Avec les vacances, revient une réalité douloureuse : l’augmentation des animaux délaissés. Liliane Ferron, responsable de l’asile, pointe notamment «un manque de solution au Nord».
«L’été reste la période la plus critique», explique Liliane Ferron, responsable de l’asile pour animaux abandonnés de Gasperich. La situation est loin d’être nouvelle. Elle le rappelle : environ 500 chiens et 400 chats par an passent les portes du refuge. Cette période s’ajoute à celle des animaux offerts à Noël, second pic d’abandons.
Beaucoup de familles, pour partir en vacances, prennent la décision de se séparer de leur compagnon, plutôt que de chercher une solution adaptée. La dirigeante cite pourtant facilement qu’il existe «des pensions, des voisins attentifs ou encore des familles d’accueil temporaires».
Mais ces abandons estivaux liés aux congés ne représente pas la majorité des pensionnaires. La plupart sont délaissés à cause de problèmes plus profonds : ruptures conjugales, pertes d’emploi, problèmes de santé ou la «pire», les saisies ordonnées dans le cadre de maltraitance.
«Dans ces moments-là, il faut même attendre que la justice nous confie l’animal. Il est arrivé qu’il soit remis auprès de son maître violent. Mais s’il est placé chez nous, ce sont les cas les plus durs à traiter, car ils arrivent avec de lourds traumas», indique-t-elle.

La responsable de la structure, Liliane Ferron, œuvre depuis plus de 20 ans auprès des animaux. (Photo : Alain Rischard)
Les 900 abandons annuels demandent des bras pour faire tourner l’asile. Au total, c’est une équipe de 25 personnes qui est mobilisée pour chouchouter les animaux. Une fois recueillis, ces derniers entament un parcours de soins.
L’objectif est double : comprendre leur caractère et le poids des séquelles dues à leur passé. Le tout, dans le but de préparer au mieux leur future adoption. «Nous cherchons à éviter au maximum les retours d’adoption. Ce sont de véritables échecs pour nous», insiste Liliane Ferron.
Avant de confier un pensionnaire, le refuge organise systématiquement un entretien approfondi avec la famille candidate. Le but est de s’assurer que l’animal correspond réellement au mode de vie des adoptants. Une période d’essai de deux semaines est souvent prévue afin de rassurer tout le monde.

Adopter un animal ne se fait pas à la légère, Liliane Ferron met en garde : «Hors de question de mettre un de nos animaux sous le sapin!»
En attendant cet heureux évènement, l’équipe tourne quotidiennement à plein régime. Dès le matin, les équipes nourrissent les pensionnaires, suivant un tableau qui détaille les régimes spécifiques de chaque chien et chat. Vient ensuite le nettoyage des box et les passages si besoin chez le vétérinaire attitré du refuge.
L’après-midi est consacré aux promenades, souvent avec l’aide de particuliers prenant sur leur temps libre pour aider l’association. «Ces derniers sont indispensables», précise la directrice, mais «ils ne peuvent pas non plus s’occuper de toutes les races». Les chiens ayant été maltraités peuvent être difficiles à gérer. C’est alors à l’équipe sur place, formée à ces cas, de s’en occuper.
Aucun projet d’asile identifié au Nord
L’organisme a été fondé en 1957 avec un premier asile ouvert à Hollerich en 1964. L’actuel, à Gasperich, a lui été inauguré en 2012. Il fonctionne grâce aux dons privés et legs. Malgré son rôle majeur et indispensable dans le sud du pays, la capacité d’accueil nationale reste limitée.
En effet, si dans le Sud, quatre refuges existent (à Schifflange, Esch-sur-Alzette, Dudelange et donc Gasperich), aucun n’est à signaler dans le nord du pays. «Je suis consciente que ce n’est pas facile de bâtir un refuge. Il faut un terrain, une équipe… cela représente beaucoup de moyens», exprime la directrice. Elle explique d’ailleurs avoir eu de la chance, car son refuge est né grâce à la commune de Gasperich qui a «totalement mis à disposition un grand terrain» au service de leur cause.
Toutes les communes ne sont pas aussi généreuses. Ainsi, en 2023, un appel avait été lancé pour déterminer les possibilités de créer de nouvelles structures. Une seule commune avait montré son intérêt, sans qu’un projet concret ne soit planifié jusqu’à ce jour.
Plus d’informations sur le site deierenasyl.lu
Des campagnes qui ne suffisent pas
Pour lutter contre les abandons, le ministère de l’Agriculture mène deux campagnes de sensibilisation par an, avant les grandes vacances et avant Noël. Par ailleurs, l’abandon d’un animal est interdit par la loi de 2018 et passible de 8 jours à 3 ans de prison ou d’une amende allant de 251 à 200 000 euros.
La directrice de l’asile de Gasperich insiste néanmoins sur le besoin de prévention. «Les campagnes menées par le ministère sont bénéfiques, mais le vrai travail doit se faire sur le terrain», témoigne-t-elle.
«Comme nous le faisons ici, l’essentiel est de s’assurer que l’adoptant est prêt à assumer la responsabilité que représente un animal domestique. Et certains élevages n’en ont rien à faire», constate-t-elle.