Des petites formations vont attirer les votes protestataires. L’ADR semble le mieux placé, mais le renouveau de son personnel politique inquiète et s’éloigne de ses origines.
Avec l’entrée de Roy Reding et son parti Liberté, les électeurs protestataires auront le choix entre plusieurs formations dont l’ADR reste le fer de lance. Le parti réformateur et conservateur s’est débarrassé de son seul candidat de la circonscription Centre pour ses absences répétées aussi bien à la Chambre des députés, qu’au conseil communal et même aux réunions de parti.
L’avocat compte sur tous les antivaccins et les opposants au confinement pour tenter de conserver son siège au Parlement, mais pour cela, son parti «Liberté» devra obtenir au moins 2 % des suffrages. Comme l’indiquait le politologue Philippe Poirier dans l’interview qu’il a accordée au Quotidien, parue lundi, le vote contestataire se dirigera plutôt vers l’ADR et les pirates se revendiquant chacun centriste, voire centriste radical pour le Parti pirate.
Le centre radical c’est aussi la case dans laquelle les observateurs de tous bords classent le président français, Emmanuel Macron, qui sous-entend une politique pragmatique. En somme, piquer les bonnes idées, qu’elles soient de droite ou de gauche. Pour remplacer Roy Reding au Centre, l’ADR a choisi le binôme Alex Penning et Tom Weidig, ce dernier affichant son profil réactionnaire, champion des réseaux sociaux en matière de xénophobie et révisionniste à ses heures perdues. Il est arrivé à l’ADR avec Fred Keup, le porte-parole du «non» au référendum concernant le vote des étrangers et a fait son entrée au conseil communal de Luxembourg, comme seul représentant de l’ADR et a toutes les chances de remplacer également Roy Reding à la Chambre des députés.
Sept sièges aux législatives
«L’ADR a toujours promu des politiques qui relèvent classiquement du conservatisme, soit dans le domaine social, soit dans le domaine économique», estime Philippe Poirier. Le parti fondé en 1987 dans le but d’exiger l’égalité des pensions entre les fonctionnaires et les salariés du privé, obtient satisfaction en 1998, mais un an plus tard, il fait un carton aux législatives en obtenant sept sièges, son plus beau score jamais réalisé, avant de perdre des sièges aux scrutins qui ont suivi.
«Au Luxembourg, à partir du moment où d’un côté le DP, au milieu des années 2000, puis le CSV après l’ère Juncker, a libéré des espaces programmatiques soit sur le libéralisme économique, soit sur le conservatisme social, l’ADR, qui devait compléter son identité politique, a continué à persévérer dans une logique entamée dès le début des années 2000», analyse encore Philippe Poirier.
Un personnel très extrême
Plusieurs membres du parti ont claqué la porte quand le parti a pris la direction de l’extrême droite. Même si au niveau européen, l’ADR est membre depuis 2010 du Parti des conservateurs et réformistes européens, créé par les conservateurs et unionistes britanniques, il pourrait, par certaines de ses positions, se retrouver avec les partis nationalistes comme le Rassemblement national en France, la Lega en Italie ou le FPÖ autrichien.
«Les questions de nationalisme sont un peu datées, car aucun parti ne remet en cause l’appartenance du Luxembourg à l’Union européenne», précise encore le politologue. L’ADR se retrouve davantage dans une logique qui insiste sur des formes de coopérations entre États pour la poursuite de la construction européenne. «Ils ont un agenda plus souverainiste qu’un agenda fédéraliste, mais ils ne sont pas nationalistes en tant que telle et ne prône pas l’indépendance du Luxembourg», rappelle Philippe Poirier. Ce qu’ils partagent avec les autres partis de droite en Europe, c’est cette volonté de contrôler les flux migratoires.
Reste la langue luxembourgeoise que l’ADR défend bec et ongles, mais là encore, le but a été atteint en partie, puisque la langue luxembourgeoise a été constitutionnalisée. «La question identitaire, elle, est toujours présente dans leur programme et dans leur attitude, mais elle se transforme en une politique restrictive vis-à-vis des phénomènes migratoires au niveau de l’Union européenne», conclut le politologue.
Zemindest ee bessi méi sachlechen Artikel.
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