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Agriculture : le Luxembourg sensibilise au bio


Josy Thill (à d.) explique avoir pris le virage du bio pour «préparer l’avenir de (ses) enfants», futures gérantes de sa ferme. (Photo : alain rischard)

La Bio-Woch permet d’ouvrir aux consommateurs les portes des producteurs et de mieux comprendre leurs repas. La Biovereenegung espère ainsi faire progresser son label.

L’agriculture biologique occupe une place croissante au Luxembourg. Si elle ne représente encore qu’environ 10 % des surfaces agricoles du pays, son attractivité est en progression. C’est tout l’enjeu de la Bio-Woch, campagne nationale de sensibilisation au bio, organisée pour la troisième année. L’association «Vereenegung fir Biolandwirtschaft Lëtzebuerg» (ou Biovereengung), initiatrice de l’événement, veut avant tout rapprocher le bio de la population. «L’agriculture biologique est une composante incontournable du Luxembourg.

Ses prestations pour la nature et donc pour la société sont si précieuses qu’il faut sans cesse les mettre en avant», explique la directrice, Daniela Hoesen. Son assistante, Anne Hoffman, insiste sur le rôle de sensibilisation : «nous organisons beaucoup de portes ouvertes et de visites guidées pour montrer au public les coulisses des produits qu’ils consomment. Notre but est de montrer que le bio n’est pas niche, mais bien accessible et bénéfique à tous.»

Du 19 au 28 septembre, exploitations, communes, restaurants et supermarchés se mobilisent pour valoriser le savoir-faire des producteurs et la qualité de leurs produits. Cette semaine spéciale met en place aussi une signalétique dans 12 communes : des panneaux fléchés installés orientent les passants vers le producteur bio le plus proche. Muni de QR codes, ces derniers permettent aussi de découvrir des informations pratiques sur les exploitations.

Une relève déjà assurée

La ferme de la famille Thill à Dippach fait partie de l’itinéraire. Autrefois centrée sur l’élevage bovin, la ferme a entamé une diversification de sa production, le tout avec une méthode bio. Josy Thill, le père, explique ce virage : «aujourd’hui, nous produisons aussi des œufs, des pois chiches, et dix autres sortes de légumes.» Le passage au bio n’a pas été sans bouleversements. «Cet élargissement nous a forcé à mettre en place une large rotation des cultures. C’est plus compliqué et prend plus de temps de travailler de cette façon, mais nous voulions vraiment prendre plus de temps et surtout stopper l’utilisation de pesticides.» Il explique d’ailleurs faire l’objet de plusieurs contrôles par an, certains par une agence allemande agréée et d’autres par l’État luxembourgeois. Josy Thill conclut que ce changement était destiné à «préparer l’avenir de nos enfants.»

En effet, la relève de cette ferme est déjà assurée. Trois sœurs Thill, dont Sara, sont déjà actives dans l’exploitation. Sara raconte que ce passage au bio a été «décidé ensemble, car cela correspond à nos valeurs». Elle ajoute que «c’est plus exigeant, mais c’est un beau défi.» Le bio leur a aussi permis de développer la vente directe et la coopération avec d’autres fermes bio. «Nous voulons être proches des consommateurs et renforcer les circuits courts. Le travail en collectif nous rend plus forts et mieux organisés.»

«Sans l’aide du ministère, ce serait difficile»

Si la mobilisation associative est essentielle, le ministère de l’Agriculture en est un partenaire incontournable. La ministre, Martine Hansen, rappelle que son rôle consiste à accompagner les exploitations qui franchissent le pas : «Nous les soutenons par des subventions, notamment avec le PAN-Bio. Nous finançons aussi des projets de recherche et d’innovation, et veillons à ce que les certifications, réalisées par des organismes agréés, soient correctement effectuées.» Josy le confirme, «nous touchons une prime par hectare pour l’agriculture biologique. Sans l’aide du ministère, ce serait difficile de continuer.»

Sur le terrain, les ambitions restent prudentes. L’objectif actuel, fixé par l’ancien ministre Romain Schneider, était d’arriver à 20 % de surfaces bio en fin d’année 2025. Le jugeant irréaliste, Martine Hansen prévoit d’atteindre «environ 10 % d’ici la fin de l’année. (…) Le futur plan d’action définira de nouvelles cibles plus adaptées», précise la ministre. Pour elle, développer le bio est avant tout une manière concrète d’apporter des solutions environnementales, tout en laissant aux exploitants le choix du rythme de conversion.

Ainsi grâce à ce soutien ministériel et à l’engagement des exploitations, le bio s’ancre peu à peu dans les fermes luxembourgeoises, posant les bases d’un avenir plus sain et durable.

Avoir le logo Bio, est-ce compliqué ?

La production avec le logo Bio Letzebuerg nécessite l’adhésion à la Biovereenegung, qui contrôle l’utilisation du label. Les exploitations doivent respecter les normes du règlement bio européen et un cahier des charges plus exigeant : sur l’origine des ingrédients (pour les produits mono-ingrédients, 100 % des ingrédients doivent provenir d’exploitations membres de Bio Letzebuerg et pour les produits mélangés, 55 %), sur le bien-être animal (avec des pratiques agricoles spécifiques). Elles sont également soumises à des contrôles spécifiques luxembourgeois, qui s’ajoutent aux contrôles européens.