Habitants et touristes qui étouffent, forêts qui brûlent et même retour de sauterelles en Italie : depuis plus d’une semaine, une nouvelle vague de chaleur aux conséquences désastreuses frappe les pays d’Europe de l’Est et la Grèce, rejointe depuis quelques jours par le reste du pourtour méditerranéen.
« On ne peut pas dormir. Sans clim’, c’est intenable » : Alexandre Tudor, un jeune vivant à Bucarest, n’en peut plus après que la Roumanie est passée en niveau d’alerte le 7 juillet. À l’image de la capitale roumaine, toute l’Europe de l’Est suffoque, subissant déjà sa troisième vague de chaleur de l’année.
« C’est tout à fait conforme à ce que les scientifiques avaient prédit et, maintenant, on est en plein dedans », constate auprès de l’AFP Ilan Kelman, de l’University College de Londres.
« Cela fait partie intégrante du changement climatique causé par l’homme et cela ne fera qu’empirer à l’avenir si nous n’agissons pas », ajoute le professeur.
Un mort en Roumanie
En Hongrie, le deuxième aéroport national, à Debrecen, a dû être provisoirement fermé : le revêtement de ses pistes n’a pas résisté au « stress thermique ». La compagnie ferroviaire MAV a dû demander à ses passagers de privilégier les cars climatisés à ses wagons vétustes, suscitant la risée sur les réseaux sociaux.
Dans la Roumanie voisine, les coupures de courant se multiplient dans les hôpitaux, névralgiques en pleine canicule, à cause de pics exceptionnels liés à la climatisation.
Un homme de 45 ans a succombé à la chaleur dans la ville de Botosani, selon le ministère de la Santé. Et des records de chaleurs nocturnes ont été battus à 10 endroits, le thermomètre restant au-dessus de 27°C.
« Ces températures qui ne redescendent pas, c’est très inquiétant : si les organismes n’ont pas le temps de se rafraîchir la nuit, le nombre des morts devrait augmenter », avertit le professeur Kelman.
Côté écosystèmes, des milliers d’hectares sont déjà partis en fumée en Macédoine du Nord, en Albanie ou en Bulgarie, où un « code rouge » était en vigueur jeudi avec 43°C attendus.
« Les habitants des villes européennes devront adapter non seulement leurs infrastructures mais aussi leurs comportements pour faire face à des vagues de chaleur plus intenses à l’avenir », souligne Hannah Cloke, climatologue à l’Université de Reading. « A l’avenir, il pourrait être presque impossible de sortir certains jours ».
Les canicules sont rendues plus probables et plus aigües par le changement climatique, expliquent les experts du climat mandatés par l’ONU (Giec). L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus, les températures y augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale, notent les climatologues.
« On doit bien s’y faire »
En Grèce, cela fait plus de 10 jours que certaines régions dépassent les 40°C.
La chaleur est si intense que l’Acropole, le site le plus visité de ce pays, a encore dû être fermée plusieurs heures mercredi.
Dans le centre historique d’Athènes jeudi, les touristes cherchaient les endroits ombragés, bouteille d’eau à la main.
Sam Rizek, un serveur de 19 ans, tente d’attirer le chaland tout en essayant de « rester à l’ombre » pour ne pas défaillir. La semaine dernière, il a eu si chaud que son nez s’est mis à saigner. « Mais, ici en Grèce, on doit bien s’y faire », dit-il, résigné.
Sur l’autre rive de la mer Égée, la côte turque, très touristique, s’attendait jeudi à dépasser les 40°C à son tour, tout comme en Anatolie, dans les terres.
Travail interdit
L’activité économique est aussi obligée de s’adapter.
En Sicile, le travail dans l’agriculture ou le BTP est interdit depuis mercredi entre 12h30 et 16 heures les jours où le risque est « élevé » en extérieur. La mesure, décrétée mercredi, est valable jusqu’au 31 août.
Au total, 14 villes italiennes (Rome, Palerme, Florence, Trieste, etc.) ont été placées en « alerte rouge » en raison de la chaleur et de l’humidité, qui accentue nettement l’effet sur la santé des températures élevées, même si la majeure partie de l’Italie reste sous les 40 degrés.
Cette vague de chaleur, qui touche ce pays par intermittence depuis plusieurs semaines, a entraîné un retour des sauterelles dans des régions où elles étaient absentes, comme l’Emilie-Romagne, a déploré le syndicat agricole Coldiretti.
Au Portugal, où 40 degrés étaient attendus jeudi dans l’Alentejo, le risque de feu de forêt est considéré comme « particulièrement élevé » dans le sud et dans les terres jusqu’à dimanche.
En Espagne, la canicule ne fait que commencer après un début d’été plutôt frais.
Un pic de chaleur est attendu pour ces prochains jours, avec 44°C dans le sud. Le tout aggravé par le phénomène de « calima » – des vents chargés de sable du Sahara – qui, « combiné aux températures élevées », « peut affecter la santé », prévient l’observatoire météorologique national Aemet.
Nous sommes en été et il faut chaud.
Quelle découverte!
Je suis actuellement en vacances dans cette région et je n’y trouve rien que de la chaleur normale (32°C aujourd’hui).