Le 2 mai 2017, un trentenaire de Differdange avait retenu trois ambulanciers chez lui. Il les avait aussi menacés de mort. Ce jeudi matin, il a été condamné à six mois de prison ferme. Il doit également indemniser les victimes.
Ils pensaient venir en aide à un homme fortement alcoolisé. Au final, les trois membres des services de secours se sont retrouvés pendant 1h20 entre les griffes de cet individu. Un vrai calvaire pour le trio. Leurs témoignages, livrés fin juin à la barre, en disent long.
«Depuis ce jour, rien n’est plus pareil. Lors de chaque intervention, j’ai peur.» Ces mots sortent de la bouche de l’un des trois ambulanciers menacés de mort avec un couteau lors d’une intervention à Differdange le 2 mai 2017. Il est autour de 18 h quand les membres des services de secours reçoivent l’appel : un homme fortement alcoolisé aurait du mal à respirer. Mais, très vite, l’intervention dans l’avenue Charlotte vire au cauchemar pour les secouristes.
À leur arrivée dans l’appartement, ils trouvent un homme très agité. «On a essayé de parler avec lui», se rappelle l’ambulancière. Leur patient étant fortement alcoolisé, ils décident de mesurer ses paramètres vitaux. Sans succès. «Quand on a essayé de lui enfiler la manchette du tensiomètre, il l’a violemment repoussée», poursuit la quadragénaire, qui essuie par la même occasion un coup.
Sous une pluie d’insultes, les secouristes volontaires tentent d’expliquer à leur patient qu’ils sont là pour l’aider. Toujours sans succès. Il refuse de se faire emmener pour un contrôle à l’hôpital. Au moment de signer le formulaire de décharge de responsabilité, la situation s’envenime. Le patient empêche l’équipe de secours de quitter son appartement. Il brandit un couteau de cuisine. L’un des secouristes était encore mineur à l’époque. D’après son témoignage, l’arme n’est passée qu’à 10 à 15 cm du nez de sa collègue.
« Vous ne sortirez plus vivants d’ici »
Et les menaces ont fusé. «Je vais vous tuer. Vous ne sortirez plus vivants d’ici.» Équipé de leur radio, le trio retenu dit avoir plusieurs fois essayé d’émettre un signal d’alarme. Visiblement, le système n’a pas fonctionné correctement. «J’avais peur pour moi et mes collègues. Je me demandais si j’allais revoir mes enfants », reprend l’aînée de l’équipe. « Il nous a interdit de parler entre nous.»
Toujours est-il qu’une heure et vingt minutes plus tard, le trentenaire a finalement laissé partir les trois ambulanciers. Sous la condition toutefois qu’un d’entre eux lui laisse son adresse : «Je lui ai donné ma vraie adresse. Cela m’était égal. Je voulais juste sortir de là», se souvient l’un des secouristes.
La police avait été appelée une fois les ambulanciers sortis. Leur agresseur avait été menotté et conduit au commissariat. À la barre de la 7e chambre correctionnelle, le prévenu, âgé aujourd’hui de 35 ans, a déclaré ne rien se rappeler : «Je regrette ce qui s’est passé. Les services de secours font bien leur travail. Je suis choqué de m’être comporté ainsi. Mais j’ai un trou noir.» Tout ce dont il prétend se souvenir, c’est le début de sa journée au café et son repas du midi. «J’ai mangé des ailes de poulet avec des frites et de la salade.» Et de préciser : «Je me suis réveillé le lendemain à 6 h dans la cellule de dégrisement.»
Les 3 ambulanciers se voient allouer 1300 euros
Pour la détention illégale, les menaces de mort et les coups et blessures volontaires, le parquet avait requis une amende ainsi que deux ans de prison contre le trentenaire. Ce n’est pas sa première affaire devant la justice. «Monsieur se drogue depuis de longues années. Son casier en dit long», avait soulevé la parquetière.
Au final, le tribunal l’a condamné à six mois de prison ferme. Il doit également indemniser les parties civiles. L’administration des Services de secours se voit ainsi allouer l’euro symbolique et les trois ambulanciers volontaires un total de 1300 euros ainsi qu’une indemnité de procédure de 300 euros chacun. Enfin, le tribunal a ordonné la confiscation du couteau.
Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.
Fabienne Armborst