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Accident ferroviaire de Dudelange : «Vers une défaillance humaine»


Le choc ferroviaire survenu le 14 février, peu avant 9h, a fait un mort. Le soir même, un expert indépendant est venu de Bern. (Photo : Jean-Claude Ernst)

Un expert indépendant suisse était au Luxembourg le jour même de la collision, le 14 février, mandaté par l’État afin de l’assister dans ses missions. Un autre expert est chargé du volet judiciaire.

Si un second expert suisse a été nommé par le juge d’instruction en charge de l’affaire, le premier expert était bel et bien au Grand-Duché durant deux jours, à la suite presque immédiate de la catastrophe ferroviaire du 14 février qui a fait un mort, le conducteur du train de voyageurs des CFL. Après avoir terminé la phase initiale des investigations sur site, cet expert, issu du département «Rail et navigation» du bureau d’enquête du Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) et travaillant en qualité d’expert pour l’administration des Enquêtes techniques luxembourgeoise, est rentré en Suisse.

Yves Putallaz, est à la tête d’un cabinet de conseil qui travaille pour des gestionnaires d’infrastructures ferroviaires, dont SNCF Réseau. Pour lui, il y a eu faute humaine. SNCF Réseau, mais également CFF, Infrabel, RATP ou encore RER : le diplômé de l’École d’ingénieurs du Valais et détenteur d’un doctorat de l’École polytechnique de Lausanne Yves Putallaz penche pour la piste de l’erreur humaine.

Interrogé par Le Quotidien, cet expert suisse, qui est vice-président de la Commission suisse d’arbitrage dans le domaine des chemins de fer (CACF) et qui a notamment audité le réseau ferroviaire français, a une opinion tranchée : «Sur la base des éléments qui sont en ma possession, l’accident qui s’est produit le 14 février au Luxembourg est probablement imputable à une défaillance humaine.»

Témoignage à distance, donc intuitif

Cet expert, qui a travaillé sur le déraillement d’un train à Brétigny-sur-Orge (au sud de Paris) qui avait fait 7 morts en 2013, ne laisse qu’une très faible chance à un scénario dicté par une défaillance technique du système de sécurité des CFL : «Si l’on écarte la piste de signaux de sécurité vétustes ou défaillants et que l’on considère que le système de sécurité Memor II+ a fonctionné à trois reprises en 2016, après que le conducteur eut à chaque fois dépassé le signal d’arrêt, donc que le filet de sécurité était présent (NDLR : le déclenchement automatique d’un freinage d’urgence), la chose est entendue.»

L’expert précise sa pensée : «Sans intervention humaine fautive – soit quelqu’un qui aurait débranché quelque chose en maintenance, soit que le conducteur l’ait fait lui-même – la probabilité que le système n’ait pas fonctionné est très faible. Les systèmes de sécurité sont extrêmement fiables, en général. C’est comme dans l’aviation, dans environ 90 % des soucis, c’est le pilote qui est en cause, voire la communication entre ce dernier et la tour de contrôle.»

L’expert ne vise donc pas forcément le conducteur en évoquant «une défaillance humaine», bien que d’expérience, selon lui, «les accidents ferroviaires soient souvent dus au fait que le conducteur a oublié un enclenchement.» Cela étant, tout éclairant que soit son propos, rappelons qu’Yves Putallaz n’était pas sur les lieux et qu’il ne dispose pas des informations contenues dans les boîtes noires.

C. D.

Retrouvez l’intégralité de notre dossier consacré à l’enquête sur la collision de Dudelange dans Le Quotidien papier de ce vendredi.

2 plusieurs commentaires

  1. il n’existe pas d’accident à cause unique, les causes d’un accident sont toujours multiples et reliées logiquement entre elles jusqu’au dénouement fatal voir « l’arbre des causes d’un accident » : http://www.officiel-prevention.com/formation/formation-continue-a-la-securite/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=139&dossid=260

  2. Pour donner des explications sur les circonstances de cet accident, il faudra inclure le comportement du système de sécurité placé sur les signaux d’arrêt Memor II+