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Abandons d’animaux : une sensibilisation renforcée mais pas de chiffres précis


Les chats sont plus touchés que les chiens par ce phénomène. (une responsabilité pour la vie»)

Alors que la France et l’Allemagne lancent, contre l’abandon des animaux de compagnie, des campagnes basées sur des rapports détaillés, le Luxembourg, aussi touché, manque de données.

Chaque été, le scénario se répète : des chiens et surtout des chats sont retrouvés errants, abandonnés au bord des routes ou livrés à eux-mêmes. Au Luxembourg, les refuges accueillent chaque année des animaux par vagues saisonnières, sans pouvoir réellement en mesurer l’ampleur. Questionnée sur le sujet le 22 juillet par la députée Octavie Modert (CSV), la ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture, Martine Hansen (CSV), a apporté des éléments de réponses qui confirment à la fois l’existence du problème mais aussi les limites du suivi statistique.

«Il n’existe pas de données précises», reconnaît la ministre, précisant qu’il est souvent difficile d’établir si un animal retrouvé a véritablement été abandonné. Ainsi, à l’asile de Gasperich, la plus grande structure du pays, une dizaine de chiens par an restent sans propriétaire identifié. Pour les chats, le phénomène est bien plus grand : 217 «chats trouvés» en 2024, dont seulement 39 restitués à leurs maîtres. Entre janvier et juin 2025, 86 chats ont déjà été recueillis, et seuls 16 ont retrouvé leur foyer.

«Une responsabilité pour la vie»

Malgré ces chiffres préoccupants, les refuges du Grand-Duché ne relèveraient pas de tendance croissante. «Les abandons existent chaque année, mais sans évolution notable», précise la ministre. Une stabilité qui n’enlève rien au poids logistique et financier supporté par les associations, souvent sollicitées au cœur de l’été.

Face à cette réalité, le ministère mise sur la prévention. Deux campagnes de sensibilisation sont menées chaque année : l’une juste avant les grandes vacances, l’autre avant Noël. Des campagnes qui se résument à des posts sur les réseaux sociaux du ministère. Le dernier avait pour slogan «Un animal n’est pas un accessoire de mode. C’est un engagement et une responsabilité pour la vie».

De 8 jours à 3 ans de prison

La ministre souligne également que la capacité d’accueil en refuge dépend des périodes. En été, l’accueil est plus flexible grâce à l’utilisation des enclos extérieurs, ce qui n’est pas possible en hiver. Mais l’équilibre reste fragile : à ce jour, il n’existe que trois refuges dans le Sud et un à Luxembourg. L’asile de Gasperich est le plus grand, avec une capacité d’accueil de 76 chiens et 40 chats. Celui d’Esch est le plus petit, il peut héberger 11 chiens et 25 chats. Et les refuges de Dudelange et Schifflange peuvent chacun accueillir 10 chiens et 40 chats.

Début 2024, Marc Goergen (Parti pirate), dans une question parlementaire, avait interrogé Martine Hansen sur ce déséquilibre de structures entre le Sud et le Nord, où il n’y en a aucune. La ministre répondait alors, le 13 mars 2024, qu’une année auparavant «un appel (avait) été lancé aux communes pour déterminer les possibilités de créer de nouvelles structures. Une seule commune a montré son intérêt, mais sans qu’un projet concret ne soit planifié.»

Jusqu’à 200 000 euros d’amende

Enfin, en réponse à la députée Octavie Modert, Martine Hansen rappelle que l’abandon n’est pas un acte impuni. La loi du 27 juin 2018 sur la protection des animaux interdit «de lâcher ou d’abandonner, dans l’intention de s’en défaire, un animal apprivoisé dont l’existence dépend des soins de l’homme.» Les contrevenants s’exposent à des peines allant de 8 jours à 3 ans de prison et à des amendes comprises entre 251 et 200 000 euros.

Tandis que la France a lancé sa grande campagne #StopAbandon, le Luxembourg mise avant tout sur un renforcement de la prévention, le tout sans statistiques fiables.