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À Wiltz, le banquet et la convivialité chassent la pluie


Au cours de la journée, environ 300 personnes ont pris place autour de la table de banquet couverte. (photos Fabrizio Pizzolante)

Samedi, la bonne humeur autour de la table a éclipsé les mauvaises conditions météo à Wiltz, et la visite du Grand-Duc a ravi les spectateurs. Même si certains sont restés sur leur faim.

Entre 3 000 et 5 000 personnes étaient attendues à Wiltz, étape nordiste de la tournée festive du Grand-Duc, mais le mauvais temps a découragé le gros des troupes, et ce sont finalement près de 2 000 participants qui se sont retrouvés aux abords du château.

En début d’après-midi, la pluie s’arrête en même temps que le stress retombe pour Carole Weigel, écharpe tricolore sur la poitrine, à quelques minutes d’accueillir le Grand-Duc, la Grande-Duchesse et leurs enfants. «Ça, c’est bien le Luxembourg : à tout moment, la météo peut changer! On s’était préparés à tout, mais je suis contente de voir le soleil percer pile pour leur arrivée», souffle la bourgmestre.

L’abri dressé dans la Grand-Rue a tenu le coup face aux rafales. Photo : sip

Sur la plus grande table du pays, quelques gouttes poussées et le vent tombent sur les convives malgré le toit installé au-dessus de leur tête. Pas de quoi gâcher le repas d’Yves et ses deux fils. «C’était vraiment bien, on a mangé indien, portugais et des pommes de terre farcies et c’était très bon, on a juste raté le plat indonésien», raconte le père de famille.

Ce menu international, servi par les restaurants de l’artère principale, reflète le thème du jour : la diversité. Avec ce banquet, la commune a voulu mettre en avant sa culture de l’accueil, la convivialité et le vivre-ensemble. Dans les assiettes uniques, décorées par les enfants des maisons relais et les résidents de la maison de retraite Geenzebléi, le pari est réussi. Et autour de la table aussi, selon Yves : «C’était sympa, on se passait les plats avec nos voisins et on a discuté un peu».

Pommes de terre farcies, boulettes de viande, pois chiches massala ou encore bacalhau, il y en avait pour tous les goûts. Photo : morgan kervestin

«Quelque chose qui connecte les gens»

Sur le plan comptable, le bilan est moins probant puisque la moitié seulement des chaises sont occupées. Sur les trois services de la journée, environ 300 des 480 places ont été réservées. La faute de la pluie ou des 40 euros à débourser par adulte ? Les deux pour Stéphane : «Je trouvais cela trop cher et vu le temps, j’avais peur de manger dehors». Toujours est-il que les groupes présents, souvent des familles, restent à table discuter même le repas terminé, comme à la maison.

Cette bonne ambiance réjouit l’organisateur, l’ASBL Coopérations : «On voulait quelque chose de convivial qui connecte les gens. L’inclusion fait partie de notre ADN puisqu’une centaine de personnes avec handicap travaillent chez nous», souligne Philippe Schockweiler. Mission réussie, avec une énergie positive des commerçants, clubs et associations ces derniers mois. «Ce genre d’évènement rapproche les habitants, peu importe leur origine, et célèbre l’ouverture de notre pays», conclut-il.

«Nous avions entendu parler de cette table de convivialité et j’avais trouvé que c’était une très bonne idée, j’avais hâte de la voir», sourit Mireille, venue de Fischbach avec son mari Dan et leurs quatre enfants, la commune de résidence du nouveau Grand-Duc. «Guillaume habite au château depuis des années, c’est un voisin très jovial et proche des gens.»

Après quelques anecdotes sur leur voisin prestigieux, la famille découvre les plats qui se succèdent devant eux : boulettes, pois chiches massala, bacalhau et poulet rôti. De quoi rater le passage du Grand-Duc, attendu dans une trentaine de minutes ? «On le connaît bien, il va venir nous voir à table», rigole Dan.

