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Ahmed Sylla à la Rockhal : rire et réfléchir


Ahmed Sylla a fait salle comble dimanche à la Rockhal.

L’humoriste français était au Luxembourg dimanche pour présenter son nouveau one-man-show, Origami. Un spectacle qui a conquis le public de la Rockhal.

«Luxembourg, est-ce que ça va?» Dans la pénombre de la scène de la Rockhal, Ahmed Sylla fait son entrée, sous les applaudissements chaleureux du public. Pour ce dimanche soir, la salle affiche complète. Voilà cinq ans que le grand public attendait le retour de l’humoriste qui s’est fait connaître à la télévision française dans l’émission On n’demande qu’à en rire sur France 2.

Depuis ses débuts, il y a plus de dix ans, le Français, originaire de Nantes, a enchaîné les spectacles (quatre au total) mais aussi les projets sur le grand écran. Au cinéma, on l’a surtout vu dans le long-métrage humoristique, l’Ascension. «Je l’ai connu grâce à ce film», confie une spectatrice belge originaire d’Arlon. Mais aujourd’hui, Ahmed Sylla s’est aussi fait une place sur les réseaux sociaux. «On l’a découvert sur Tiktok», glisse Philippe, 23 ans.

Ahmed Sylla a fait salle comble dimanche à la Rockhal.

Pour son retour, l’humoriste a mis, comme il le dit, «le paquet». Et cela commence dès ses premiers sketchs. «Cinq ans, c’est long, c’est un quinquennat, on ne s’est pas vus pendant un Macron». Dans son introduction, tous les sujets qui ont marqué l’actualité durant ces cinq dernières années y passent : le covid, la vaccination, la défaite de l’équipe de France de football à la Coupe du monde en 2022, les punaises de lit, Macron et «sa poudre de perlimpinpin», la mort d’Elizabeth II, l’élection de Joe Biden, TikTok…

Ces deux spectateurs belges ont découvert Ahmed Sylla avec le film l’Ascension. Photo : emilie dias

Des numéros bien ficelés où il ajoute quelques références sur les clichés du Grand-Duché. «On se fait beaucoup d’oseille, ici?», «je suis en lieu sûr au Luxembourg, quand je joue ce spectacle en France, je risque deux contrôles fiscaux, au cul», s’exclame-t-il devant un auditoire hilare.

Un public avec lequel il interagit aussi beaucoup. Quand il demande à un spectateur ce qu’il fait dans la vie, et que ce dernier lui répond : «Je travaille au Cargo (NDLR : Cargo Center)». La scène est cocasse. «Ah, tu travailles pour des cargaisons de bateaux», lui rétorque l’humoriste avant de renchérir, «ah non pour DHL». Toujours pas.

Un sketch sur le féminicide

Dans ce spectacle, Ahmed Sylla se livre également sur sa vie, sous forme de scoops. Des «révélations» où il aborde plusieurs sujets de société avec un ton plus intimiste et personnel. Parmi eux, le racisme, la sexualité, l’amour («C’est qui le con qui a inventé les papouilles?»), la religion. Les mots sont bien choisis et le ton à la fois sérieux et détendu.

Il fait aussi son mea-culpa. Il regrette d’avoir, lors de ses anciens spectacles, fait de nombreux sketchs en imitant «l’accent sénégalais de ses parents». Exit cet humour, parfois resté dans le cliché, Ahmed Sylla joue là sur l’autodérision et l’émotion, où il rend aussi hommage à ses parents immigrés, arrivés dans les années 1980 en France. D’ailleurs, le nom de son spectacle, Origami n’a pas été choisi au hasard.

L’humoriste enchaîne aussi les sketchs avec des personnages souvent beaufs, stéréotypés. «ll ne fait pas de la langue de bois. Il aborde tous les sujets de manière percutante», faisait remarquer Geneviève, 51 ans, quelques minutes avant le spectacle d’Ahmed Sylla. En abordant le sujet de l’égalité et des femmes, l’humoriste prend un chemin que l’on ne lui connaissait pas. Et le sujet qu’il choisit, le féminicide, est, au premier abord, très surprenant pour un spectacle d’humour.

Pour cette famille d’Hagondange, Ahmed Sylla fait partie de leurs humoristes favoris. Photo : emilie dias

Pourtant, avec ses personnages toujours très beaufs et misogynes, Ahmed Sylla arrive à dénoncer des situations bien réelles. Celles des femmes qui ne sentent pas écouter dans les commissariats lors du dépôt d’une plainte ou dans les tribunaux lors des jugements. Les rires s’arrêtent pour écouter et aussi réfléchir sur ce fléau toujours très présent dans la société. «Merci à toutes les associations qui œuvrent pour les femmes victimes de violences, et je sais qu’il y en a aussi au Luxembourg», dit-il.

Un moment étonnant et émouvant qui a aussi marqué de nombreux spectateurs rencontrés à la fin du one-man-show. «Je pense que c’est important de faire passer ce message, et il l’a bien fait», commente Miguel, 35 ans. «C’est un moment qui m’a interpellé. Alors, oui, nous n’avons pas vraiment ri, mais ça nous fait réfléchir sur ce sujet qui touche encore trop de femmes aujourd’hui», ajoute Sophie.

Après 1 h 45 de show et d’une énergie débordante, Ahmed Sylla conclut son spectacle avec une dernière et impressionnante interaction avec le public luxembourgeois, totalement séduit par ce spectacle.

 

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