Affaire One Coin : menacé d’extradition, l’ancien espion Frank Schneider en fuite

Rebondissement spectaculaire dans l’affaire judiciaire impliquant l’ancien n° 3 du service de renseignement du Luxembourg. Nos confrères de la radio 100,7 se sont vu confirmer, ce jeudi, par le parquet de Nancy, que Frank Schneider est en fuite. Il devait sous peu être extradé aux États-Unis dans le cadre d’une affaire de fraude à la cryptomonnaie.

Alors que la Première ministre française, Élisabeth Borne, a validé la demande d’extradition émanant du parquet de New York, l’ancien espion luxembourgeois a décidé de prendre la fuite. Il était assigné à résidence depuis la fin 2021, après avoir été arrêté par des forces spéciales en avril de la même année à Audun-le-Tiche.

Le parquet de Nancy, en charge de l’affaire, a confirmé à nos confrères de la radio 100,7 que la justice avait perdu la trace de Frank Schneider. Il se serait débarrassé de son bracelet électronique. Un mandat d’arrêt à son encontre a été émis.

Une demande d’aide rejetée par le Luxembourg

Après le rejet de son pourvoi devant la chambre criminelle de cassation, l’ancien numéro 3 du SREL, avait écrit une lettre ouverte au Premier ministre, Xavier Bettel, afin que le gouvernement luxembourgeois empêche son extradition vers les États-Unis. Une demande qui, à peine formulée, a été balayée d’un revers de la main en novembre dernier.

«Le Premier ministre et le gouvernement luxembourgeois n’ont aucune possibilité légale d’empêcher l’extradition d’un citoyen luxembourgeois qui ne se trouve pas sur le territoire luxembourgeois. Dans ce cas, c’est le gouvernement français qui prend la décision souveraine d’extrader ou non la personne concernée», s’était expliqué Xavier Bettel en réponse à une question parlementaire. Le CSV avait estimé que le gouvernement grand-ducal faisait fausse route.

Accusé de fraude et de blanchiment

Pour rappel, Frank Schneider est accusé de fraude et de blanchiment dans l’affaire «OneCoin», une affaire de cryptomonnaie frauduleuse qui a permis d’escroquer ses utilisateurs de plusieurs milliards de dollars entre 2014 et 2019. Il est considéré par la justice américaine comme un des cerveaux de l’affaire.

En décembre 2019, The Times avait qualifié l’affaire comme «une des plus grandes escroqueries de l’histoire». Le préjudice s’élèverait à des milliards de dollars.

En janvier 2022, la Cour d’appel de Nancy avait accordé son feu vert à l’extradition de l’ancien espion. Un pourvoi en cassation a également été rejeté par les juges français. Un ultime recours, après la validation de la demande de la justice américaine par le gouvernement français, reste – en théorie – possible devant le Conseil d’État. Une option que Frank Schneider semble avoir abandonnée au profit d’une fuite.

«Je ne peux pas aller en Amérique»

«Je ne peux pas aller en Amérique. Le système judiciaire américain ne me permet pas de prouver mon innocence. Je n’ai pas 6-8 millions de dollars pour financer une défense qui aurait une petite chance de succès», avait affirmé le Luxembourgeois dans sa lettre adressée au Premier ministre, Xavier Bettel.

Acquitté dans l’affaire du SREL

Frank Schneider était aussi au centre du procès du SREL, aux côtés de deux anciens collègues. En juin 2020, les juges ont tranché que l’ancien directeur des opérations du service de renseignement n’avait pas mené d’écoute illégale dans le cadre d’une enquête du service de renseignement, présentant des liens avec l’affaire Bommeleeër. Le procès d’appel, requis par le parquet, doit encore avoir lieu.