La chanteuse canadienne aux 75 millions d’albums vendus à travers le monde a délivré un concert plein de souvenirs, ce mardi, à la Rockhal.
Dès les premières notes, on a les poils qui se dressent, c’est un peu comme une madeleine de Proust», résume Julien, quelques minutes après la fin du show donné mardi soir par l’icône des années 90, Alanis Morissette. Dans la grande salle de la Rockhal, pleine à craquer, la chanteuse canadienne a dispensé une puissante onde de nostalgie pendant 1 h 15 de concert. «Ça m’a replongé trente ans en arrière, quand j’ai commencé à l’écouter», ajoute Nicolas, qui voyait pour la première fois son idole.
Trente ans, c’est justement le nombre d’années qui nous séparent de la sortie de l’album emblématique de la star : Jagged Little Pill. Un disque vendu à plus de trente millions d’exemplaires à travers le monde et dont nous avons tous, au moins un jour, fredonné quelques paroles.
Une voix qui n’a pas changé
Pour cet anniversaire et face à un public qui n’attend que de vibrer sur ses hits, Alanis entame le concert avec Hand In My Pocket. L’énergie surpuissante de la Canadienne, surmontée d’un sourire qu’elle gardera tout au long du show, éclaire instantanément l’immense espace. Les 6 500 fans sont dans la poche de l’artiste, prêts à voyager avec elle dans ce qui est devenu une capsule temporelle ressuscitant les nineties.
On a l’impression que le temps n’est pas passé
Toujours en piochant dans Jagged Little Pill, elle enchaîne avec la chanson Right Through You avec, en fond, une projection où les chiffres des violences faites aux femmes défilent. Douze ans après sa dernière venue dans la salle luxembourgeoise, la chanteuse vient d’asséner coup sur coup deux déflagrations de ses capacités vocales phénoménales à l’ensemble de l’assistance.
«Elle n’a rien perdu de sa puissance vocale, on a l’impression que le temps n’est pas passé et qu’on se retrouve comme à l’époque», souligne Vincent, encore sous l’émotion du spectacle. «Elle est somptueuse et très naturelle», renchérit Alicia. «Elle a une voix qui ne change pas, j’étais très émue de la voir.»
Après cette entrée qui a mis tout le monde d’accord, Alanis Morissette fait chanter le public sur une chanson plus récente, Reasons I Drink, avant de délivrer une série de tubes avec la grâce et l’enthousiasme qui la caractérisent. Ses cheveux tournoient, elle s’agenouille devant l’intensité des solos de guitare, affichant toujours un sourire et une sincérité qui font briller d’émotion les yeux des fans.
Des fans qu’elle va surprendre à la moitié du show en disparaissant brusquement de la scène principale pour apparaître avec ses cinq musiciens sur une plateforme en plein milieu de la foule. L’effet est total, le public est étourdi et le bonheur gagne ceux qui jusqu’alors ne la voyaient que de loin. «On était vraiment tout près d’elle, on avait l’impression d’être ses amis», commente Jean-Thomas, qui s’est retrouvé subitement très bien placé.
Démarre alors une partie acoustique durant laquelle quelques fragiles flammes de briquet apparaissent. Un moment suspendu où elle interprète Rest et Mary Jane et parvient à plonger cet immense espace dans une ambiance des plus intimistes.
Une fin sous forme de merci
Sous les applaudissements, Alanis Morissette regagne la scène principale pour reprendre le cours du spectacle. Et devant une foule encore abasourdie, la star balance les premières notes de son plus grand hit : Ironic. D’une seule voix et submergées par une joie difficilement contrôlable, les 6 500 personnes reprennent le refrain : «It’s like raaaaaiiinnnnn».
Pendant encore trois chansons, dont la géniale You Oughta Know, également issue de Jagged Little Pill, Alanis Morissette dessert une prestation efficace et habitée, ponctuée par des envolées à l’harmonica. Après un peu plus d’une heure, le show touche doucement à sa fin. Si à la sortie, de nombreux fans, comme Jessica, auraient apprécié «quelques chansons supplémentaires», le sentiment général est à la joie béate après un show maîtrisé durant lequel la Canadienne aura fait preuve d’une liberté et d’une sincérité qui ont sauté aux yeux de tous les spectateurs.
En guise de bouquet final, les notes de la chanson Thank U résonnent dans la Rockhal. Sur l’écran géant placé derrière la star, les messages d’inconnus s’enchaînent sous la forme de posts sur les réseaux sociaux. Des mots de remerciement et de gratitude envers la vie, l’amour, l’amitié… De quoi reprendre avec émotion et pour une dernière fois en chœur ces paroles que tous connaissent. Avant la prochaine fois.


