Les cheminots français ne roulent plus au Grand-Duché depuis jeudi. Ils n’ont pas été avertis de la fermeture d’un tronçon de voie sur les lieux de l’accident de Dudelange.
Mardi soir, les CFL ont décidé la fermeture de ce tronçon de voie qui se trouve sur les lieux de l’accident. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère des syndicats CFDT, Sud Rail et CGT de l’autre côté de la frontière. L’imbroglio transfrontalier autour de l’accident ferroviaire du mardi 14 février à hauteur de Dudelange continue.
Mercredi soir, les syndicats de cheminots français (CGT, CFDT, Sud Rail) sont montés au créneau, une nouvelle fois, pour dénoncer l’opacité des informations venant du Luxembourg sur cette affaire. Les conducteurs de la SNCF ont fait valoir leur droit de retrait jeudi matin causant une belle pagaille sur cet axe ferroviaire très fréquenté. L’axe Nancy-Luxembourg est emprunté par 30 000 personnes chaque jour, la très grande majorité se rendant au Grand-Duché. Jeudi, encore une fois, les frontaliers ont dû s’organiser pour ne pas rester à quai.
La colère des syndicats de l’autre côté de la frontière a été attisée par la décision des CFL, mardi soir, de fermer un tronçon de la voie où a eu lieu l’accident sans prévenir la SNCF. Il restera inaccessible pour un temps indéfini. « Nous avons décidé de le fermer pour mieux livrer les éléments aux enquêteurs », explique Mike Van Kauvenbergh, porte-parole des Chemins de fer luxembourgeois. Le tronçon fermé par les CFL contient de nombreux éléments techniques (caténaires, aiguillages, câbles…). Les CFL n’ont pas communiqué l’information de la fermeture de ce tronçon de voie aux cheminots français, car elle « n’a aucune conséquence sur la circulation et le trafic se déroule en parfaite sécurité », précise Mike Van Kauvenbergh. Les voies parallèles sont en effet largement suffisantes à proximité pour laisser passer les trains sans retard.
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« Nous sommes navrés que les syndicats français utilisent le fait que nous n’ayons pas donné cette information pour leur théorie concernant une éventuelle insécurité sur le réseau », ajoute-t-il. Les syndicats de cheminots français, qui avaient demandé la plus grande transparence sur cette affaire depuis leur premier «retrait» du réseau luxembourgeois juste après la collision, ont donc hurlé à la rétention d’information mercredi soir. «Y aurait-il quelque chose à cacher?», osent-ils dans leur communiqué commun. Devant cette décision des cheminots français jeudi matin, les CFL ont mis en place des moyens de substitution pour transporter les voyageurs. Ils resteront en vigueur le temps nécessaire.
Un rapport pas avant des semaines
L’enquête, quant à elle, se poursuit. Les épaves des deux trains impliqués sont stationnées non loin des lieux de l’accident dans un endroit discret pour permettre aux enquêteurs de travailler en sérénité.
Durant la journée de lundi, le juge d’instruction, l’expert suisse en matière ferroviaire mandaté pour l’enquête (présent au Grand-Duché depuis une semaine), la police judiciaire et un représentant du parquet se sont rendus sur les lieux de la collision pour faire des constatations. Des experts de l’administration des Enquêtes techniques du ministère du Développement durable et des Infrastructures étaient également présents. Jeudi, en fin d’après-midi, un communiqué du parquet a précisé également qu’aucune fermeture, ou blocage, des voies entre Luxembourg et Thionville n’avait été demandée par les autorités judiciaires luxembourgeoises.
Concernant l’avancement de ces investigations, les CFL et le parquet s’interdisent de donner des détails et se retranchent derrière le sacrosaint secret de l’instruction. Seule certitude : il faudra du temps, beaucoup de temps, avant de savoir ce qui s’est exactement passé ce mardi 14 février 2017. Les analyses des deux boîtes noires retrouvées dans l’épave du TER des CFL ont commencé, mais le porte-parole du parquet a précisé que les résultats de ces investigations ne seront pas connus cette semaine. Le rapport de l’expert suisse concernant l’accident, quant à lui, n’est pas attendu avant des semaines.
Les cheminots français ne sont pas près de prendre de sitôt le chemin de Luxembourg via Dudelange.
Laurent Duraisin