Accueil | A la Une | Affaire Caritas : Franz Fayot veut une commission spéciale

Affaire Caritas : Franz Fayot veut une commission spéciale


Le député socialiste Franz Fayot regrette que les activités internationales de Caritas soient stoppées. L’archevêché aussi.  (Photo : fabrizio pizzolante)

Dans l’affaire Caritas, il reste encore beaucoup de questions ouvertes, d’où la volonté du LSAP de créer une commission spéciale afin d’y voir plus clair. Les ONG souffrent d’un manque de dons.

C’est difficile de réunir six ministres en même temps pour assister à une commission parlementaire», fait observer le député CSV Marc Spautz à l’issue de la réunion des six commissions parlementaires concernées par les activités de Caritas, l’effondrement de l’ONG et ses conséquences. Cinq ministres ont réussi à se libérer pour être au rendez-vous, hier après-midi : Luc Frieden, Gilles Roth, Martine Deprez, Max Hahn et Claude Meisch.

Un seul absent : Xavier Bettel, ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur et surtout ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, volet qui intéressait les députés depuis l’annonce de l’arrêt des projets de coopération de Caritas. Il était représenté par le directeur de la Coopération.

«Ce n’est pas très heureux de venir si tard s’exprimer devant les députés, alors que le Premier ministre a déjà informé la presse, mais c’est une constante de la part de Luc Frieden qui ne témoigne pas d’un grand respect vis-à-vis du Parlement», se plaint le député socialiste Franz Fayot, président de la commission de l’Exécution budgétaire et ancien ministre de la Coopération.

C’est lui qui avait demandé la tenue de cette commission jointe XXL, le 23 août dernier, pour évoquer la situation de Caritas et l’avenir des activités d’accueil et de solidarité après le vaste détournement de fonds dont l’ONG se dit victime.

Les députés ont pris note de la création de HUT (Hëllef um Terrain), entité qui reprend une partie des activités nationales de Caritas dirigées vers les réfugiés et les sans-abri, mais regrettent l’abandon des projets de coopération. «Il est en effet difficile de transférer des projets vers cette nouvelle entité sans les financements vu que les 5 millions d’euros alloués par l’État ont été détournés», admet Franz Fayot. Il imagine, en revanche, la possibilité d’un financement relais en attendant «le retour des 5 millions», dit-il. Pour lui, la fin de l’activité internationale est «dramatique, car cela touche des gens au Soudan et au Laos et tous les salariés qui travaillaient pour ces projets». Certains projets seront repris par Caritas Internationalis, «mais l’ONG ne les reprendra pas tel quel sans financement», affirme le député socialiste.

Caritas représentait «un grand acteur», de la coopération, affirme encore l’ancien ministre qui a eu l’occasion de visiter de nombreux projets de l’ONG et «c’était toujours fait avec beaucoup de professionnalisme», insiste-t-il. C’est un peu décevant de Bettel, Frieden dit qu’on ne peut pas les obliger à les reprendre. «J’insiste sur le financement relais, car Caritas peut vendre des actifs immobiliers pour rembourser cet argent, il y a moyen de le faire avec un peu de volonté», ajoute Franz Fayot, en se disant déçu de la décision de Xavier Bettel.

Commission spéciale

Le député socialiste demande encore la création d’une commission spéciale pour travailler plus efficacement sur le dossier Caritas. «Si on doit toujours organiser une commission jointe, c’est dur de caler une date qui convienne à tous», explique Franz Fayot. Et s’il veut cette commission spéciale, c’est pour trouver des réponses à de nombreuses questions encore ouvertes concernant le patrimoine de l’ONG, les questions juridiques, les activités qui vont rester ou disparaître, les locaux de la nouvelle entité et ce qu’il va advenir des contrats de location des logements. «Ce n’est pas encore vraiment très clair et nous aimerions inviter les fondateurs de HUT qui doivent reprendre les activités le 1er octobre», dit-il.

En attendant, le nouveau solde dû par l’État à Caritas s’élève à 2,7 millions d’euros, qui correspond à la créance de fin août (à la place des 1,5 million annoncés par Luc Frieden). «Nous n’avons pas d’information sur le capital de départ de HUT qui va essentiellement fonctionner avec des subventions de l’État pour des services conventionnés», poursuit Franz Fayot.

«C’est une nouvelle organisation qui va fonctionner sans beaucoup de dons (…) et d’ailleurs de nombreuses ONG ont du mal à lever des fonds depuis cet été», témoigne-t-il. Il insiste sur la création de cette commission spéciale. «Si on ne traite pas cette histoire de manière ouverte en pointant les déficiences, on ne va pas résoudre cette crise de confiance», conclut-il.

Une rencontre a eu lieu vendredi dernier entre le comité de crise et le cardinal Jean-Claude Hollerich en présence de Mgr Leo Wagener et de l’économe général, Marc Wagener. Au cours de cet entretien, la Fondation Caritas Luxembourg a salué la solution qui a été trouvée pour pérenniser ses activités caritatives au Luxembourg. «La création d’une nouvelle structure HUT Hëllef um Terrain, fondée par des philanthropes luxembourgeois, permettra de continuer à servir les nombreux bénéficiaires au Luxembourg», se félicite l’archevêché. La fondation regrette profondément que les projets en cours d’aide internationale vont devoir être stoppés en conséquence de la crise.

Respectant entièrement l’indépendance de la nouvelle structure HUT Hëllef um Terrain, l’archevêché n’y sera pas représenté et il remercie «toutes les personnes qui au cours des années ont contribué avec leurs valeurs, leur compétence, leur zèle et leurs appuis financiers à l’essor de Caritas en tant qu’acteur de qualité sur le plan social au niveau tant national qu’international». Les machinations frauduleuses et scandaleuses récentes ne devront ni entacher leurs mérites, ni empêcher les hommes de bonne volonté de soutenir la nouvelle structure pour œuvrer en faveur des bénéficiaires.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.