Boris a tiré la clé d’une voiture conduite par son ex Victoria. Cette manœuvre a entraîné un accident de la circulation sur l’A1 qui aurait pu coûter la vie à une famille.
Les victimes conduisaient leurs deux enfants à leur cours de tennis à Luxembourg-Ville quand l’accident a eu lieu. «Nous avons voulu essayer de dépasser une voiture qui circulait devant nous. Quand nous nous sommes engagés sur la voie de gauche, la voiture s’est brusquement rabattue devant nous et a freiné jusqu’à l’arrêt complet. Nous n’avons pas eu le temps de réagir», a témoigné la mère de famille mercredi après-midi face à la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
L’accident était inévitable. Victoria conduisait la voiture qui appartenait à Boris, son ancien petit ami, sous influence de THC et de benzoylecgonine, une substance qu’on trouve notamment dans la cocaïne. La jeune femme rentrait chez elle. Il était midi sur l’A1 près de Munsbach. «J’étais sous le choc. J’avais des douleurs à la poitrine et très peur pour mes enfants de 8 et de 13 ans», a ajouté la victime. Son avocate a réclamé 44 000 euros au total de dommages et intérêts pour la famille.
Assis sur le banc des prévenus, les deux jeunes gens de 26 et 25 ans ont l’air honteux de se trouver là. «Nous nous étions séparés et nous avions un chien en commun. J’avais promis à Boris que je le lui amènerais de temps en temps. J’avais passé la nuit chez Boris la veille pour qu’il puisse le voir. J’avais fumé un joint. Au moment de l’accident, on rentrait chez moi», a expliqué Victoria. Une dispute avait éclaté entre l’ancien couple le matin même et Victoria avait préféré prendre le volant. «J’avais peur qu’il roule trop vite et dangereusement, comme il était énervé. Je voulais arriver chez moi sans encombre», a raconté la jeune femme.
La dispute s’est poursuivie dans l’habitacle. Boris a tiré la clé du contact. Victoria a perdu le contrôle de la voiture, a paniqué et a freiné. «Une famille entière a failli mourir. Votre geste est incompréhensible», a constaté la présidente de la chambre correctionnelle à l’adresse de Boris. «Vous avez tous eu énormément de chance.» Boris a déclaré avoir voulu que Victoria arrête la voiture. «Elle conduisait nerveusement. Mon client a pris peur et a voulu qu’elle quitte l’autoroute et s’arrête pour le laisser descendre», a expliqué l’avocate du jeune homme.
«Coup de frein par nécessité»
Boris aurait, dit-il, déjà fait l’expérience de tirer la clé de contact d’une autre voiture en marche par le passé. Elle aurait encore circulé sur quelques kilomètres. «Je ne m’attendais pas à ce que le volant se bloque», a confié le jeune homme qui assure ne pas avoir su que son ancienne compagne avait fumé du cannabis la veille. Outre les coups et blessures involontaires, il lui est également reproché de l’avoir laissé prendre le volant dans un état qui ne le permettait pas. «Elle a confié à la police fumer des joints régulièrement. Vous auriez dû le savoir.»
La représentante du parquet a estimé que les deux prévenus étaient coresponsables de l’accident. «Vu la gravité des faits» et «le comportement de Boris vis-à-vis de la police» – il avait dû être menotté et se serait plus inquiété de l’état de sa voiture que de celui de la famille de victimes –, la magistrate a requis une peine de 4 ans de prison assortis du sursis ainsi que 12 mois d’interdiction de conduire et une amende appropriée à l’encontre de Boris et la même interdiction de conduire ainsi qu’une amende appropriée à l’encontre de Victoria.
Un réquisitoire contesté par l’avocate de la jeune femme. «Elle n’est pas la responsable principale de l’accident. Boris a retiré la clé de contact alors qu’ils circulaient à 120 kilomètres par heure sur l’autoroute. Elle n’a pas eu d’autre de choix que de freiner», a noté l’avocate avant d’expliquer que le volant de la voiture étant bloqué, elle n’en avait plus le contrôle et que la voiture fonçait tout droit en direction du muret californien. «Elle n’avait pas d’autre choix que de freiner» et «a agi par nécessité» «sous la contrainte».
Selon l’avocate, le THC n’aurait eu aucune influence sur l’accident, contrairement à ce que soutient le parquet qui pense que Victoria aurait eu une réaction différente si cela n’avait pas été le cas. Et peut-être n’y aurait-il pas eu d’accident.
Le prononcé aura lieu le 28 novembre prochain.