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Acquittement en perspective : une plaignante est revenue sur ses accusations


Le 11 novembre dernier, Stéphanie a accusé Pascal, son «protecteur», de l’avoir frappée et menacée d’un couteau.

La plaignante a disculpé celui qu’elle accusait de coups et de menaces. «J’étais bourrée !» Un improbable micmac aux protagonistes hauts en couleur et un acquittement en perspective.

Stéphanie se tord de rire à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, La scène est plutôt rare dans une salle d’audience. La jeune femme de 28 ans est complètement exaltée, parle fort, glousse. À plusieurs reprises, avant que l’affaire ne soit prise, le policier présent à l’audience a dû la prier d’attendre son tour en silence, sinon il serait obligé de l’expulser de la salle. La situation semble l’amuser au plus haut point.

La situation ne prête pourtant pas à rire. Le 11 novembre dernier, Stéphanie a accusé Pascal, son «protecteur», de l’avoir frappée et menacée d’un couteau lors d’une soirée trouble comme ils semblent en connaître beaucoup. «Toutes les nuits», a confirmé une voisine directe dont le récit des disputes et des va-et-vient de personnages exotiques a été qualifié de «fenêtre sur cour version dudelangeoise» par le président de la chambre correctionnelle.

Le soir des faits allégués, un micmac improbable et incroyable sur fond d’alcool et de stupéfiants aurait eu lieu au domicile du prévenu de 46 ans qui a planté le décor hier après-midi. «Elle entrait et sortait comme bon lui semblait. Toujours ivre.» Selon lui, Stéphanie aurait été suivie par un homme qui aurait à tout prix cherché à s’introduire dans la maison. «Un type en short et en espadrilles essayait de casser la vitre de ma porte d’entrée avec une palette.»

C’est la panique à bord. «J’ai menacé de mort le type à la porte.» Type à la porte qui l’a attaqué avec un couteau. «Je me suis interposée entre eux pour défendre Pascal face à l’autre. Pascal m’a tiré par le cou pour me faire reculer», confirme Stéphanie à son tour. «Je me demande pourquoi les gens racontent qu’il m’a menacée.» Pourquoi? Parce qu’elle avait elle-même accusé Pascal lors de son audition par la police le soir des faits.

L’affaire se dégonfle. «J’étais bourrée!», se marre la jeune femme avant de poursuivre : «Une dealeuse m’avait volé des fringues. Oui. Alors, je lui ai pris 140 euros dans son sac. Oui, je le reconnais.»  La jeune femme vit à droite à gauche au bon vouloir de connaissances. Pascal dit avoir voulu l’aider à s’en sortir. Lui prétend avoir tiré un trait sur l’alcool et les stupéfiants depuis une condamnation à 24 mois de prison avec sursis. «J’ai bon cœur. Je suis atteint du syndrome de l’aidant.»

«Je l’ai entendue crier « Aïe! »»

La voisine a évoqué «une histoire de sous» et le fait que Stéphanie voulait, selon les bribes de cris et de discussions qui sont parvenues jusqu’à sa fenêtre «grande ouverte», quitter les lieux à deux reprises avec deux hommes différents. Pascal aurait essayé de l’en empêcher en lui donnant ce qui pour elle ressemblait à une gifle. «Je l’ai entendue crier « Aïe!»

Ce n’est cependant pas suffisant pour le représentant du parquet. Perplexe, il annonce : «J’ai l’impression que nous n’avons plus rien.» Difficile d’apporter la preuve d’un délit qui n’a peut-être pas eu lieu, surtout avec une plaignante qui facilite la défense. Y a-t-il eu coups et blessures volontaires et menaces? Stéphanie et «son cirque» sont-ils crédibles? Le magistrat ne le sait plus. Pas plus que «qui aura les droits de cette pièce de théâtre?».

«Mon petit doigt me dit que nous les reverrons bientôt, mais avec un dossier mieux ficelé cette fois», l’a interrompu le juge avant que le parqueter puisse requérir l’acquittement en la faveur de Pascal. Ce qui a grandement arrangé sa défense assurée par Me Célia Limpach. «Je me rallie en tous points aux conclusions du parquet. Je ne crois pas que les infractions soient données», a-t-elle constaté. «Cette affaire ne doit pas envoyer mon client en prison pour deux ans.»

Elle pointe le caractère manipulateur de la victime présumée. « La témoin nous dit qu’elle l’a entendu crier « Aïe!«  et ici, elle a soudainement attrapé mal aux jambes pour ne pas quitter la salle d’audience comme vous l’en aviez prié tant que Pascal ne lui avait pas donné une cigarette et un briquet.» Ceci obtenu, la jeune femme avait quitté la salle d’audience toute guillerette avec un grand sourire en remerciant son auditoire.

Le prononcé est fixé au 27 février.