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[Album de la semaine] The HIRS Collective : bruit et fureur 


Écouter cette nouvelle livraison de HIRS, c’est un peu comme entrer dans une machine à laver en mode essorage. (Photo :

We’re Still Here (hardcore/metal), de The HIRS Collective. Sorti le 24 mars sur le label Get Better Records.

Conseil pour les oreilles sensibles : passez votre chemin! Car il est ici question d’assauts tapageurs, de murs de sons aussi imposants que ceux de Babel, de guitares agressives, de batteries lourdes à en faire exploser les peaux et de morceaux joués à fond la caisse, comme si la survie en dépendait.

Écouter cette nouvelle livraison de HIRS, en l’occurrence dix-sept chansons condensées sur trente minutes, c’est un peu comme entrer dans une machine à laver en mode essorage. On en sort ahuri, épuisé et en lambeaux, avant, masochiste, de remettre ça et refaire le plein de «core» (deathcore, hardcore, grindcore…). Difficile, de toute façon, de distinguer tous les styles et l’étendue de la gamme proposée. La claque est trop intense pour avoir les idées claires.

Un souffle s’impose tout de même pour remonter aux sources : actif depuis 2011 du côté de Philadelphie (Pennsylvanie), HIRS fonctionne comme une communauté, sans véritables limites dans sa composition, variable à souhait, et ses envies.

En soutien aux minorités

Quelques principes régissent tout de même l’ensemble : d’abord l’importance donnée au groupe, qui prime sur les membres qui le composent. Ensuite la nécessité, pour être totalement libre, de l’autogestion (le label Get Better Records, animé par le collectif, en est l’affirmation).

Enfin, dans le discours, la volonté de soutenir les minorités, celles qui «doivent constamment faire face à la violence, à l’oppression et à la marginalisation». Chez lui, le slogan pourrait être «ni Dieu, ni maître, ni individu». Oui, les racines sont punks, mais la manière de les exprimer est encore plus brutale.

HIRS, ce serait finalement une sorte de mélange entre les anarchistes emblématiques de Crass et la puissance de feu du trop éphémère Nailbomb. En témoigne une décennie faite de bruit et de fureur, ponctuée par de nombreux albums «brûlots», dont les copieuses compilations The First 100 Songs (2012), The Second 100 Songs (2015) et The Third 100 Songs (2021).

Un «who’s who» des artistes les plus influents

Oui, l’inspiration du collectif pour produire des hymnes sauvages et intransigeants en réponse aux injustices semble inépuisable. La preuve : après sa plus belle réussite discographique jusqu’alors, le plus contenu et «abordable» Friends. Lovers. Favorites. (2018), la troupe revient à la charge cette année en compagnie… de trente invités! Car quand HIRS lance un appel, la communauté répond sans rechigner.

We’re Still Here s’apparente en effet à un «who’s who» des artistes les plus influents de la scène rock, punk et hardcore «underground». Dans le lot, la plus connue est Shirley Manson, la rouquine de Garbage.

Pour les connaisseurs, la liste des autres noms qui prêtent leur talent et crachent leur venin sur le disque est édifiante : on y trouve en effet des membres, pêle-mêle, de Soul Glo, Melt-Banana, Converge, My Chemical Romance, Screaming Females, Thursday, Gouge Away, Touché Amoré, Fucked Up, Anti-Flag, Ghösh… La liste est encore longue et on comprend mieux pourquoi HIRS se voit comme «sans fin, infini». We’re Still Here, rien qu’à travers son nom, le confirme.

Un mélange de colère, de joie bruyante et de catharsis

Mieux, l’expression «l’union fait la force» ne pourrait être plus appropriée quand on voit la façon dont cette bande, en désordre, attaque le disque dans un mélange de colère, de joie bruyante et de catharsis. Dedans, elle s’amuse à mélanger plusieurs styles extrêmes, à l’instar d’un bonbon acidulé qui agirait comme un sucre sur une dent cariée : les guitares se multiplient et s’empilent tandis que les riffs, les cris et les rythmes défilent à toute vitesse.

Au creux de la mêlée, de rares pauses, un saxophone qui semble s’être perdu et un peu de hip-hop aussi. De la première seconde à la fin de l’album, HIRS saisit l’auditeur par le col et ne le lâche plus.

C’est que le message doit être passé, coûte que coûte : «HIRS est une thérapie pour nous-mêmes et pour tous ceux qui ressentent le besoin de crier à pleins poumons pour un jour de vie de plus». La démonstration ne laisse aucune place à l’ambiguïté.