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Abdelkadous, 17 cm de talent en plus


Abdelkadous, centre de toutes les attentions ces dernières semaines, même s’il est ici un peu éclipsé par le physique du géant Khairane.

Le Mondorfois Billel Abdelkadous est, ces derniers temps, l’un des hommes les plus dangereux du pays. Contre Belvaux en Coupe aujourd’hui, puis face au Swift en championnat dimanche, peut-il faire plus de mal encore?

Même à 34 ans, Billel Abdlekadous a encore d’énormes poussées de croissance. Et quand il est arrivé à Mondorf, en juillet 2021, il a pris 17 centimètres en une seule journée.

Il n’y a pourtant pas eu à chercher bien loin quand ce virevoltant ailier s’est en effet retrouvé affublé par le site Transfermarkt d’une taille de 1,92 m, alors qu’en réalité il mesure 1,75 m : «Ils m’ont tout simplement collé les mensurations de mon oncle, Cherif (NDLR : qui a joué au Swift, à Mondercange, Canach, Pétange et Rodange, au début du siècle). J’aimerais bien réussir à les contacter pour que cela soit modifié, mais c’est tellement énorme, comme site, que je ne sais pas comment faire.»

Billel, 87 apparitions en BGL Ligue, s’en fout un peu, des centimètres : il a déjà fait bien mieux que Cherif (44 matches). Mais on a l’impression, pourtant, de moins le connaître. Ce tort est en train d’être réparé.

Ses statistiques, depuis un mois, à grands coups de 3 buts et 2 passes décisives sur les quatre derniers matches de championnat, le poussent enfin sur le devant de la scène : l’ancien joueur d’Amnéville est impliqué dans 71,5 % des buts de son club sur le mois qui vient de s’écouler, alors qu’il n’est vraiment titulaire indiscutable que depuis la mi-octobre, justement. «Mais il rejoue… depuis qu’il est décisif, se justifie David Zitelli. En fait, il est venu me voir un jour en me disant « j’ai besoin de temps de jeu“. Alors, je lui ai répondu « eh bien, je vais te le donner“».

«Ça peut mettre un gros malaise dans l’équipe»

On n’avait pas dans l’idée que le football pouvait être aussi simple, qu’il suffisait de demander. «Non, il faut avoir des arguments, quand même», sourit Zitelli, qui venait justement de décider que sa période d’intense turnover, pour donner leur chance à ses sept attaquants, était finie et qu’il lui fallait désormais trouver une équipe stable.

Le discret Abdelkadous, pas revendicatif pour un sou, est tombé au bon moment, mais il n’aurait jamais osé s’il ne s’était pas senti, déjà, très légitime : «Quand tu vas demander, comme ça, il faut savoir ce que tu as à offrir. J’ai déjà vu des gars se faire rembarrer dans le vestiaire parce qu’ils réclamaient des choses sans être crédibles. Et ça peut mettre un gros malaise dans l’équipe, voire même carrément une sale ambiance. Moi, j’avais été bon contre Strassen (NDLR : 1- 1, 8e journée, le 25 septembre), mais sans faire de statistiques. On m’avait félicité, mais je devais encore être décisif. Je savais que ça allait se débloquer et, de fait, depuis le Fola, la semaine suivante, je n’ai plus cessé de l’être.»

Derrière, Abdelkadous a forcé sa nature en commençant à imposer sa voix («seulement à bon escient») pour aider cette équipe à bâtir sa spirale positive du moment, chiffrée à sept matches sans défaite.

À 34 piges, il a non seulement l’envie de rappeler que c’est «l’âge auquel Benzema a gagné son Ballon d’or» et qu’il s’inspire «de l’hygiène de Cristiano Ronaldo, qui joue encore à 39 ans», mais aussi l’envie de durer utilement pour un club avec lequel il arrive en fin de contrat, au printemps prochain.

Thiago Silva et l’illusion d’optique

Et si l’on écoute son coach, son avenir semblait filer droit vers une cinquième saison. «Il était très réservé avant, mais c’est devenu un homme de vestiaire, apprécie ainsi Zitelli. Il a pris le leadership sur une partie de l’équipe, comme un Benhemine, un Holter… Alors, si en plus il a le sens du but – même s’il ne le montre encore pas assez –, ce petit quelque chose d’inné… C’est un bon dribbleur, très vif, insaisissable. Il est bien dans ses pompes et ça se voit.»

Jusque sur sa photo de profil Whatsapp, une vue de lui, de dos, assis sur un rocher surplombant le vide, au soleil levant. Billel donne l’impression de voir quelque chose commencer, mais la photo donne aussi le vertige. «J’avais vu une photo de Thiago Silva au même endroit et comme j’étais en vacances à Rio… C’est un peu une illusion d’optique, ce n’est pas aussi dangereux que ça en a l’air.»

Peut-être, mais Billel, lui, est aussi dangereux qu’il en a l’air. Et après Belvaux ce soir, en Coupe, il aura à cœur d’enchaîner contre le Swift, dimanche, en championnat, avec l’idée de «rester invaincus jusqu’à la trêve hivernale!»