Les salariés du sidérurgiste Ilva étaient en grève jeudi à Tarente, dans le sud de l’Italie, pour dénoncer la décision du repreneur ArcelorMittal de mettre au chômage technique près de 1 400 d’entre eux.
Le mouvement social, qui concerne aussi les sous-traitants, est suivi à 75% dans l’usine selon les syndicats. Le géant de l’acier ArcelorMittal a décidé de mettre au chômage technique 1 395 employés de Tarente pendant 13 semaines à partir du 1er juillet, en raison d’une activité plus faible que prévu.
Plusieurs rencontres sont prévues, ce jeudi avec le ministre du Développement économique Luigi Di Maio, et le 9 juillet avec toutes les parties concernées, et les syndicats avaient demandé au groupe de sursoir à cette décision. « ArcelorMittal a décidé de poursuivre unilatéralement le lancement de la procédure », un choix qui « pèsera sur les rapports futurs avec les salariés et leurs représentants », ont assuré les syndicats.
La reprise même du site par ArcelorMittal est d’ailleurs menacée. ArcelorMittal a racheté Ilva fin 2018 et a gardé 8 200 employés sur le site de Tarente, une région sinistrée où cette usine est cruciale en terme d’emploi.
Un des sites les plus pollués d’Europe
Le géant mondial basé au Luxembourg a récemment assuré qu’il se verrait contraint de fermer le site de Tarente à partir du 6 septembre si le gouvernement ne revenait pas sur un décret supprimant « l’immunité pénale et administrative » pour ses gestionnaires en matière d’environnement.
Le site d’Ilva est parmi les plus pollués d’Europe. Il se trouve au cœur d’un énorme procès en Italie, les experts cités par le parquet italien évoquant jusqu’à 11 550 morts en sept ans causées par ses émissions polluantes. En reprenant l’aciérie, ArcelorMittal s’est engagé à injecter 2,4 milliards d’euros sur cinq ans pour améliorer sa productivité et accélérer la dépollution.
Pour ArcelorMittal, le décret « supprime les garanties juridiques qui existaient lorsqu'(il) a accepté d’investir dans l’usine », et qui « sont nécessaires jusqu’à ce que l’entreprise ait achevé son plan environnemental afin d’éviter toute responsabilité pour des problèmes qu’elle n’aurait pas créés ».
Luigi Di Maio doit rencontrer ce jeudi des représentants d’ArcelorMittal pour tenter de trouver une solution. Il a néanmoins dénoncé la méthode du « chantage » employée par ArcelorMittal.
LQ/AFP