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Anastasios finançait ses traitements dentaires grâce à des vols


Anastasios revendait le produit de ses larcins pour se payer de nouvelles dents.

Rachid et Hossam cherchaient quelque chose à se mettre sous la dent. Anastasios en voulait de nouvelles. Ils avaient tous les trois des raisons propres de commettre des délits.

«Je me suis autorisé à commettre des actes illégaux», a reconnu Anastasios. Ce quadragénaire originaire de Grèce a cambriolé plusieurs établissements scolaires de Luxembourg ainsi qu’un cabinet médical et une étude d’avocats en novembre et en décembre 2021, à la recherche de composants d’ordinateurs. Des disques durs dans la plupart des cas. Il a expliqué avoir commis ces vols pour financer des traitements dentaires coûteux. Anastasios n’a pas le profil habituel des cambrioleurs croisés au tribunal.

Le prévenu a quitté la Grèce pour les Pays-Bas avec l’espoir de recevoir des soins dentaires de qualité. Mais, a-t-il expliqué à la barre de la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, les complications et les frais médicaux pour les divers traitements se sont accumulés, tout comme la douleur et les doses de morphine. «J’aurais dû être moins fier et demander de l’aide», a expliqué le prévenu. «J’étais désespéré de trouver de l’argent. Les composants d’ordinateurs étaient faciles à vendre, à cacher et à transporter.»

En tout, Anastasios voulait rassembler la somme de 40 000 euros. Mais d’implants dentaires en reconstruction de la mâchoire, les dépenses se sont accumulées. Il revendait les composants volés sans les avoir testés, faute de moyens, pour des sommes dérisoires. «Mes contacts sur mon téléphone étaient essentiellement des dentistes.» Il devait en avoir un sous la main en permanence.

Arrêté après un premier cambriolage aux Pays-Bas, le prévenu a décidé de se rendre en Suisse. Il y est condamné à cinq ans de prison pour 108 faits différents. Son parcours l’a ensuite mené au Luxembourg, où commettre des cambriolages était plus simple quand on est uniquement équipé d’un tournevis pour crocheter des portes, confie-t-il. Il s’était fait un point d’honneur à ne pas s’introduire dans des endroits habités pour ne pas nuire à des particuliers. La représentante du ministère public a requis une peine de 31 mois à son encontre.

«Sur la vie de ma mère»

Hossam et Rachid, 43 et 48 ans, sont soupçonnés de tentative de cambriolage à Noertzange. Les deux compagnons d’infortune prétendent avoir uniquement cherché un endroit où passer la nuit, se laver et peut-être aussi manger quelque chose dans cette maison qu’ils pensaient inhabitée. Non seulement, il s’agissait du domicile d’une dame âgée et malade, mais la maison était surveillée à distance par la fille de l’habitante et son mari qui a reçu une alerte sur son téléphone. «Ils avaient essayé d’ouvrir un volet en bois qui s’est bloqué», indique la fille qui s’est immédiatement mise en route. «Le plus petit des deux a écouté à la fenêtre de la chambre à coucher de ma mère qui attendait les soins à domicile.»

L’infirmier est le premier à arriver. Il repère les deux prévenus qui étaient en train de s’enfuir vers la gare, à deux pas du domicile. «Je les ai suivis sur le quai pour tenter de les retenir. J’étais en direct au téléphone avec la police», raconte le témoin avec moult détails. Les esprits se sont échauffés. «Rachid est devenu agressif. Hossam l’a retenu.» L’infirmier, d’origine maghrébine comme les deux prévenus, a tenté de s’interposer. «Rachid m’a insulté et a essayé de me rouer de coups. L’autre lui a demandé d’arrêter», a témoigné le jeune homme. La police est finalement arrivée et a appréhendé Rachid et Hossam.

«Sur la vie de ma mère, je n’ai pas volé», a juré ce dernier, pourtant coutumier du fait, selon la juge. «Une voix nous a demandé de partir. Nous sommes partis», a résumé Rachid qui prétend s’être emporté parce que l’infirmier avait insulté sa mère. La représentante du ministère public a retenu les coups et blessures volontaires à son encontre et la tentative de vol qualifié à l’encontre du duo. Elle a requis une peine de 21 mois de prison ferme à l’encontre de Hossam et de 26 mois à l’encontre de Rachid.

Leurs avocats ont demandé au tribunal de les acquitter de la tentative de vol qualifié et de retenir uniquement la tentative de violation de domicile à leur encontre. «Les charges sont insuffisantes dans ce dossier pour affirmer qu’ils avaient l’intention de commettre un vol», a avancé l’avocat d’Hossam. «Leur parole n’a pas de valeur parce qu’ils sont les prévenus», a assuré celui de Rachid, dénonçant «deux poids, deux mesures» de la part du parquet. «Mon client ne demande qu’à pouvoir vivre de son métier.»

Les prononcés sont fixés au 10 juillet prochain.