SÉLECTION NATIONALE Le soufflé ne retombe pas autour de la décision de Luc Holtz d’intégrer Gerson Rodrigues dans la sélection pour les amicaux de juin. La FLF continue de ne pas voir le problème et le ministère des Sports est beaucoup trop silencieux au goût de certains. Le DP a d’ailleurs interpellé Georges Mischo.
Visiblement, au Luxembourg, les scandales n’arrêtent pas encore les affaires. Le jour de la liste de Luc Holtz, vendredi dernier, la fédération a signé un nouveau contrat de sponsoring de deux années avec, ironie de l’histoire, Orange Communications Luxembourg. Avant ou après le moment où le sélectionneur a annoncé le plus normalement du monde qu’il continuait d’appeler Gerson Rodrigues ?
En tout cas, avant que plusieurs députées (Taina Bofferding, Barbara Agostino, Mandy Minella…) ne montent au créneau pour dénoncer le maintien sous la bannière nationale d’un attaquant condamné en appel pour faits de violences domestiques (entre autres) à 18 mois de prison avec sursis.
L’éthique, une réflexion transfédération ?
Orange, représenté par… deux femmes, Barbara Fangille, sa chef de communication et Corinne Lozé, sa directrice générale, n’a visiblement pas encore trouvé à y redire : associer son nom à la plus grande fédération du pays n’est pas encore un problème. Cela le deviendra-t-il ? Devant l’esclandre Gerson Rodrigues, la FLF a indiqué ne pas envisager de communiquer sur le sujet.
«Cela n’a jamais été une discussion pour nous», indique Joël Wolff, son secrétaire, quand certains membres du conseil d’administration renvoient, sur le sujet, à Paul Philipp. Mais ce dernier, en marge de la finale de la Coupe du Prince, début mai, avait déjà indiqué qu’il «n’y avait rien de neuf sous le soleil».
Le président de la fédération a pourtant dû encore avoir les oreilles qui ont chauffé, mardi, quand deux députées (Mandy Minella, encore, et Corinne Cahen), ont interpellé Georges Mischo, un ministre des Sports étonnamment silencieux sur le sujet. Elles l’ont fait dans le cadre d’une question parlementaire qui vise, justement, à connaître son point de vue sur la question puisque sur cette ébauche de débat de société, il fait cruellement défaut.
Mais l’ancienne tenniswoman commence déjà à poser les bases d’une contestation sérieuse qui dépasse le cadre de la prise de position. Et la FLF peut commencer à s’en inquiéter : «Le ministère des Sports soutenant financièrement la FLF, Monsieur le ministre envisage-t-il une réévaluation de ce soutien»? Taper dans le portefeuille, voyons voir si cela suscite une réaction.
«Comment peut-on encore l’appeler ?»
En tout cas, le DP entend initier une réflexion générale auprès de toutes les fédérations du pays et d’un rappel à l’éthique pour encadrer les sélections nationales. Vers l’élaboration d’une charte ? Au vu du «circulez, y a rien à voir» qui semble être la posture d’une bonne partie du milieu sportif ces cinq derniers jours, il semble y avoir encore un monde.
Pourtant, dans le petit Landerneau du ballon rond, d’habituels pourfendeurs de la politique fédérale montent au créneau. Guy Hellers, l’ancien sélectionneur, s’«associe pleinement aux propos des trois députées. Je me demande dans quel coin notre ministre des Sports se cache. J’exige que Rodrigues ne représente plus jamais le Luxembourg et que le président de la FLF démissionne. Je suis choqué». L’ancien président du F91, Romain Schumacher, ne s’étonne pas que la sélection en soit là, à foncer tête baissée sous le feu des critiques : «Cette fédération ne prend jamais une position claire. Ce qui me déçoit le plus ? Il n’y a pas de philosophie.»
Dans les clubs aussi, la décision de Luc Holtz de privilégier le sportif dans ce dossier a également fait grincer quelques dents. Par exemple celles de Luc Hilger, président du 2e de BGL Ligue, Strassen : «Sportivement et juridiquement, c’est une catastrophe, cette décision. Comment peut-on encore l’appeler ? Il fallait faire jouer Curci et Madjo. Mais pas Gerson !». La préparation des matches contre la Slovénie (6 juin) et l’Irlande (10 juin) ne va clairement pas être un long fleuve tranquille pour les Rout Léiwen. Feront-ils d’ailleurs tous corps derrière leur avant-centre ?