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À la frontière : prêts à tout pour de l’alcool et des cigarettes


La camionnette a foncé délibérément sur la voiture des gendarmes. 

Deux ressortissants sri-lankais qui avaient acheté cigarettes et alcool au Grand-Duché ont percuté une voiture de gendarmes pour se soustraire à un contrôle. Ils viennent d’être jugés.

À la barre du tribunal judiciaire de Val de Briey, deux ressortissants sri-lankais jouent en préambule avec les nerfs des magistrats. L’un d’eux, âgé d’une cinquantaine d’années, installé en région parisienne depuis dix-huit ans, dit ne pas très bien comprendre le français et encore moins l’interprète censée traduire l’audience. Il enfonce le clou lorsque la présidente évoque le chef de prévention pour lequel il est poursuivi, à savoir des violences avec arme sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

Après de longues minutes durant lesquelles il explique qu’il parle un dialecte propre à sa région natale, à la grande surprise de la salle, son avocat, Me Romain Genoux, lui porte l’estocade : «Depuis le début de l’affaire et en garde à vue, le fait d’être poursuivi pour violences avec arme lui pose problème».

Les magistrats exaspérés optent alors pour une explication plus pédagogique et le cours des débats peu reprendre. En clair, avoir foncé délibérément avec sa camionnette sur la voiture des gendarmes pour permettre à son complice de poursuivre sa route avec son chargement d’alcool et de cigarettes.

Tout dérape, la frontière franchie

Tout est parti d’un simple contrôle routier effectué dans la nuit de samedi à dimanche par les militaires du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de Val de Briey. Vers Audun-le-Roman, ils remarquent un utilitaire immatriculé en région parisienne circulant à vive allure.

Par expérience, ils savent que l’axe emprunté par l’utilitaire est fréquenté par les trafiquants d’alcool et de cigarettes qui se ravitaillent au Luxembourg. Les gendarmes décident alors d’intercepter le fourgon, à coups de deux-tons et de gyrophare. Mais le conducteur accélère, zigzague sur la chaussée pour essayer de leur échapper.

Les forces de l’ordre maintiennent une distance de sécurité pour éviter toute collision, quand, soudain, une camionnette similaire à celle qu’ils pistent arrive en sens inverse et les percute de plein fouet. La collision est violente, les trois sous-officiers sont blessés. Leur agresseur également. Les deux voitures sont réduites à l’état d’épave.

Un important dispositif de secours est mobilisé, ainsi que des renforts des autorités qui retrouvent le premier utilitaire qu’ils pistaient, garé un peu plus loin sur le bord de la chaussée, sans chauffeur à bord. Ce dernier sera retrouvé près de l’église de Fléville-Lixières quelques minutes plus tard, grâce au concours de la brigade cynophile.

Sur les faits, les deux prévenus sont peu loquaces. Ils avouent ne pas avoir compris qu’ils étaient pourchassés par les forces de l’ordre. Aucun ne se souvient des lumières bleues émises par les gyrophares en pleine nuit. Ils jurent ne pas se connaître et que toute cette affaire n’est que le fruit du hasard.

Qu’à aucun moment, ils n’ont tenté de s’en prendre à quiconque, laissant même sous-entendre que l’accident a été causé par les gendarmes. Les arguments ont eu le don de faire sortir de ses gonds la procureure Eurydice Lorent. À l’égard de Kajendren Shanmuganathan, l’auteur de la collision, elle requiert quatre ans de prison ferme. Et six mois, dont trois fermes, pour le convoyeur des produits de contrebande. « Risquer sa vie et celle des autres pour de l’alcool et des cigarettes ! », soupire-t-elle.

En défense, Me Romain Genoux tente d’expliquer à la juridiction que l’intention de ses clients n’était pas de mettre en danger la vie d’autrui, mais de transporter à bon port la marchandise acquise au Luxembourg. Le livreur a été condamné à seize mois de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende douanière. L’agresseur des gendarmes à trois ans de prison ferme avec maintien en détention.

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