Affaire Weidig : «Vous êtes une honte pour cette Chambre»

CSV, DP, LSAP, déi gréng, Parti pirate et déi Lénk ont sévèrement attaqué, mardi, l’élu de l’ADR, qui avait «liké», selon lui par mégarde, un commentaire transphobe publié sur Facebook.

L’image était assez inédite, ce mardi, à la Chambre. En début de séance plénière, les chefs de file du CSV, du DP, du LSAP, de déi gréng, du Parti pirate et de déi Lénk se sont réunis autour de la tribune pour déposer ensemble une résolution. Seul l’ADR manquait à l’appel, et pour cause : l’initiative pour poser ce «signal politique clair contre la haine, la discrimination et la violence», comme le résume Marc Spautz (CSV), a été motivée par un dérapage du député Tom Weidig, qui a «liké» sur les réseaux sociaux un appel à «lutter et exterminer» les LGBTIQ+.

Les cinq élus de l’ADR, y compris Tom Weidig, ont fini par voter en faveur de la résolution. Le fait que Fred Keup ait tenu à «clarifier» que son parti «condamne bien entendu ce qui a été écrit» dans ce commentaire n’a en rien permis de calmer les esprits. Il n’a d’ailleurs pas pris la défense de son collègue ou présenté des excuses. L’incriminé est, lui, resté muet, subissant, en hochant de la tête, les lourdes attaques formulées par ses collègues députés.

«Ça suffit! Il est important que nous levions la voix pour souligner sans équivoque que la pensée fasciste et national-socialiste n’a pas sa place, ni dans cette Chambre, ni dans la société», s’exclame un Gilles Baum (DP) à la fois ému et remonté. Les références aux atroces crimes commis par le régime nazi ont trouvé leur place dans quasiment toutes les interventions. Sven Clement (Parti pirate) a trouvé les mots les plus durs à l’envers de Tom Weidig : «Si vous soutenez l’extermination des LGBTIQ+, je n’ai plus d’autre choix que de vous traitez de nazi!».

«Vous êtes une honte pour cette Chambre!», renchérit Taina Bofferding (LSAP). Elle vise aussi l’ADR dans son ensemble : «Votre parti est toxique pour notre société, la cohésion sociale et la diversité».

Sam Tanson (déi gréng) s’est adressée à la députée Alexandra Schoos, présidente de l’ADR : «Où en est arrivé votre parti? Qu’est-ce que vous êtes encore prête à tolérer comme propos tenus en votre nom? Que faut-il pour que vous réagissiez?». Elle rappelle qu’un ancien membre, en l’occurrence Joe Thein, avait été exclu du parti après avoir liké un commentaire qui clamait que le ministre Jean Asselborn devrait subir le même sort que John F. Kennedy – être abattu par balles en pleine rue.

«En affichant votre soutien à l’appel pour exterminer les LGBTIQ+, vous ne faites plus partie de la démocratie. Il ne suffit pas de dire que vous avez agi dans le feu de l’action. Ce n’est pas une excuse», s’échauffe Marc Baum (déi Lénk).

Les différentes interventions ont à la fois visé l’auteur anonyme du commentaire et Tom Weidig. «Il s’agit d’un appel au meurtre dont la justice doit se saisir», insiste Gilles Baum. Le député libéral n’a pas précisé si des démarches pour dénoncer les propos au parquet ont déjà été engagées.