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Altercation à Givenich : «Autant de violence, c’est rare»


Le détenu de Givenich impliqué dans la chute de l’agent hospitalisé en soins intensifs a été placé en détention préventive à Sanem hier. (Photo d'illustration : Editpress)

Dévoilée jeudi, une altercation entre le personnel du centre pénitentiaire de Givenich et un détenu a conduit l’un des agents en soins intensifs après une chute qui fait l’objet d’une enquête.

Mercredi, un incident s’est produit au centre pénitentiaire de Givenich. D’abord rapporté par l’Association des agents pénitentiaires (AAP) du Grand-Duché, il s’agirait d’une «agression physique» commise par un détenu sur plusieurs membres du personnel au sein de l’établissement. «Plusieurs agents pénitentiaires ont été contraints d’intervenir et ont été agressés physiquement par un détenu refusant d’obtempérer. Plusieurs agents ont été blessés, dont un grièvement», indique l’ASBL.

Le parquet de Diekirch, qui a confirmé les faits hier matin, a lui évoqué «une altercation entre un détenu et des gardiens». Le communiqué de l’administration judiciaire précisait qu’un gardien a été «grièvement blessé à la tête et se trouve actuellement hospitalisé en soins intensifs», ajoutant que le détenu avait été «immédiatement transféré» au centre pénitentiaire de Schrassig puis arrêté afin de passer devant un juge d’instruction dans la matinée.

L’état de santé de l’agent est stable

Depuis les premières annonces, de nouvelles informations sont tombées au cours de la journée d’hier. Contacté par nos soins, le porte-parole du parquet de Diekirch a annoncé qu’un mandat de dépôt a été délivré par le juge à l’encontre de l’inculpé qui a été placé en détention préventive au centre pénitentiaire Uerschterhaff (CPU) de Sanem.

Au même moment, l’administration pénitentiaire nous a elle précisé que «l’agent pénitentiaire blessé est toujours hospitalisé en soins intensifs», ajoutant que «son état de santé est actuellement stable». Une nouvelle rassurante confirmée par Samir Djennas, président de l’AAP : «Son état de santé s’est amélioré, aujourd’hui on nous a dit qu’il allait mieux». Les autres agents impliqués dans l’incident ont été «contrôlés en hôpital» mais «il n’y a rien de spécial pour eux, c’est minime», assure le représentant des agents pénitentiaires.

Afin de préserver le secret d’instruction de l’enquête en cours, Samir Djennas confie seulement que l’agent en soins intensifs est «tombé et s’est cogné la tête». À l’enquête de déterminer les circonstances de la chute.

Le calme de Givenich bouleversé

Bien que le président de l’AAP concède que «lorsque l’on va travailler dans ce milieu, on sait à quoi s’attendre», il ne peut cacher l’impact émotionnel de l’incident auprès de ses collègues. «Ce n’est pas que nous ayons peur d’aller au travail, mais c’est que nous sommes inquiets pour la santé d’un collègue qui a de la famille et des amis.»

Malgré tout, l’incident est notable : «Avec autant de violence c’est rare, surtout à Givenich». C’est notamment en raison du lieu que l’évènement a pris de l’ampleur. Avec 67 condamnés pour une capacité de 113 lits, Givenich est une prison semi- ouverte où se trouvent des détenus en fin de peine ou de courte durée qui s’apprêtent à retrouver leur liberté.

Dans ce petit village à l’est du pays, les prisonniers bénéficient d’un domaine agricole qui leur permet de s’occuper de l’élevage d’animaux, de jardinage, de menuiserie ou encore de peinture afin de favoriser leur réinsertion. Un environnement qui, d’apparence, ne se prête pas à de tels incidents. «C’est plutôt grave que cela se passe à Givenich, car ils sont en fin de peine donc plutôt calmes», a réagi Grégory Fonseca, l’un des fondateurs de l’association «Eran, eraus… an elo?» qui œuvre pour les problèmes de détention au Luxembourg.

Un incident qui va «réveiller les esprits»

«Le fer est chaud, mais il y a des raisons derrière qui seront importantes à connaître afin de prévenir un nouvel incident de la sorte», prévient Grégory Fonseca. Tout comme il apporte son soutien à l’agent hospitalisé, il souhaite aussi «rappeler à la société la présomption d’innocence et qu’il ne faut donc pas juger d’avance le détenu, car tout est possible». Il évoque notamment les conditions de détention à Givenich qui seraient strictes, au point où, selon lui, «si les détenus ont une minute de retard, ils peuvent être renvoyés à Schrassig».

Du côté des agents, une discussion sur les conditions de travail pointe également le bout de son nez. Loin de céder à la panique, Samir Djennas confie tout de même que la blessure de son collègue va «réveiller les esprits». Concernant la sécurité des agents, «il faudra en discuter, nous aurons une entrevue un jour ou l’autre avec la direction pour discuter des faits et ce sera l’assurance accident et les politiciens qui en discuteront afin que cela se passe mieux», espère-t-il.

Une question parlementaire a d’ores et déjà été posée hier par la députée déi gréng Sam Tanson à destination d’Elisabeth Margue, ministre de la Justice, qui l’interroge sur les statistiques d’agressions contre le personnel pénitentiaire et les mesures éventuelles à prendre.