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Agrivoltaïque : le Luxembourg va cultiver l’électricité


Les ombrières sont un type de centrale agrivoltaïque. Cette installation permet de coupler une production agricole à une production photovoltaïque.  (Photo : afp)

Le gouvernement s’engage, avec les acteurs de terrain, sur une nouvelle piste de production d’énergie renouvelable. À terme, des panneaux photovoltaïques doivent investir les champs agricoles.

Les installations photovoltaïques sont un élément important de la transition énergétique. Une telle installation devrait se trouver sur chaque toit qui s’y prête», est venu souligner, le 11 octobre, le Premier ministre lors de son discours sur l’état de la Nation. Le gouvernement en place s’engage à débloquer les moyens, aussi financiers, pour permettre à tout propriétaire de se doter de panneaux solaires. Plus encore : «Le gouvernement introduira l’obligation, après une phase de transition, d’installer un système photovoltaïque sur le toit entier de chaque nouvelle construction.»

Les plans étatiques ne s’arrêtent cependant pas aux bâtiments. Depuis 2018, des appels d’offres ont déjà été lancés pour installer du photovoltaïque flottant sur des bassins d’eau, des panneaux fixes sur des terrains industriels et, aussi, des ombrières photovoltaïques qui recouvrent des parkings.

L’énergie solaire «nourrit» déjà 180 000 habitants

Le résultat chiffré est là. En 2020, les panneaux photovoltaïques installés sur le territoire luxembourgeois ont déjà couvert les besoins en électricité de quelque 120 000 personnes. Cette tendance s’est confirmée en 2021 avec 1 264 nouvelles centrales installées, ce qui équivaut à une capacité augmentée de 90 mégawatts. Fin 2021, presque 10 000 centrales photovoltaïques avec une puissance globale de 277 mégawatts étaient raccordées au réseau, pouvant couvrir les besoins en électricité d’environ 180 000 personnes. 

Hier matin, a été présentée une nouvelle initiative pour continuer à développer l’énergie solaire au Luxembourg. À terme, il est prévu de cultiver l’électricité sur les champs agricoles du pays. Il existe différents types de centrales. L’objectif est le même : concilier production d’électricité renouvelable et production agricole, tout en favorisant le développement de la biodiversité.

«Ces terres agricoles devront rester primordialement vouées à la production durable de denrées alimentaires», précise d’emblée le ministre de l’Agriculture, Claude Haagen. La perte maximale de la surface agricole due à l’installation est fixée à 10 %. Les exploitants agricoles qui acceptent de s’engager sur cette voie resteront d’ailleurs éligibles aux aides à la surface prévues dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). 

Un premier projet pilote

Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, souligne l’importance de «permettre aux agriculteurs de devenir des acteurs à part entière de la transition vers une production d’énergie propre et produite localement». Ce ne sera cependant pas pour demain. Le premier pas est un appel d’offres lancé par l’État pour l’installation et l’exploitation de centrales agrivoltaïques, le tout dans le cadre d’un projet pilote. La date limite pour introduire son projet est fixée au 1er août 2023. Le cahier des charges a été établi après la consultation d’experts, mais aussi de tous les acteurs concernés, dont des ONG, qui ont pu participer à un atelier en janvier dernier. Une boîte à outils doit permettre aux candidats intéressés de préparer au mieux leur dossier.

Vers une hausse de 20 % des capacités

Pour le ministère de l’Environnement, le volet de la protection et de la promotion de la biodiversité est d’«une importance cruciale». Le cahier des charges comprend les éléments pour s’assurer que, dès la planification du projet, la pratique agricole extensive, l’optimisation de la biodiversité et la protection de la nature soient respectées sur le champ en question.

«Le projet pilote vise à démontrer à quel point des synergies peuvent être trouvées entre le développement de l’énergie renouvelable, la protection de la nature et la pratique agricole. Il est intéressant d’un point de vue écologique que nous poursuivons la transition énergétique tout en promouvant la biodiversité au Luxembourg», affirme la ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring.

Dans un premier temps, les centrales agrivoltaïques doivent permettre d’atteindre une production d’électricité de 50 mégawatts. Si ce cap est atteint, le Grand-Duché parviendrait à augmenter de presque 20 % sa capacité d’énergie solaire.

Quelles centrales sur quels types de champ?

CENTRALE AU SOL Sont éligibles les prairies utilisées pour la production de fourrage ou pour l’élevage, y compris l’aviculture (élevage de volaille), ainsi que les terres arables, y compris les cultures spéciales comme le maraîchage, l’arboriculture (arbres fruitiers) et la viticulture.

BIFACIAUX ET TRACKER Dans la même catégorie tombent les centrales à panneaux bifaciaux verticaux (production d’électricité sur les deux faces du panneau solaire) et le tracker solaire (panneau avec pied motorisé qui s’oriente en fonction de la position du soleil).

OMBRIÈRES Les ombrières sont des installations permettant de coupler une production agricole à une production photovoltaïque. Sont éligibles les cultures spéciales, telles que le maraîchage, l’arboriculture et la viticulture.

SURFACES EXCLUES Ne sont pas éligibles pour l’agrivoltaïque les réserves naturelles, les zones «Natura 2000», les zones à biotopes protégés, les forêts, les zones de protection des eaux et les prairies permanentes riches en espèces.

Un commentaire

  1. Le photovoltaïque sous nos latitudes, c’est de la folie: en hiver, quand on a le plus besoin d’électrkicité, la production est très faible et doit être compensée par des centrales pilotables (gaz, charbon ou nucléaire.
    Par ailleurs le prix de revient du kWh est très élevé.
    Une très, très mauvaise idée donc.