Un peu plus de reconnaissance, une valorisation du métier, une meilleure formation et, accessoirement, un meilleur salaire. Les aides-soignants revendiquent, les politiques agissent.
Ils souffrent encore de certains clichés réducteurs. Les aides-soignants ne se limitent pas à faire la toilette aux malades et aux personnes âgées, ils sont souvent leurs interlocuteurs privilégiés, des multitâches qui ont acquis des compétences indéniables au fil de leur expérience.
Ce qu’ils revendiquent à travers leur pétition débattue hier à la Chambre des députés. «Nous souhaiterions plus de reconnaissance pour notre métier et qu’il soit revalorisé», indique en premier lieu Bryan Jaeger, accompagné de son frère Kim, tous deux aides-soignants depuis quatre ans.
Acclamés pendant la pandémie où ils étaient indispensables dans tous les services hospitaliers et auprès des personnes âgées à domicile, les aides-soignants craignent d’être retombés dans l’oubli.
La pétition qui a recueilli plus de 4 500 signatures est destinée à rappeler aux décideurs politiques qu’il existe un métier où les possibilités de progression de carrière sont faibles, pour ne pas dire nulles.
Contrairement à d’autres pays, le Luxembourg ne permet pas aux aides-soignants d’emprunter des passerelles pour les mener vers une carrière d’infirmier. «Non pas que tous les aides-soignants veuillent devenir infirmiers, mais cette possibilité devrait leur être offerte», exprime Kim Jaeger.
Actuellement, cette passerelle n’existe qu’au stade de la formation initiale où il est possible de rattraper une section «infirmier», mais en perdant une année scolaire, comme leur précisera la ministre de la Santé, Martine Deprez.
«Les aides-soignants ne sont pas obligés de reprendre tout le cursus dans la mesure où ils ont acquis un certain nombre de compétences au cours de leur carrière», fait observer Adèle Fiorucci-Lang qui a déjà une longue expérience derrière elle.
Les revendications salariales font partie du paquet présenté par les pétitionnaires, mais ne sont pas en tête de leurs priorités. Certes, le montant de 3 600 euros bruts mensuels en début de carrière pourrait être revu à la hausse, mais c’est surtout la reconnaissance de leur métier, la formation et l’évolution de carrière qui les préoccupent en premier lieu.
Leurs homologues allemands ont plus de prérogatives dans l’exercice de leur profession et c’est aussi ce qu’ils demandent de revoir au Luxembourg.
Les députés ont apprécié l’échange qui leur a permis de mieux cerner le profil des quelque 6 000 aides-soignants occupés à travers le pays, entre les hôpitaux, les établissements pour personnes âgées, les réseaux de soins à domicile.
La ministre Martine Deprez partage les préoccupations des pétitionnaires dans la mesure où la relève risque de faire défaut dans le métier. Moins de 200 élèves sont actuellement en formation, c’est peu.
Débat à venir
L’aide-soignant soutient et aide le patient dans les activités quotidiennes que ce dernier ne peut exécuter lui-même, comme l’alimentation, la mobilisation, les soins d’hygiène et de confort.
Il intervient également dans le maintien et la promotion de la santé et de l’autonomie, la surveillance et les soins. C’est ainsi que le métier est décrit dans les catalogues scolaires. Question revalorisation, Martine Deprez admet que le nom du métier d’aide-soignant pourrait être changé pour éviter cette notion de second qu’il sous-entend.
Lors du huis clos qui a suivi le débat, les députés ont décidé d’organiser une réunion jointe entres les commissions de la Santé, de l’Éducation de l’Enseignement supérieur et des Pétitions afin de débattre de l’avenir de la profession.
Plus de certificat de virginité
Le deuxième débat de la journée d’hier était consacré à la pétition réclamant une loi pour interdire les certificats de virginité (lire Le Quotidien du 10 avril dernier).
Cette interdiction étant prévue dans l’accord de coalition, la pétition ouverte à signature avant la formation du nouveau gouvernement a techniquement déjà atteint son but.
Les pétitionnaires ont parlé d’une victoire dans le domaine de l’évolution des normes de la société et du cadre législatif, mais ont affirmé d’une manière plus générale «qu’il restait encore beaucoup à faire» en ce qui concerne la promotion des droits humains.
Les modalités exactes de l’interdiction de l’établissement des certificats de virginité restent à définir, comme l’a affirmé la Ministre de la Santé, Martine Deprez, lors du débat public, en indiquant que le gouvernement allait fortement s’inspirer du modèle français qui condamne les médecins délivrant de tels certificats.
«En Grande-Bretagne, même la reconstruction de l’hymen est interdite; elle le sera au Luxembourg aussi», a jouté la ministre.