Les conversations se poursuivent tandis que l’harmonie grand-ducale de Wiltz, mobilisée avec 40 musiciens pour ce grand jour, entonne un hit de Britney Spears. «Aujourd’hui, on joue surtout des trucs populaires pour animer la rue», confie le chef Tom Braquet. Une fierté pour cette fanfare, la plus ancienne du Luxembourg, particulièrement gâtée : «Nous avons rencontré le Grand-Duc Henri à notre fête du Genêt au printemps, et aujourd’hui, le Grand-Duc Guillaume. Cette année restera un bon souvenir!», sourit ce tubiste.

Aux portes du château, il est l’heure de prendre place dans l’amphithéâtre pour les 500 spectateurs. Vicky, Christian et leurs filles Shannen et Annabelle, coiffée d’une couronne de papier couverte de brillants, sont impatients d’apercevoir le couple grand-ducal. «On vient de Goesdorf et de Boulaide, on avait prévu depuis longtemps de venir pour le Trounwiessel. On a suivi les cérémonies d’hier à la télévision», raconte la maman, couverte d’une serviette floquée avec un Roude Léiw.

Surprise ! Les petits Princes avaient accompagné le couple grand-ducal pour cette étape dans le Nord. Photo : sip

La famille descend vers les gradins, alors que les invités, des élus et personnalités publiques de la région nord, empruntent un autre chemin et forment une haie d’honneur dans le parc en vue de l’arrivée imminente du cortège officiel. Certains ont préféré attendre dans le virage qui mène à l’entrée du château, en espérant voir le Grand-Duc de près.

Dans un silence presque religieux, la sirène des motards de la police retentit, puis une dizaine de berlines passent sans s’arrêter. «Il est où? Il est où?», s’interroge un enfant, excité. Comme lui, la foule attend encore la voiture du couple grand-ducal et quelques salutations par la fenêtre. Il n’en sera rien, puisque les agents de sécurité font comprendre que le Grand-Duc est déjà passé. «On aurait pu attendre des heures dans le froid, on n’aurait rien vu», peste un monsieur, déçu comme beaucoup.

«Très déçu, on était venus pour les voir»

Il est 14 h 30 lorsque le Grand-Duc, accompagné de la Grande-Duchesse et des petits Princes Charles et François, entre dans l’amphithéâtre sous les applaudissements, guidés par Mike McQuaide et Ni Xia Lian, parrain et marraine. Dans la foule, les visages affichent de larges sourires et les téléphones portables fleurissent au-dessus des têtes. Sur scène, le spectacle démarre avec une vidéo mettant en scène les habitants du Nord.

Naomi Ayé et Carmen Luisa ont interprété une sublime chanson d’amour. Photo : sip

Puis, le public assiste à une jolie scène de théâtre jouée par une troupe de l’ASBL Coopérations, incluant des comédiens handicapés, avant un concert du chœur des enfants Pueri Cantores, accompagnés à la harpe. Enfin, les voix puissantes de Carmen Luisa et Naomi Ayé se mêlent dans une prestation qui emporte l’assemblée. À leur sortie de scène, les deux sœurs réalisent à peine : «C’était incroyable de chanter nos propres chansons devant le Grand-Duc ! Il y avait toute notre famille aussi, ce moment restera gravé.»

Instant suspendu au son des voix du chœur Pueri Cantores. Photo : fabrizio pizzolante

15 h 25, il est déjà l’heure pour le monarque de reprendre la route, direction Dudelange. À la sortie, une foule attend à nouveau dans le même virage, mais le ballet de voitures repart comme il est arrivé. «Je suis très déçu, on était venus ici pour les voir», regrette Joey. «Au moins, tu m’auras vu moi», lui répond, hilare, son ami. Malgré un gros coup de vent en milieu d’après-midi, la fête s’est poursuivie jusque tard dans la soirée, avec la venue de la diva de la soul et habituée du festival de Wiltz, Selah Sue, aux côtés de Claire Parsons à l’amphithéâtre.

Les Princes François et Charles ont suivi tout le spectacle, applaudissant chaque prestation. Photo : fabrizio pizzolante