L’OGBL, le LCGB et le ministre du Travail vont faire pression pour négocier un plan de maintien dans l’emploi, afin de sauver un maximum des 470 postes menacés. L’attitude d’Amazon est fustigée.
Amazon pourrait supprimer des centaines d’emplois au Luxembourg. Cette information, donnée par RTL hier matin, a été confirmée dans la journée. «Jusqu’à présent, on nous a uniquement communiqué le chiffre de 470 emplois menacés», a expliqué la présidente l’OGBL, Nora Back. «Nous ne connaissons pas encore l’échéancier des négociations à venir. Nous ne savons pas non plus qui sera concerné par ces licenciements», a-t-elle ajouté, assurant que bien évidemment «notre objectif est de négocier au mieux pour obtenir le meilleur résultat possible».
Une vraie «catastrophe sociale», a indiqué hier matin Olivier Landini, porte-parole de l’OGBL, précisant que ces licenciements seraient «d’une ampleur qu’on n’a plus connue depuis des décennies». «C’est pourquoi nous voulons aussi interpeller le ministre du Travail et le sensibiliser à ce sujet», a ajouté Nora Back. «Dans le cas d’une telle vague de licenciements, il faut une intervention politique auprès de la direction, pour souligner aussi qu’au Luxembourg, on ne procède pas comme aux États-Unis.»
La demande de l’Union des syndicats sera formalisée aujourd’hui par une lettre, mais dès hier, en marge des réunions bipartites (lire en page 4), le ministre du Travail a confirmé saisir vendredi le Conseil de gouvernement pour discuter du dossier Amazon. «L’annonce a eu l’effet d’une bombe. Je suis vraiment inquiet. Moi, mais aussi le Premier ministre, avons tout intérêt à échanger avec les syndicats pour venir en aide aux gens concernés. Il faut que les salariés figurent au centre de nos préoccupations», affirme-t-il.
La nouvelle de suppressions d’emplois n’en est pas vraiment une surprise, puisque fin octobre, nos confrères avaient déjà annoncé la suppression à venir d’une centaine de postes. L’ampleur des chiffres, toutefois, surprend : Amazon Luxembourg se séparerait ainsi de près de 10 % de ses effectifs, 4 000 personnes travaillant actuellement pour le géant du commerce en ligne dans le pays.
Pas de «hire & fire» au Luxembourg
«Les négociations concernant un plan social devraient commencer lundi prochain», a précisé RTL de son côté. «La loi prévoit qu’un plan social doit être négocié avec les syndicats si une convention collective existe, a rappelé Nora Back. Or, nous n’en avons pas encore conclu chez Amazon.» Un fait qui interpelle aussi Patrick Dury, le président du LCGB : «Il est bizarre que le plus grand employeur du pays ne dispose pas de convention, à un moment où Amazon envisage de licencier près de 10 % de son effectif. Avec un simple plan social, notre modèle social recevrait une nouvelle bosse.»
À l’image de Patrick Dury, Georges Mischo compte s’engager pour négocier un plan de maintien dans l’emploi et non pas un «simple» plan social. «Un tel plan donne au moins une certaine sécurité aux concernés, peut même leur offrir un parachute. Dans le cadre d’un plan social, on leur dit « au revoir et merci« . Il n’est pas concevable que tellement de gens se retrouvent du jour au lendemain à la rue. Un géant comme Amazon doit comprendre qu’ici au Luxembourg ne règne pas la philosophie du « hire & fire« », souligne Georges Mischo.
En octobre, Amazon annonçait vouloir licencier quelque 14 000 personnes dans le monde, surtout des fonctions support ou stratégiques (ressources humaines, publicité, cadres, etc.), représentant 4 % de ses 350 000 postes de bureau. Cela ne concernait pas la main-d’œuvre des entrepôts, qui représente la majorité du plus de 1,5 million de salariés du géant du commerce en ligne. Les raisons évoquées à l’époque parlaient de corriger le tir après les fortes embauches lors de la pandémie de Covid-19, mais le développement de l’IA était aussi évoqué.
La visite de Frieden peut-elle réduire la casse?
«Amazon voit toujours le Luxembourg comme important hub européen.» C’est avec cette promesse que le Premier ministre est revenu de son voyage aux États-Unis. La question de l’emploi chez Amazon Luxembourg aurait été abordée, mais visiblement, sur ce point, Luc Frieden n’a pas réussi à convaincre les patrons d’Amazon. Se pose désormais la question de savoir de quels moyens disposent le gouvernement pour limiter la casse.
«Les gouvernements successifs ont consenti pas mal d’efforts pour attirer Amazon au Luxembourg. Le budget de l’État prévoit chaque année de nouveaux moyens pour attirer des talents. Créer une situation où on remettrait en question l’existence de ces personnes va générer de l’insécurité dans l’ensemble du secteur», met en garde Patrick Dury, le président du LCGB.
Le ministre du Travail compte évaluer les efforts consentis, estimant que cela peut constituer un outil pour faire pression sur Amazon. Il n’aurait toutefois pas encore échangé avec le Premier ministre sur les résultats de ses échanges avec Amazon, au siège mondial de l’entreprise.