Si la question du député ADR Fernand Kartheiser a échoué à obtenir toutes les réponses souhaitées à propos des agressions des chauffeurs de bus et du personnel des trains, elle nous vaut au moins d’avoir une vue statistique sur les agressions en général dans les transports en commun.
Si les questions du député réformateur à propos des agressions dans les transports en commun laissent facilement deviner où il veut en venir, il aura fait chou blanc pour une bonne partie d’entre elles. Ni la police, ni les opérateurs de bus, ni les CFL ne collectent de données sur le profil des agresseurs (âge, origine), lui ont répondu conjointement les ministres de la Mobilité, de la Justice et de la Sécurité intérieure.
Plus embêtant d’un point de vue statistique sue ce sujet qui fait régulièrement l’actualité : comme il n’existe aucune infraction spécifique portant sur les agressions contre le personnel des transports en commun, celles-ci sont versées dans le tout-venant des infractions pénales.
Les bases de données de la police ne permettent donc aucunement de répertorier les infractions pénales dans les transports en commun ou les gares. Elles ne permettent pas non plus d’obtenir des chiffres sur le cas particulier des chauffeurs de bus ou du personnel des trains, puisqu’elles ne les enregistrent que sous le statut de victime.
Des pics en 2017 et 2019
Il faut donc s’en remettre aux opérateurs des transports en commun pour avoir des chiffres sur les agressions commises sur les personnels depuis 2014 dans le transport ferroviaire et le transport routier. Et dans la foulée sur les agressions contre les passagers. Ces statistiques montrent des évolutions contrastées.
Les trains et les gares, après avoir connu un pic du nombre des agressions en 2017 (224), ont vu les infractions pénales régresser nettement jusqu’à 2022. Une évolution appuyée sans doute à partir de 2020 par la gratuité des transports et le confinement.
Ces deux facteurs ont simultanément valu au nombre d’agressions dans les transports sur route, tram compris, de connaître un effondrement en 2020 (36) après une progression continue depuis 2014 jusqu’à 2019 (76). Mais cette embellie n’a été que de courte durée, puisqu’un redécollage est à observer dès 2021 (60).
Pour ce qui concerne les agressions contre les passagers commises dans les transports publics dans leur ensemble, une hausse constante, qui n’a pas même été enrayée par le confinement, est visible depuis 2018 (44 agressions) jusqu’à 2021 (82). Et les premiers chiffres de 2022 n’augurent rien de bon en la matière.
Enfin, les questions du député ont aussi porté sur la protection des personnels des transports en commun. S’agissant d’une systématisation des cabines de protection ou des accompagnateurs dans les bus, le gouvernement se montre dubitatif.
Si le principe de l’installation d’une cabine de protection pour les chauffeurs de bus a été approuvé par les opérateurs, les syndicats et le ministre de la Mobilité, une telle initiative se heurte toutefois à des problèmes pratiques et de coût.
La réponse ministérielle au député ADR souligne que ces cabines peuvent coûter de 1 000 à 17 000 euros en fonction du niveau de sécurité souhaité et que le seul RGTR, par exemple, opère plus de 1 400 bus. On imagine la facture et d’ailleurs aucun budget n’est prévu pour un tel équipement 2022.
Quant à la question des accompagnateurs dans les bus, en raison de la taille du réseau, un tel système ne serait tout bonnement «pas réalisable», disent les ministres.
Quoi qu’il en soit, quand le pire arrive, le personnel des CFL (rien n’est dit dans la réponse ministérielle sur les chauffeurs de bus) peut s’en remettre à ce qu’il aura appris lors des formations qu’il aura suivies pour faire face aux situations dangereuses ou pour gérer les situations conflictuelles. Et après une agression, le personnel des CFL peut se tourner vers le service Psychologie.