Un bouchon sur l’autoroute A1 et un camionneur distrait ont donné lieu à un drame de la route. Une automobiliste de 48 ans est décédée des suites de ses graves blessures. L’affaire est jugée à Luxembourg.
Le 7 janvier 2022 peu après midi, une femme de 48 ans perd la vie sur l’autoroute A1. Un camion vient de foncer dans des voitures à l’arrêt entre le tunnel Howald et l’échangeur de la croix de Gasperich en direction de Luxembourg. Un bouchon s’était formé en raison de travaux de nettoyage après une fuite d’huile. La victime succombe à ses graves blessures sur les lieux de l’accident. Une personne est grièvement blessée et trois autres plus légèrement. Selon ses dires, le camionneur réglait le chauffage de son quarante tonnes et n’a pas vu le danger arriver.
Le camion est arrivé «de plein fouet sur la voiture de la victime, qui n’avait aucune chance de survivre à un tel accident», selon la représentante du ministère public qui, hier après-midi, a estimé que le chauffeur routier de 34 ans ne s’était pas comporté suffisamment raisonnablement et prudemment au volant de son véhicule professionnel. Par défaut de prévoyance ou de précaution, il a donné involontairement la mort. Pour ces raisons, la magistrate requiert une peine d’un an de prison ainsi qu’une amende et une interdiction de conduire de 36 mois contre cet homme qui comparaissait face à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
«Personne n’a été surpris par le bouchon»
Lors d’une première audience, la semaine passée, un expert avait décrit et expliqué en détail les circonstances de l’accident. Des victimes blessées ce jour-là étaient également venues témoigner. Au moment du drame, toutes étaient à l’arrêt dans leur véhicule en attendant de pouvoir redémarrer. «Personne n’a été surpris par le bouchon et n’a dû freiner en urgence», a relevé la parquetière dans son réquisitoire. «Le temps était clair, le bouchon était visible depuis une certaine distance et les témoins ont eu largement le temps d’immobiliser leur voiture.»
Le bouchon était visible à 200 mètres au moins, selon les conclusions de l’expert. De plus, deux panneaux signalétiques du CITA prévenaient les automobilistes du ralentissement, a ajouté la représentante du ministère public. Le premier se trouvait à plus d’un kilomètre du lieu de l’accident mortel. Le prévenu ne les a pas vus et a réagi au dernier moment. Trop tard pour éviter le pire ou décélérer. Il a foncé dans les voitures à l’arrêt à une vitesse d’un peu moins de 90 kilomètres par heure. Une vitesse dangereuse étant donné les circonstances.
«S’il avait regardé la route deux secondes plus tôt, le prévenu aurait pu agir pour essayer d’éviter l’accident ou en limiter la gravité», a estimé la magistrate, qui a même avancé que le chauffeur a pu quitter la route des yeux bien plus longtemps. «À 90 kilomètres par heure, on parcourt 25 mètres par secondes.»
Une erreur fatale
Ces quelques secondes d’inattention poursuivront le jeune homme pour le reste de sa vie. À la barre, il a demandé pardon à la maman de la victime présente dans la salle d’audience. «Rien de ce que je pourrais dire ne changera quoi que ce soit à ce que j’ai fait», a-t-il assuré. Il assume et accepte la sanction qui l’attend, a expliqué son avocat. L’erreur commise était «humaine, mais fatale». «Il chipotait, mais on chipote tous» au volant, même si on ne devrait pas.
L’homme de loi a balayé la distance de 200 mètres et les 2 secondes évoquées par l’expert qui ne seraient «que pures hypothèses» et a prié le tribunal de ne pas condamner son client à une peine d’emprisonnement «démesurée» et de «se limiter à une amende». Quant à l’interdiction de conduire, il a demandé qu’elle ne s’applique pas aux trajets professionnels. «Mon client ne sait faire que cela pour vivre», a-t-il argumenté.
Le prononcé est fixé au 14 novembre.