La dernière campagne choc de la Sécurité routière ne fait pas dans la dentelle. Malgré les critiques, elle ne sera pas retirée, car elle répond à une violence routière grandissante, répond Paul Hammelmann.
« Consciente de la cruauté du visuel, difficile à gérer pour les jeunes enfants, la Sécurité routière recommande aux parents de ne pas les laisser seuls avec une telle image et de leur fournir une explication adéquate. »
En juin dernier, pour le lancement de sa nouvelle campagne de sensibilisation, la Sécurité routière a mis les points sur les i. Pour rappeler les dangers de la vitesse, elle n’a pas hésité à afficher partout un «visuel pour le moins irritant, sinon cruel». Sauf que l’affiche ne plaît pas à tout le monde. Trop violente, trop choquante, surtout pour les enfants.
Paul Hammelmann, le président de la Sécurité routière, ne s’en cache pas : «On a eu beaucoup de retour suite à cette campagne», nous répondait-il mardi. En particulier de l’environnement éducatif, et de l’Ombuds-Comité pour les droits de l’enfant (ORK), à qui on a envoyé des réponses. Car si effectivement, des enfants ont été choqués, cela impliquait, et nous l’avons déjà dit dans notre communiqué initial, que les parents en discutent avec leurs enfants.»
Certes, mais pour ceux qui voudraient préserver leurs enfants de cette violence, difficile de les empêcher de regarder par la fenêtre sur l’autoroute. «C’est vrai. C’est pourquoi les parents doivent en discuter avec leurs enfants. C’est un but recherché, bien que nous ne voulions pas choquer les enfants, je l’admets volontiers. »
Fini de rire
«De toute façon, poursuit-il, nous faisons rarement des campagnes aussi crues. Je conçois que ce n’est pas trop original, qu’on aurait pu faire autrement. Sachant qu’il y a d’autres pays qui ne font que ça, ou plus fréquemment que nous, comme certains pays voisins. Mais nous sommes d’avis qu’il y a un certain nombre de concitoyens pour lesquels les campagnes classiques, amusantes ou autres, ne fonctionnent plus du tout. Ils ne comprennent rien aux risques qu’ils font encourir aux autres et à eux-mêmes. Pour eux, l’accident reste une fatalité, un manque de chance…»
Il cite par exemple l’accident au rond-point Raemerich, en juin dernier, qui a fait deux victimes. «Les chauffards sont inaccessibles aux appels à la raison. Je pense à une maman eschoise qui m’avait dit « le choc que vous ressentez en étant confronté aux images n’est rien comparé à l’intolérable intensité de la souffrance d’une mère qui perd son enfant ». C’est là notre but, empêcher ça.»
Pour toutes ces raisons, la Sécurité routière ne fera pas machine arrière : «Pas question de retirer cette campagne, on la laisse au moins toute l’été». Âmes sensibles, vous êtes prévenues.
Romain Van Dyck
Impressionnant !