Ahmad souffre-t-il d’un trouble psychologique qui expliquerait l’agression perpétrée ? Son avocate a demandé une expertise psychologique avant que le tribunal ne se prononce sur son sort.
«Savez-vous qui se trouve en face de vous ?» Me El Handouz interroge la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement à propos d’Ahmad, un réfugié irakien de 36 ans. Assis sur le banc des prévenus, le jeune homme a l’air absent. À ses côtés, un interprète lui traduit tout ce qui se dit durant l’audience. Il est accusé d’avoir tenté de voler un smartphone à un homme au parc Gerlache à Differdange et d’avoir menacé de mort une femme à un arrêt de bus. Le prévenu reconnaît mollement le vol, mais ne se rappelle ni la dame ni les menaces proférées. «Je n’étais pas dans mon état normal», prétend-il.
Le nœud du problème est là. Le prévenu a-t-il agi en pleine conscience de ses actes ou son état mental a-t-il aboli ses capacités de discernement au moment des faits, les 21 et 31 août derniers ? «Je ne suis pas médecin, mais son comportement quand nous l’avons interpellé n’était pas normal», précise un inspecteur de la police de Differdange. Une amie du prévenu explique que «depuis le mois de mars dernier, son état a changé. Il s’est isolé. Il était agité, tenait des propos incohérents et avait l’air perdu. Mon compagnon et moi nous sommes inquiétés. Sa famille et son frère jumeau lui manquent.»
Giovanna, elle, reste traumatisée de sa rencontre avec le prévenu. Elle était sortie jusqu’à l’arrêt de bus en bas de chez elle pour vérifier les horaires. Ahmad était assis à l’arrêt. «Il a mimé le geste de m’égorger et il m’a insultée en me suivant dans la rue. Je ne l’avais jamais vu avant», se souvient-elle. «Il s’est mis à crier tout d’un coup. Il n’avait pas du tout l’air bien. Je pense qu’il devait avoir un problème. Il n’avait pas l’air d’avoir bu.»
Malgré cet état préoccupant, aucune expertise psychiatrique n’a été ordonnée par le parquet en vue de son jugement. Ce que dénonce Me El Handouz, qui a plaidé la nullité de la procédure judiciaire. Sans une telle expertise, impossible de savoir si le discernement de son client était aboli lors des faits par une maladie psychiatrique et de déterminer la volonté de commettre de tels actes. «Il s’est montré violent et a tenu des propos incohérents à son arrivée en détention provisoire au centre pénitentiaire. Suite à cela, il a été interné pendant un mois en hôpital psychiatrique», précise l’avocate.
Me El Handouz plaide en faveur de l’acquittement de son client. Elle demande en outre une expertise psychiatrique pour lever les doutes quant à l’état mental d’Ahmad et, plus subsidiairement, s’il devait être condamné, que la peine prononcée soit assortie d’un sursis probatoire avec obligation de suivre un traitement psychiatrique. La représentante du parquet a, quant à elle, souligné une certaine énergie criminelle – seuls une dizaine de jours séparent les deux faits – avant de requérir une peine de 15 mois de prison ferme contre le prévenu, qui avait déjà été condamné en 2018 pour coups et blessures.
Le prononcé est fixé au 9 mars.
À 85 km/h en trottinette
La trottinette est le moyen de transport principal de Christopher depuis quatre ans. Il n’a pas l’intention d’en changer. «C’est moins cher que la voiture», argumente son avocat, Me Noël. Cet homme de 37 ans est tellement à l’aise sur sa machine qu’il dévale l’Escher Poteau à 85 km/h. Le 15 juin dernier du moins. La vitesse maximale autorisée avec une trottinette est de 25 km/h.
En outre, circuler avec un véhicule roulant à plus de 45 km/h nécessite un permis de conduire et le véhicule doit être assuré. Christopher n’a pas de permis de conduire et sa trottinette n’était pas assurée. À la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, le prévenu explique avoir acheté la trottinette défectueuse à un prix moins élevé et l’avoir réparée lui-même. «J’ai oublié de connecter deux câbles», assure le prévenu, qui jure que la trottinette est bridée à 25 km/h depuis.
La représentante du parquet a requis une interdiction de conduire de dix-huit mois pour conduite sans permis et six mois pour conduite sans assurance. Elle ne s’est pas opposée à un sursis intégral de la peine.
Le prononcé est fixé au 28 février.