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À Junglinster, les jeunes Ukrainiens ont repris le chemin de l’école


Alors en plein cours de maths, les élèves ukrainiens ont vu arriver Claude Meisch, le ministre de l’Éducation nationale, qui a pu découvrir comment ils s’intégraient au système scolaire luxembourgeois.

Depuis le mois d’avril, des écoles comme le Lënster Lycée International School accueillent des élèves ukrainiens qui tentent de s’intégrer et de retrouver un semblant de vie normale.

Ce mardi matin, dans la classe de François Colin, c’est géométrie. Les yeux rivés sur leurs ordinateurs, les élèves planchent sur leurs exercices grâce au logiciel GeoGebra. Mais si ce cours de maths ressemble à n’importe quel autre au sein du Lënster Lycée International School, il a pourtant une particularité : tous les élèves sont de jeunes Ukrainiens venus se réfugier au Luxembourg.

Solya, 15 ans, est par exemple arrivée de Kiev il y a trois mois. Le cours de maths ne semble pas lui poser trop de difficultés. «Mais j’ai tout de même quelques problèmes parfois», reconnaît la jeune fille. Elle peut heureusement compter sur François Colin, qui passe dans les rangs pour remettre sur la bonne voie ceux qui se sont perdus dans leurs équations. «Certains ont plus de difficultés, explique-t-il. Ils ont des niveaux différents, alors j’utilise ce logiciel parce qu’il permet de résoudre les problèmes de plusieurs manières.» Andrew semble particulièrement à l’aise et explique sans souci à Claude Meisch, dans un anglais parfait, ce qu’il est en train de faire. Ce jour-là, la classe reçoit en effet la visite du ministre de l’Éducation nationale, venu constater l’intégration de ces jeunes Ukrainiens dans le système scolaire luxembourgeois.

Les cours permettent aux élèves de se maintenir au niveau tout en les aidant à s’intégrer grâce à des enseignements renforcés en langues et sur la culture luxembourgeoise.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Grand-Duché a accueilli 1 273 élèves dans ses établissements. Une offre spéciale a été mise en place avec les écoles internationales publiques. Grâce à leur offre linguistique, ces dernières ont permis la création de classes anglophones adaptées. Le choix s’est rapidement porté sur l’anglais, car les élèves ukrainiens l’apprennent dès leur troisième année d’études.

Des classes d’accueil pour 812 élèves

À ce jour, 812 élèves ukrainiens sont scolarisés, dont environ 150 au Lënster Lycée International School. Ces sections doivent leur permettre d’intégrer par la suite une classe internationale régulière ou alors, si leur niveau le permet, une classe nationale. «Elles leur permettent d’améliorer leur niveau d’anglais et d’apprendre une seconde langue comme le français ou l’allemand», précise Sophie Bourhis, coordinatrice de ces enseignements adaptés. «On met plutôt l’accent sur le français, car c’est la langue qui leur sera le plus utile dans le monde professionnel.» Les étudiants reçoivent également des cours sur la culture, l’histoire ou la géographie du Grand-Duché.

Un étage plus bas, de jeunes élèves sont par exemple en plein cours sur la fête nationale luxembourgeoise, qu’ils pourront découvrir la semaine prochaine. De quoi offrir quelques repères à des jeunes qui ont dû quitter leur vie parfois du jour au lendemain, comme Daniela. «Je suis venue avec ma mère et ma petite sœur, raconte-t-elle. Mon père et certains de mes amis sont toujours là-bas, j’arrive un peu à communiquer avec eux, mais c’est difficile.»

Comme de nombreux autres élèves, elle peut compter sur Milena, une assistante pédagogique qui a également fui la guerre. Elle-même professeure de sport, elle fait le lien entre élèves et enseignants. «Nous devons aussi intégrer ces professeurs, souligne Sophie Bourhis. «Nous leur expliquons comment fonctionne l’éducation au Luxembourg. Ce sont parfois des choses très simples, très pratiques.»

461 enfants à l’école fondamentale

Mais il n’y a pas que le secondaire qui est concerné par l’arrivée de réfugiés. Les écoles fondamentales du Grand-Duché accueillent quant à elles 461 élèves. Ces derniers suivent des cours d’accueil en français ou en allemand. Le but est là aussi de les intégrer au mieux au système scolaire luxembourgeois.

Dans les écoles fondamentales comme celles de Junglinster, les élèves ukrainiens suivent des cours d’accueil en français ou en allemand.

Une réflexion qui devra être menée sur le long terme. La guerre en Ukraine risque de s’éterniser et ces jeunes seront certainement toujours présents à la rentrée prochaine. Ces effectifs supplémentaires, il va falloir les prendre en compte. «Nous allons évaluer leur niveau, indique Sophie Bourhis. L’idéal, ce serait qu’ils refassent une année en classe d’accueil pour vraiment leur donner une langue forte. La langue, c’est leur porte d’entrée.»

En attendant, ils pourront profiter des activités périscolaires durant les vacances. Les écoles, le Service de la scolarisation des enfants étrangers ou encore les maisons des jeunes les accueilleront en effet durant tout l’été. Une autre manière de s’intégrer et d’oublier ces derniers mois éprouvants.

Un accompagnement vers les études supérieures

Si l’accent a été mis sur l’intégration en école fondamentale et dans le secondaire, le Luxembourg a aussi prévu un accompagnement pour la suite des études. Pour les élèves justifiant d’un niveau de 11e de l’école ukrainienne (l’équivalent de la dernière année de secondaire au Luxembourg), un test sera mis en ligne au mois d’août ou de septembre par le ministère ukrainien de l’Éducation. Celui-ci leur permettra de valider leurs connaissances et d’accéder aux études universitaires du pays. Au Grand-Duché, c’est le ministère de l’Éducation nationale luxembourgeois qui assurera la logistique et les préparatifs du test. Il s’occupera également de son organisation le jour J dans les locaux du lycée Michel-Lucius (mise à disposition de salles, d’ordinateurs, de surveillants…). Le test portera sur la langue ukrainienne, les mathématiques et l’histoire du pays.

Pour les jeunes qui ont terminé leur lycée en Ukraine, des solutions existent également. Ils peuvent en effet préparer un diplôme d’accès aux études supérieures (DAES) en anglais à l’École nationale pour adultes. Ils sont 49 élèves ukrainiens inscrits actuellement. Une fois ce diplôme en poche, ils pourront ensuite accéder à l’ensemble des études supérieures, et ce, sur l’ensemble du territoire européen.

Les étudiants ukrainiens inscrits à l’université du Luxembourg auront quant à eux accès à des cours renforcés et intensifs d’anglais et de français. De quoi les aider à repartir sur de bonnes bases lors de la future rentrée universitaire et de reprendre plus facilement leur vie là où elle s’est arrêtée.