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«À l’école, il n’y a pas besoin d’avoir un portable»


La pétition visant l’interdiction du smartphone à l’école a été signée par 2 313 personnes en 15 jours. (Photo : pexels)

Inquiète des conséquences dommageables du portable à l’école, Cristina Matita, une mère de famille, a lancé une pétition publique afin que le ministère de l’Éducation nationale réglemente l’usage des écrans.

Et si l’interdiction du smartphone à l’école était une bonne chose? C’est en tout cas ce que souhaite Cristina Matita, qui a déposé une pétition publique à l’intitulé limpide : «Interdire l’utilisation des smartphones dans l’enceinte de l’école».

Ouverte aux signatures depuis le 25 juin, la pétition a été signée 2 313 fois à ce jour. Avec 27 jours restants et déjà 51 % des signatures requises afin que le sujet soit débattu à la Chambre des députés, la Luxembourgeoise a bon espoir d’être entendue. «J’espère que la pétition va arriver aux oreilles de plus en plus de personnes, car je suis persuadée que beaucoup sont concernés par le sujet», lance-t-elle.

«Les impacts se verront dans toute la société»

Manager dans une clinique dentaire, Cristina Matita n’a pas lancé cette pétition en lien avec son travail ou une association. C’est simplement en tant que mère de trois enfants, dont l’aîné, douze ans, lui a permis de constater l’utilisation des smartphones à l’école et dans les cours de récréation. Une présence qu’elle ne comprend pas, en raison des «impacts négatifs sur les résultats scolaires, la capacité d’attention et la santé mentale globale des élèves». «Ce n’est pas un constat qui ne concerne qu’une famille ou une école. Les impacts se verront dans toute la société et c’est pour cela que l’on doit réagir.»

La pétitionnaire se base notamment sur le rapport 2023 de l’Unesco sur l’éducation dans le monde (GLOBAL EDUCATION MONITORING REPORT) soutenant l’interdiction des smartphones et qui affirme qu’«il est avéré que les smartphones dans les écoles sont une source de distraction pour les élèves et pourtant moins d’un quart des pays y interdisent leur utilisation».

«L’interaction entre les élèves n’existe plus»

Cristina Matita estime que l’autorisation du portable, voire des tablettes, n’est pas justifiée. «Une fois qu’ils sont en secondaire, ils ont le droit d’avoir un téléphone, mais je trouve qu’il n’y a pas d’argument à cela. À part un téléphone à touches afin de dire que l’on est bien arrivé.» Sans tomber dans le «c’était mieux avant», elle a constaté que «dans les cours de récréation, l’interaction entre les élèves n’existe plus».

Les jeunes auraient les yeux rivés sur leur téléphone à jouer ou scroller. «Il n’y a plus d’activité physique et de communication sociale, c’est fini tout cela.» Dans la classe de son fils aîné, ce dernier et une autre élève sont les seuls à ne pas avoir de téléphone à douze ans. Forcément, la maman a conscience qu’il existe également «une pression sociale» autour de ceux qui sont encore déconnectés.

En plus d’être un lieu de socialisation, l’école est surtout un lieu d’apprentissage, et cette fonction est, elle aussi, perturbée par l’utilisation du téléphone entre les cours. «Les recherches montrent que cela prend du temps afin de reprendre son attention pour suivre un cours à 100 %. Il faut vraiment du temps avant que cela revienne et si on perd une dizaine de minutes sur un cours, c’est presque un quart du cours en moins.» Le rapport de l’Unesco met en garde contre un temps d’écran prolongé, qui peut avoir «un effet négatif sur le contrôle de soi et la stabilité émotionnelle, et ainsi favoriser l’anxiété et la dépression».

Éduquer : bien, mais pas suffisant

Tandis qu’au Luxembourg, chaque établissement est libre de fixer ses propres règles sur la présence des smartphones, certains pays ont pris des décisions fortes. C’est le cas de la Nouvelle-Zélande où, depuis le 1er mai, les écoliers doivent laisser leur téléphone éteint dans leur sac ou dans leur casier pendant les heures de cours. Cette mesure radicale est «une bonne solution» pour Christina Matita, qui réprouve même le fait pour un élève de garder son téléphone en veille dans la poche : «Rien que de savoir que le téléphone est là, c’est une distraction.»

Avant de lancer la pétition, la mère d’élèves a échangé avec des professeurs dont la plupart sont «contre le téléphone», «eux aussi ont besoin d’un contexte». Le but de son action est de conduire le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse à prendre une décision globale afin de guider tout le corps éducatif du pays. «Il faut un règlement qu’ils puissent appliquer, car parfois ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent, parce qu’il y a des conseils de parents qui ne sont pas d’accord.»

Bien que cela ne puisse pas remplacer le règlement attendu par les centaines de signataires, l’éducation numérique peut être un outil complémentaire : «C’est toujours bien d’être éduqué et de connaître le danger auquel nos enfants sont exposés». Pour autant, «cela reste à côté de la zone scolaire, car à l’école, il n’y a pas besoin de portable», martèle-t-elle.

Pétition n° 3176 sur petitiounen.lu.

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