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[Album de la semaine] «United», de Tristesse Contemporaine : bonjour Tristesse!


Pris individuellement, certains morceaux s’amusent à devenir des mini-patchworks qui font de la pluralité leur bizarrerie. (Image Label Record Makers)

Le nouvel album de Tristesse Contemporaine, United, s’aventure du côté du post-punk, du reggae, de la techno… dans un album qui se veut constamment joyeux et entraînant

Tous les chemins mènent à Rome… sauf pour Tristesse Contemporaine. Guidés par une francophilie prononcée, le Suédois Leo (guitare), la Japonaise Harumi (batterie) et l’Anglo-Jamaïcain Mike (chant) ont fait converger leurs chemins respectifs vers Paris, où ils se sont rencontrés et ont formé ce trio au nom qui semble parodier les groupes de cold wave des années 1970 et 1980. La langue de Tristesse Contemporaine est pourtant bien l’anglais, trahie par un accent de South London qui colle à la peau du chanteur. Ce qui, à n’en pas douter, a dû faire son effet sur la scène «branchouille» du Paris d’il y a dix ans, au moment où toute une jeunesse française «bobo» projetait ses rêves sur la capitale britannique…

Dix ans après un premier album éponyme, le groupe s’est métamorphosé. Mike, par exemple, a laissé tomber le masque d’âne (plutôt terrifiant) qu’il portait jusqu’alors, sur scène ou en promo; leur musique elle-même s’est parée de lumière, au départ minimaliste, elle revient aujourd’hui sous une lumière toute nouvelle.

De nombreuses références

Et le groupe s’est assuré les services du producteur Lewis OfMan, une référence de la jeune scène electro parisienne, pour définir le nouveau son de Tristesse Contemporaine. Du style «cinquième Beatles», qu’on aimerait bien inclure dans le groupe. United, album bien nommé, résulte en effet de la fédération de toutes ces énergies, internes et extérieures, anciennes et nouvelles. En un mot : l’union fait la force.

Le drapeau qui décore la pochette en est l’expression la plus évidente : on retrouve dans cette illustration symétrique les différentes nationalités des membres du groupe. Logiquement, les références continuent à l’intérieur de l’album. Tout au long des onze titres de United, on s’aventure du côté du post-punk, du reggae, de la techno… Toute influence est bonne à prendre et assume pleinement son rôle à l’intérieur du grand melting-pot musical concocté par notre trio d’apatrides.

Étrange, inattendu, efficace

La diversité en étendard, c’est le principe même de ce projet. Pris individuellement, certains morceaux s’amusent même à devenir des mini-patchworks qui font de la pluralité leur bizarrerie. Prenons Running qui, en à peine trois minutes, part d’une ambiance pop-punk familière avant de se diriger vers un refrain au vocoder qui évoque Kid Cudi, pour être finalement rattrapé par une mélodie calquée sur l’«eurodance» des années 1990. Étrange, oui. Inattendu, même. Mais si efficace.

Dans cet album, Do Nothing et, surtout, England, sont deux pépites rentre-dedans qui frôlent la perfection

Pour vouloir faire un album qui se veut constamment joyeux et entraînant, Tristesse Contemporaine réussit son pari haut la main. Et pourtant, le résultat reste forcément inégal; c’est ce qui arrive quand le mélange de toutes choses est le principe de base du projet. Ce qui est une force à tel moment devient une faiblesse la minute d’après. Il serait même faux de dire que cela tient aux morceaux les plus «aspetisés» : Popstar et ses envolées vocales surtrafiquées peinent à convaincre, au même titre que l’«opener», Nothing Left to Win, et ses accents hip-hop qui ont du mal ici à trouver leur place, mais le chant d’union final, Forget – peut-être le titre le plus accessible –, reste un moment grandiose.

Une cartographie excentrique

La particularité de United est que la teneur tout entière de l’album est définie par ses moments les plus forts. Tout en haut trônent Do Nothing, petit manifeste punk de la procrastination teinté d’un non-sens tout anglais, et, surtout, le très synthétique England («Je prends un bain, c’est froid / Je vais dehors, il fait froid…»). Deux pépites rentre-dedans qui frôlent la perfection, auxquelles on se doit d’ajouter d’autres essais géniaux, la dub de Rock This Town, l’electrofunk de Sly Fox ou l’eurodance de XRaver.

Autant de titres qui tracent une cartographie excentrique mais non moins définie de ce qu’est Tristesse Contemporaine. Au risque de finir par oublier ceux qui s’éloignent trop de ces étranges frontières…

Tristesse Contemporaine, United. Sorti le 13 octobre. Label Record Makers. Genre electro

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