Coach de retraite bénévole formée par le GERO, Centre de compétences gérontologiques, Jeanny Janssen-Bakx accompagne les futurs pensionnés à franchir ce cap souvent sous-estimé.
Comment êtes-vous devenue coach de retraite ?
Jeanny Janssen-Bakx : En 2022, je songeais à partir en retraite, trois ans plus tard, à l’âge de 60 ans. Je travaille comme infirmière psychiatrique au sein de la Ligue santé mentale, je suis habituée à être entourée de beaucoup de personnes et je me suis dit : « Ça va te manquer une fois que tu seras retraitée ». Je suis alors tombée sur l’annonce d’une formation organisée par le GERO pour devenir coach de retraite bénévole. C’est comme ça que je me suis inscrite et que je me suis retrouvée dans une chouette équipe. Ensuite, on a monté une conférence, puis un atelier. Aujourd’hui, on est trois à intervenir régulièrement.
Quel est l’objectif de ce coaching ?
On prépare les personnes aux changements que la retraite implique. Et ce n’est pas rien. Avant d’être pensionnés, la plupart des gens ont leur semaine rythmée par leur travail, leurs loisirs, du bénévolat ou leurs obligations familiales. Et tout ça est chamboulé d’un jour à l’autre parce que vous ne devez plus vous lever, vous ne devez plus aller au boulot, vous devez remplir tout ce temps avec autre chose.
Quelles sont les principales inquiétudes des personnes que vous rencontrez ?
Beaucoup se demandent ce qu’ils vont faire de leurs journées. Il y a la perte des contacts sociaux liés au travail, la peur de devenir inutile. Nous sommes une génération pour laquelle le travail est très structurant : compétence, expertise, statut… tout ça s’arrête d’un coup. Un sentiment de vide peut s’installer, des fragilités se réveiller. Il y a un deuil à faire.
Parlez-vous aussi de la place du couple dans cette nouvelle étape de la vie ?
La vie du couple change beaucoup. Les tâches étaient partagées d’une certaine façon et tout d’un coup, on a davantage de temps. Le couple doit réinventer son équilibre. Parfois, les attentes ne sont pas exprimées, les rôles sont flous, chacun a évolué différemment. C’est un moment d’ajustement et dans certains cas, un moment de crise.
Avec l’entrée en pension, la liberté revient
Tout le monde peut accéder à vos ateliers ou vous contacter individuellement ?
Oui. Nos conférences sont gratuites, souvent proposées par des employeurs, au sein d’une entreprise ou d’une administration. Après, certaines personnes demandent un petit coaching individuel. Ce n’est pas un suivi thérapeutique, seulement un temps d’écoute, d’échange, pour les rassurer. On ne donne pas de conseils financiers ni psychologiques. On est là pour partager des pistes, pas pour remplacer des professionnels.
Quels conseils pratiques donnez-vous aux futurs et nouveaux retraités ?
Quand ils sont à un ou deux ans de la retraite, ils peuvent assister à l’une de nos conférences ou encore rédiger une bucket list (NDLR : liste de choses à faire avant de mourir). Puis quand ils sont pensionnés, qu’ils prennent le temps de ne pas se laisser imposer un rythme ou des attentes par les autres. Ensuite, qu’ils restent curieux. Qu’ils repensent à ce qu’ils aimaient quand ils avaient 20 ans. Qu’ils osent tester de nouvelles choses, même si ça ne fonctionne pas. Comme le dit l’un de nos coachs : « Quand était-ce la dernière fois que vous avez fait quelque chose pour la première fois? »
Et sur le plan familial ?
Beaucoup de personnes retraitées se retrouvent dans ce qu’on appelle la génération « sandwich“ : elles doivent s’occuper de leurs parents âgés, mais aussi de leurs petits-enfants. Or ce n’est pas parce qu’on est à la retraite qu’on est automatiquement disponibles pour tout. Il faut réfléchir à ce qu’on veut vraiment donner et poser des limites.
Que diriez-vous à un jeune retraité qui se sent un peu perdu ?
De venir parler avec nous librement. Certes, on ne réinvente pas la roue, on raconte des choses connues, mais les réentendre peut parfois servir de déclencheur. Et je lui dirais d’éveiller sa curiosité, parce qu’il y a plein de choses à faire un peu partout. Et c’est toujours une très bonne idée de repenser à ce qu’on avait envie quand on était jeune et qu’on a abandonné pour assumer nos obligations. Avec l’entrée en pension, la liberté revient et il faut se donner les moyens aussi d’oser reprendre les défis et faire des nouvelles choses. Il faut avoir des projets, une flexibilité de réagir, le courage d’oser.
Et si un néoretraité n’a encore aucun projet ?
C’est OK. On peut très bien commencer sa retraite sans plan précis. Ce n’est pas à 61 ans qu’on va changer complètement sa personnalité, c’est important aussi de se faire confiance. L’important, c’est d’écouter ce qu’on ressent. Il y a un proverbe qui dit que la vie est ce qui se passe entre nos projets. Je pense que ça vaut aussi pour la retraite.
Le GERO recherche actuellement d’autres coachs de pension. Une réunion d’information est prévue le 2 juillet de 16 h à 17 h (1, Dernier Sol à Luxembourg). Toutes les infos sur gero.lu, rubrique agenda sous l’onglet geroaktiv.