
«On a eu de nombreux cas de ce genre cette année. Si bien qu’on a dû mettre en place une liste d’attente, tant on recevait de demandes. On a eu jusqu’à une vingtaine de personnes inscrites», précise Pascale Sax.
Autre tendance inattendue observée à l’asile : un pic d’abandons dus à la crise sanitaire. «Les chiens n’ont pas appris à rester seuls à la maison et certains ont fait de gros dégâts au domicile quand les gens ont repris le travail. La solution de facilité, c’est de les donner.»
À travers le pays, seuls quatre asiles recueillent les animaux, tous concentrés au sud : à Luxembourg, Esch-sur-Alzette, Dudelange et Schifflange. Un manque de structures dans la partie nord qui pèse lourd, puisque les locaux existants sont déjà pleins à craquer. Si l’État a plusieurs fois lancé un appel aux communes en vue de la construction d’un asile au nord, aucune ne s’est encore portée volontaire.
Plus d’un million d’euros par an
Le Déierenasyl de Gasperich accueille toute l’année des chiens et des chats, pris en charge par une équipe d’une vingtaine d’employés (soigneurs, vétérinaires, entraîneurs) et une dizaine de bénévoles qui prennent le relais pour promener les chiens. Installée depuis 2012 le long du boulevard de Kockelscheuer à Luxembourg, la structure gérée par la Déiereschutzliga nécessite plus d’un million d’euros chaque année pour fonctionner correctement. Si l’État participe à hauteur de 18 000 euros annuels, c’est grâce aux dons privés et aux legs que l’association peut poursuivre sa mission auprès des animaux.