La famille d’Henri aurait encore en travers de la gorge d’avoir été privée de son héritage au profit d’une inconnue, clame la défense qui l’accuse d’avoir «mis en scène» l’affaire.
Mensonge», le mot est tombé, mais pas dans l’oreille d’un sourd. Directement dans celle du président de la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le magistrat a immédiatement repris l’avocat de la défense : on n’accuse pas de mensonge un témoin sous serment. Le vocable n’est pas sans conséquence sur la tournure que va prendre le procès pour abus de faiblesse mené à l’encontre d’Eva. Corrigé par le président, l’avocat a annoncé, après une leçon en matière de procédure pénale, l’intention de sa cliente de déposer une plainte pour faux témoignages à l’encontre du frère et du neveu de sa victime présumée. Dans un mois.
Une échéance rejetée par le président qui ne souhaitait pas devoir délibérer d’une affaire et décider du sort de la prévenue sachant que la plainte, si elle était jugée recevable par un juge d’instruction, allait à terme annuler la décision du tribunal. Il a préféré remettre l’affaire contradictoirement à vendredi prochain et a laissé ce laps de temps à la défense pour déposer ou non une plainte. Si c’est le cas, l’affaire sera mise sur pause jusqu’à l’évacuation de cette dernière.
L’ancienne aide-soignante est accusée d’avoir profité de la vulnérabilité d’un octogénaire isolé et avare pour faire main basse sur ses économies. Près de 2,8 millions d’euros. La défense évoque quant à elle «une relation win-win» consentie par Henri et accuse sa famille de ne pas avoir supporté d’être privée d’une grande partie de l’héritage, au point de «mettre en scène l’affaire» et de faire des «dépositions mensongères». La famille aurait notamment mis la maison du défunt en désordre pour discréditer Eva dans son rôle d’aidante avant la descente sur les lieux de l’enquêteur. Des photographies prises par la prévenue quelques jours avant montreraient une maison rangée et propre.
«S’enrichir au maximum»
D’autres photographies prises par Eva et produites à l’audience de vendredi pour la première fois devaient convaincre les juges des fausses allégations des parties civiles. Elles seraient la preuve que la jeune femme de cinquante ans la cadette de sa victime présumée est bien allée lui rendre visite lors de ses séjours en maisons de soins. Paul, 85 ans, avait affirmé le contraire à la barre et aux enquêteurs. Son frère aurait, a-t-il dit, été très chagriné de la situation.
Ces images attesteraient également de l’état de faiblesse et de délabrement physique dans lequel se trouvait Henri avant son décès. «Pensez-vous vraiment qu’Henri ait pu accompagner son frère jusqu’à son domicile pour chercher les bons de caisse dans cet état ?», lance l’avocat ensuite. Eva est accusée d’être sortie de la vie du vieil homme et d’avoir emmené des bons de caisse dont Henri lui aurait «fait cadeau». «Ils n’ont jamais porté plainte pour vol. Henri a validé cette disparition», argumente l’homme de loi.
L’enjeu des débats est notamment de comprendre si Henri avait bien toute sa tête quand il a légué ses économies à la jeune femme et l’a aidée à acheter une maison ou s’il a été savamment encouragé à le faire. Une autre photographie le montre «heureux et sûr de lui» devant la fameuse maison, poursuit l’avocat de la défense. «Il n’y a pas de loi qui interdise d’accepter une donation. Henri a toujours dit qu’il donnerait son argent à la personne qui l’aiderait dans ses vieux jours.»
Reste que la somme léguée était conséquente et que la prévenue l’a acceptée sans se poser de questions, avait soutenu le président de la 12e chambre correctionnelle jeudi. «Pourquoi avoir accepté l’argent qu’il vous donnait ? Vous ne vous êtes jamais dit que c’était peut-être un peu trop? (…) Ne vous êtes-vous jamais demandé si une telle somme était justifiée ?»
Eva se dit uniquement coupable d’avoir aidé Henri par compassion. «Il a toujours été avare et économe et, d’un seul coup, à 83 ans, il devient généreux avec une personne qu’il connaît à peine?», s’est étonnée la représentante du parquet. Pour elle, Henri a été «manipulé» et «mis sous pression» par la prévenue pour «s’enrichir au maximum sans scrupules». Eva avait conscience de sa vulnérabilité et en a profité, selon la parquetière. Avide, elle aurait même trouvé le prix de vente de la maison d’Henri trop bas. Pas de doute pour elle, l’abus de faiblesse est donné de même que le blanchiment de l’argent perçu.
La magistrate a requis une peine de 4 ans de prison à l’encontre d’Eva, dont 18 mois assortis du sursis provisoire avec obligation de rembourser la famille. Elle a également demandé la confiscation de l’argent saisi. La suite est entre les mains de la prévenue et de ses avocats. Eva avait rencontré Henri dans un supermarché en octobre 2013 et avait proposé de le reconduire à son domicile. Bien vite, elle s’était installée chez lui et aurait régenté son quotidien au point de se rendre indispensable aux yeux du vieil homme à la santé fragile et à la mobilité réduite.
Les fausses allégations, abus de pouvoir , dénonciation calomnieuse, faux témoignages d agressions… que ça soit clients , familles ou collaborateurs doivent être interdits . Si une personne parle d une mise en danger alors elle doit agir de suite si elle dit vrai et pas attendre ou rien faire , au lieu de trouver un bouc émissaire honnête et l accabler par des fausses allégations