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Aides et soins à domicile : «Les besoins évoluent, on doit anticiper»


Virage ambulatoire, pénurie de personnel, digitalisation : Catherine Gapenne et Paul Bach n’éludent pas les problématiques.

Deuxième réseau d’aides et de soins à domicile du pays, Help a augmenté son volume d’activité en 2022 et tient la barre dans un secteur soumis à de multiples difficultés, entre virage ambulatoire et pénurie de personnel.

Lancé il y a 25 ans avec une trentaine de collaborateurs, le réseau Help ne cesse de se développer : en 2022, près de 7 300 personnes dépendantes ou malades ont bénéficié du soutien de ses 1 300 infirmiers, aides-soignants, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, psychologues, éducateurs, aides socio-familiales, ménagères et agents administratifs. Ce qui en fait l’un des piliers du secteur, derrière la Stëftung Hëllef Doheem et ses 2 000 employés.

L’an dernier, les partenaires du réseau Help – la Croix-Rouge luxembourgeoise, l’hôpital intercommunal de Steinfort et les associations Syrdall Heem et Uelzechtdall – ont vu le nombre d’actes effectués au titre de l’assurance dépendance gonfler de 4,4 % par rapport à 2021.

Et pour répondre à cette demande de plus en plus forte, Help a ouvert sa 22e antenne locale de soins à domicile à Wemperhardt, afin d’être plus proche des résidents dans le nord, tandis qu’une quatrième structure de logements encadrés vient tout juste d’ouvrir ses portes à Vianden avec une capacité d’accueil de 70 personnes (lire notre édition du 22 juin).

«Les besoins et les attentes des personnes dépendantes et malades évoluent, comme les contraintes des proches aidants qui les soutiennent. On doit les anticiper et les prendre en compte», explique Paul Bach, président du conseil d’administration de Help.

La création d’un nouveau poste de coordinateur médical s’inscrit d’ailleurs dans cette démarche. L’organisation s’est dotée il y a quelques mois d’un médecin affecté uniquement à la coordination des parcours de soins. Un concept innovant : «Les pathologies chroniques augmentent et nécessitent un suivi particulier, tout comme les hospitalisations des patients. Ce médecin est chargé de s’assurer que tout se passe de manière optimale, en collaborant avec le médecin de famille, les infirmiers-relais, les hôpitaux et d’autres acteurs», précise Catherine Gapenne, directrice du service d’Aides et de soins de la Croix-Rouge.

Les responsables du réseau Help affirment ainsi mettre tout en œuvre face aux nouveaux enjeux, qui sont nombreux. «Le vieillissement de la population fait émerger de nouveaux besoins en termes de prise en charge psycho-gériatrique», rappelle d’abord la directrice. Elle cite aussi le volet de la digitalisation, qui exclut une partie des gens dont le réseau s’occupe et qu’il faut accompagner, car «les nouvelles technologies constituent aussi de réelles avancées dans le domaine de la santé», souligne-t-elle. Le système de téléalarme Help24 qui inclut assistance et géolocalisation en est un bon exemple.

«Pouvoir travailler dans les règles de l’art»

Le président pointe ensuite le challenge que représente le virage ambulatoire dans un contexte de pénurie de personnel qualifié : «Là où, auparavant, un patient passait trois à cinq jours à l’hôpital, aujourd’hui c’est une journée, et il faut bien assurer les soins à domicile ensuite.»

Pour y parvenir, Michel Simonis, directeur de la Croix-Rouge, veut miser sur l’attractivité en tant qu’employeur et l’évolution de ses équipes : «Il faut être clair, le nerf de la guerre, ce sont nos collaborateurs sur le terrain, et pour attirer de nouvelles recrues, ce qui va faire la différence, c’est la qualité de l’accueil et la formation.» En 2022, plus de 1 100 employés ont suivi au moins un programme de formation continue au sein du réseau.

Enfin, après la série de scandales qui ont secoué le secteur des soins aux personnes dépendantes – le groupe Orpea épinglé en France pour maltraitance sur ses résidents, ou la société Heem.lu au Luxembourg, accusée d’escroquerie –, le directeur des soins, Castor Aguilera, insiste sur les conditions de travail : «Nos équipes doivent pouvoir travailler dans les règles de l’art et dans un environnement sain dans lequel elles peuvent s’épanouir. À nous de trouver des modes d’organisation adaptés pour leur offrir un bon équilibre vie familiale-vie professionnelle.»

Il se dit notamment conscient des difficultés de mobilité des collaborateurs frontaliers et veut «réfléchir à des solutions rapides» pour les soulager.