Paulette Lenert et Franz Fayot ont présenté hier le bilan d’une campagne orchestrée par l’Ilnas. L’institut a enquêté sur la conformité d’une vingtaine d’objets achetés sur le net. Les résultats sont édifiants.
À l’approche des fêtes de fin d’année, nombreux sont ceux atteints d’une poussée de fièvre. La fièvre acheteuse, c’est son nom, risque de se propager, ce vendredi, jour de Black Friday, ces soldes importés des États-Unis et désormais bien ancrés dans les mœurs. Pourtant, certains consommateurs risquent d’être déçus lorsqu’ils recevront leur achat : non conforme à leur attente, de mauvaise facture… mais le pire, ce sont les articles dangereux à l’usage.
Pour éviter les surprises, surtout en matière de sécurité, l’Institut luxembourgeois de la normalisation, de l’accréditation, de la sécurité et qualité des produits et services (Ilnas) a sélectionné toute une série de produits vendus en ligne, allant du taille-haie aux masques sanitaires en passant par les jouets, et a contrôlé leur conformité.
Seulement deux produits conformes
Ces vérifications ont été effectuées sur des objets achetés sur des plateformes de type Amazon.de ou AliExpress. Pour sélectionner les produits, le département de la surveillance du marché de l’Ilnas a repéré ceux bénéficiant d’offres promotionnelles à des moments de l’année spécifiques, alertés parfois par les commentaires des clients ou se fiant à ses propres doutes.
L’enjeu est de taille : près de 70 % des internautes au Luxembourg font des achats en ligne, a rappelé Franz Fayot, le ministre de l’Économie, qui dressait hier le bilan de cette campagne de tests, aux côtés de Paulette Lenert, la ministre de la Protection des consommateurs.
Au total, 26 produits ont été contrôlés (lire encadré). Les résultats sont édifiants, puisque seuls deux étaient conformes. Vingt-trois interdictions de mise sur le marché ont été prononcées, six produits présentaient même un risque grave. Là, le minirobot tondeuse fait courir un risque aux doigts de son utilisateur, ici une boîte de masques de protection n’en offre aucune, ici encore, cet objet électronique peut prendre feu.
Mais la palme revient à ce hochet pour enfant : ses petites pièces se détachent et risquent être ingérées, son manche trop long peut être avalé. Quant au bruit de ses grelots, il est tonitruant…
Acheter sur le net n’est donc pas exempt de tout risque. Toutefois, toutes ces normes auxquelles les produits doivent se soumettre, édictées par l’Union européenne, représentent un gain de tranquillité pour les consommateurs. L’Ilnas «évite la mise sur le marché et la mise en fonction de produits non conformes sur le marché luxembourgeois qui mettent en danger la sécurité et la santé des personnes», conclut Franz Fayot.
Le test de la bouilloire électrique
Comment décider qu’un article est conforme ou non? Rémi Radinovic, en charge du laboratoire des essais à l’Ilnas d’Esch-Belval, nous le montre en prenant l’exemple d’une bouilloire électrique en inox. «D’abord, on va vérifier son étiquetage et sa notice d’emploi», explique-t-il en montrant du doigt l’étiquette blanche collée sous l’appareil. Un code à barres et divers chiffres figurent dessus, sans oublier le fameux logo «CE». Voilà pour l’aspect administratif.
Puis viennent les tests sur la bouilloire. Reliée à une machine par des capteurs, elle est soumise à des conditions d’un point de vue électrique qui dépassent un usage normal. D’autres points sont vérifiés, comme sa poignée, qui ne doit pas brûler la main, ou ses boutons, qui doivent être inamovibles. Si jamais les tests ne sont pas concluants, l’Ilnas informe d’autres laboratoires européens, puis le fournisseur ou le fabricant sont avertis. En cas de récidive, surtout si le produit présente un danger, l’affaire peut aller jusqu’au pénal.