Alors que l’Action hiver a commencé, la directrice de la Stëmm vun der Strooss, Alexandra Oxacelay, souligne le rôle complémentaire de l’ASBL et note une fréquentation croissante.
Chaque année, à l’approche des températures négatives, l’Action hiver (Wanteraktioun) se déploie pour offrir un abri aux personnes sans domicile. Mise en place du 15 novembre au 15 avril dans le bâtiment A de la structure d’urgence multifonctionnelle au Findel, elle est gérée par l’association Dräieck qui regroupe les efforts de la Croix-Rouge, Hëllef um Terrain (HUT) et Inter-Actions.
Le dispositif n’est cependant pas ouvert 24 heures sur 24 et chaque matin, les bénéficiaires doivent quitter les lieux : beaucoup se tournent alors vers la Stëmm vun der Strooss, dont la fréquentation ne cesse d’augmenter. Face à cette montée de la précarité, sa directrice, Alexandra Oxacelay dresse un état des lieux et les défis à venir.
Quel rôle joue la Stëmm dans le dispositif Action hiver ?
Alexandra Oxacelay : Nous orientons toutes les personnes qui viennent manger chez nous et qui cherchent un endroit où dormir, prendre une douche, avoir des vêtements ou bénéficier d’une aide administrative. Beaucoup ne connaissent pas encore les procédures, donc nous les informons et les aidons à se rendre dans les structures hivernales. Nous sommes vraiment complémentaires de l’Action hiver.
Qu’entendez-vous par « complémentaires » ?
L’Action hiver ouvre la nuit au Findel et sert un repas le midi, mais l’endroit doit fermer chaque matin vers 9 h pour être nettoyé. Les gens doivent donc quitter les lieux plusieurs heures, dans l’optique d’y revenir à midi. Beaucoup viennent alors en ville, avec les transports publics gratuits, et ne retournent pas forcément au centre. Cela explique pourquoi nous restons constamment pleins.
Distribuez-vous également du matériel et des vêtements ?
Oui, mais les sacs de couchage ou couvertures ne sont donnés qu’aux personnes qui dorment dehors et ne souhaitent pas aller à l’hébergement du Findel. Les vêtements, eux, sont distribués toute l’année. En ce moment, nous manquons surtout de bonnets, de gants et d’écharpes.
Travaillez-vous en coordination avec d’autres acteurs sociaux ?
Bien sûr, nous collaborons sur le terrain avec les travailleurs sociaux d’Inter-Actions, de HUT et de la Croix-Rouge. Ils nous envoient régulièrement de nouvelles personnes. Notre objectif est d’éviter que quelqu’un reste dehors, mais nous ne pouvons pas forcer les gens à accepter une prise en charge.
Avancez-vous bien aussi dans les préparations de votre traditionnelle fête de Noël ?
Oui, c’est le plus grand évènement de l’année pour nos bénéficiaires. Nous accueillerons environ 600 personnes, qui seront pris en charge par près de 90 bénévoles à la halle Victor-Hugo du Limpertsberg.
Les fêtes rappellent à beaucoup la solitude et la précarité. Pour eux, ce moment chaleureux est essentiel. Nous récoltons actuellement des fonds pour financer cette 27e édition, qui n’entre pas dans notre budget annuel.
Justement, vos moyens sont-ils suffisants ?
Au niveau humain, nous sommes suffisants, mais notre budget, alloué par le ministère de la Santé et qui est de neuf millions d’euros pour neuf maisons, suffit au fonctionnement quotidien mais pas pour les évènements exceptionnels. Nous avons besoin de dons, de bénévoles et de matériel d’hiver.
Avez-vous constaté une hausse de la fréquentation ?
Oui, clairement, en 2024, nous avons servi 243 619 repas, soit une hausse de 23 % par rapport à l’année précédente, avec 14 925 personnes différentes accueillies. Au 20 novembre de cette année, nous sommes déjà à 234 454 repas.
Les files d’attente devant vos locaux restent donc d’actualité ?
Oui, le centre d’Esch-sur-Alzette doit être agrandi, mais nous n’avons pas encore de date de déménagement. Nous avons fait les demandes au ministère de la Santé pour obtenir des moyens afin d’élargir les horaires d’ouverture à Esch, Luxembourg et Ettelbruck, ou ouvrir un nouvel atelier de réinsertion professionnel dans le nord du pays.
Le bilan de l’Action hiver 2024/2025
Lors de la dernière édition, le suivi social de la Wanteraktioun a permis à 385 dossiers sociaux d’être clôturés avec une solution durable. Le foyer de jour a distribué 1 673 vêtements et servi 18 176 repas à 1 397 bénéficiaires.
Le foyer de nuit a accueilli 1 902 personnes, offrant un total de 57 144 repas servis pendant 151 nuits.