Des groupes rebelles empêcheraient des civils de quitter les quartiers assiégés d’Alep-Est et s’en serviraient comme boucliers humains, selon la Commission d’enquête sur la Syrie de l’ONU.
Dans un communiqué, cette Commission déclare avoir « reçu des allégations à propos de groupes de l’opposition, dont le groupe terroriste Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra) et Ahrar al-Cham, qui empêcheraient des civils de partir, et à propos de combattants de l’opposition qui se mêleraient à la population, augmentant ainsi le risque pour les civils d’être tués ou blessés ».
Le Front Fateh al-Cham est l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda. Ahrar al-Cham est un autre influent groupe rebelle islamiste qui lutte contre le régime du président Bachar al-Assad.
Vendredi dernier, le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville, avait déjà dénoncé le Front Fateh al-Cham et les Kataëb Abou Amara, qui, selon plusieurs sources, auraient exécuté des civils parce qu’ils tentaient de fuir les derniers quartiers d’Alep-Est encore aux mains de l’opposition.
La Commission d’enquête sur la Syrie est un organe indépendant créé en 2011 par l’ONU pour rassembler des preuves de violations des droits de l’homme dans ce pays ravagé par la guerre depuis plus de cinq ans.
En octobre, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU l’a mandatée pour enquêter spécifiquement sur la situation à Alep.
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Dans son communiqué, la Commission a également fait état de « nombreuses informations sur des violations perpétrées par des forces pro-gouvernementales (…) notamment des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des disparitions et des recrutements de force ». « Les hommes en âge de combattre semblent être particulièrement exposés à ces abus », a-t-elle souligné.
La Commission a reconnu que le gouvernement syrien et ses alliés « exercent désormais le contrôle effectif d’Alep-Est et portent donc la responsabilité d’empêcher de telles violations, y compris d’éventuels actes de représailles ».
« Dans ce moment critique, l’illusion qu’une victoire militaire serait encore possible doit être écartée », a conclu la Commission.
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad al Hussein, a condamné mercredi la reprise des bombardements des forces pro-gouvernementales « contre une zone remplie de civils », après la rupture d’un accord sur leur évacuation d’Alep-Est. Il s’agit « presque certainement d’une violation du droit international et constitue très probablement un crime de guerre », a-t-il affirmé dans un communiqué.
L’accord russo-turc « était en place, les autocars étaient prêts, le premier convoi avait commencé à se mettre en route et a ensuite été apparemment bloqué par des milices pro-gouvernementales », a poursuivi M. Zeid. « C’est inexcusable ».
Le Quotidien / AFP