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Affaire Weidig : nouveau coup de pression sur l’ADR


Une lettre ouverte est adressée à la présidente de l’ADR, Alexandra Schoos, ici entourée par Fred Keup (à g.), Fernand Kartheiser et Tom Weidig (à d.).

C’est ce lundi qu’on saura si le député Tom Weidig sera sanctionné par son parti après s’être emporté contre les LGBTIQ+. Une alliance de six partis lance un appel pour que l’ADR prenne ses responsabilités.

CSV, DP, LSAP, déi gréng, Parti pirate et déi Lénk en remettent une couche. Après s’être présentés tous ensemble devant la Chambre des députés pour fustiger d’une seule voix le nouvel dérapage de Tom Weidig sur les réseaux sociaux, les leaders de ces six formations politiques ont adressé une lettre à la présidente de l’ADR, Alexandra Schoos, pour l’appeler à «engager sans délai les sanctions à l’encontre» de son député. Entre les lignes, une exclusion, voire une démission, de Tom Weidig sont réclamées. 

«Cette décision constitue non seulement une exigence morale, mais également un test de crédibilité pour votre parti, qui prétend défendre les valeurs démocratiques», souligne cette missive, signée pour le DP par Lex Delles et Carole Hartmann, pour le CSV par Alex Donnersbach et Françoise Kemp, pour le LSAP par Dan Biancalana et Francine Closener, pour déi gréng par François Benoy et Stéphanie Empain, pour déi Lénk par Carole Thoma et Gary Diderich et, finalement, pour le Parti pirate par Marc Goergen.

Dans la lettre, les représentants des six partis font part de leur «vive inquiétude face à des faits d’une gravité indéniable, qui ne sauraient rester sans réponse». Ils se réfèrent au like de Tom Weidig pour un commentaire sur Facebook appelant à «lutter et anéantir» (ou exterminer) les LGBTIQ+. «Cet acte constitue bien plus qu’un simple geste anodin. Il traduit l’adhésion implicite à un discours de haine et d’exclusion, fondé sur le rejet d’une partie de notre population en raison de son identité», condamnent les signataires.

«Une telle attitude est non seulement moralement répréhensible, mais également incompatible avec les principes de notre démocratie, qui reposent sur le respect inconditionnel de chaque citoyenne et citoyen, quelles que soient ses origines, sa religion, son apparence ou son orientation sexuelle», renchérit la lettre.

Cette dernière phrase résume la résolution soumise mardi à la Chambre et finalement adoptée à l’unanimité, y compris par l’ADR. Le chef de fraction Fred Keup a tenu à souligner que son parti condamne toute incitation à la haine ou à la discrimination de personnes. Tom Weidig s’était excusé par écrit en évoquant avoir liké le commentaire transphobe «dans le feu de l’action».

L’élu a subi de lourdes attaques en séance plénière, en se faisant notamment traiter de «honte pour cette Chambre» par Taina Bofferding (LSAP) et même de «nazi» par Sven Clement (Parti pirate).

«Une banalisation de l’extrémisme»

La lettre adressée à Alexandra Schoos dénonce également les autres dérapages commis par des membres de l’ADR. «Depuis plusieurs années, les dérives au sein de votre parti se multiplient. Publications exaltant Hitler, symboles SS arborés publiquement, diffusion de théories complotistes et alignements idéologiques avec des mouvements extrémistes étrangers : ces actes que vous qualifiez trop souvent de maladresses isolées, ne sont que des symptômes d’un problème profondément enraciné», constatent les signataires, qui dénoncent aussi que l’ADR «tolère systématiquement» sur ses réseaux sociaux des «commentaires haineux et violents».

Le parti ouvrirait ainsi la voie à «une banalisation de l’extrémisme et fragilise ainsi les fondations mêmes de notre vivre-ensemble et de notre société».

Aujourd’hui, le comité national de l’ADR va se réunir pour décider d’une éventuelle sanction à l’encontre de Tom Weidig, au bout d’une procédure disciplinaire lancée mercredi. Les six autres partis représentés à la Chambre estiment que la responsabilité de la présidente Alexandra Schoos «est engagée» : «L’heure n’est plus aux déclarations d’intention, mais aux décisions. Maintenir dans ses fonctions un élu qui cautionne un appel à l’anéantissement d’une communauté, c’est légitimer ce discours abject. Cette inaction ne serait rien d’autre qu’une caution tacite donnée aux partisans d’une idéologie haineuse et régressive».